eSailingChampionship

L’eSailing prend encore du galon

Après une première en 2018 à laquelle ont participé 169 000 joueurs à travers le monde et a couronné un FrançaisWorld Sailing a lancé fin janvier la deuxième édition du eSailing World Championship. La fédération internationale, décidée à promouvoir la pratique, a par ailleurs reçu un soutien de taille fin février, puisque le COJO, comité d’organisation des Jeux de Paris 2024, a annoncé qu’une compétition d’eSailing aurait lieu en parallèle de la nouvelle épreuve olympique de course au large.

L’histoire retiendra que le premier champion du monde de l’histoire de l’eSailing était français. En l’occurrence un Breton, Elouan Le Coqsacré en octobre dernier au terme de la finale disputée en marge de la conférence annuelle de World Sailing à Sarasota. Cette première édition, lancée par la fédération internationale de voile avec Virtual Regatta, la société française qui développe et commercialise les jeux du même nom, aura réuni en tout 169 182 joueurs distincts issus de 74 pays, la France arrivant nettement en tête avec 27,59% des joueurs, devant l’Italie (11,46%), les Etats-Unis (6,95%), l’Espagne (6,11%), la Grande-Bretagne (4,34%) et d’autres.

“Le championnat du monde d’eSailing 2018 a été une entreprise courageuse pour World Sailing, nous avons pour mission de développer notre sport sous toutes ces formes et le fait d’avoir atteint 169 000 personnes est la preuve que cette première année a été un très grand succèss’est réjoui fin janvier le CEO de la fédération internationale de voile, Andy Hunt. Avant d’ajouter : “C’est important maintenant de construire sur cette réussite et de continuer à attirer des marins et des non-marins. L’objectif via ce jeu est de permettre à nos membres [les fédérations nationales, NDLR] d’augmenter la pratique de notre sport.” Président de la FFVoileNicolas Hénard, joint jeudi par Tip & Shaft, abonde : “Ils n’ont pas raté le coche de l’eSport à World Sailing, ils ont été en pointe pour déployer cette pratique au niveau mondial. Ce championnat du monde était une belle initiative, en plus, c’est un Français qui a gagné !”

Fort de ce succès, World Sailing a dévoilé fin janvier les contours de la deuxième édition du Championnat du monde, dont la finale aura lieu de nouveau pendant sa conférence annuelle, en fin d’année aux Bermudes. L’ex Isaf a également annoncé la création de championnats nationaux, toujours en partenariat avec Virtual Regatta, dont celui de Grande-Bretagne, officiellement lancéla semaine dernière par la RYA, la fédération britannique de voile. Et la France ? “Nous sommes en discussion avec Virtual Regatta pour lancer dès cette année le premier Championnat de France d’eSailing, c’est important que la France joue le jeu pour aider World Sailing à faire bouger la pratique sportive et la rendre plus en phase avec notre époque”, explique Nicolas Hénard. L’Allemagne, le Brésil, le Danemark et d’autres devraient suivre.

Ce qui ne peut que réjouir Philippe Guigné, patron de Virtual Regatta, dont l’objectif est d’attirer toujours plus de joueurs sur ce championnat du monde – la société attribue pour la première fois un prize-money de 10 000 dollars sur l’édition 2019 – et donc sur son jeu inshore, dont la nouvelle version a été lancée l’an dernier. “En 2018, nous avons eu 250 000 joueurs distincts sur le jeu qui, pour l’instant est déficitaire car il n’y a pas assez de joueurs payants, ce qui est normal pour un produit en phase d’installation. Le modèle économique d’un éditeur de jeux « free to play » comme nous est de proposer des jeux en accès gratuit, en espérant que l’utilisateur y prenne goût et qu’il souscrive ensuite aux options ou aux abonnements”. Le seuil de rentabilité ? “On a coutume de dire qu’un jeu « free to play », n’est pas viable en-dessous de 2% de joueurs qui paient, à 5% tu es dans les très bons, à 10% tu es un king, répond Philippe Guigné.

Le jeu offshore développé par Virtual Regatta, comme celui de la Route du Rhum, qui a réuni sur la dernière édition 280 000 joueurs distincts, a pour l’instant plus la cote que l’inshore – Philippe Guigné évoque un pourcentage de joueurs payants “entre 5 et 10%” pour ce blockbuster. Mais l’ancien spécialiste du JOD35 entend bien “trouver le modèle économique” pour faire également de son produit inshore un jeu rentable.

Cela tombe bien pour lui : le 21 février, le COJO, comité d’organisation des Jeux de Paris 2024, a, en même temps qu’il dévoilait les quatre nouvelles disciplines au programme (breakdance, escalade, surf et skate), annoncé le lancement d’une épreuve d’eSailing ouverte à tous, qui se calquera sur la nouvelle épreuve de course au large mixte, introduite au programme olympique dans cinq ans. “Cette annonce est géniale pour nous, puisque c’est l’opportunité d’être associé au plus grand événement sportif de la planète”, se réjouit Philippe Guigné.

Ce dernier doit rencontrer dans les prochaines semaines Tony Estanguet, patron du COJO, et son équipe, pour commencer à travailler sur le projet, officiellement présenté ainsi : Paris 2024 souhaite enrichir et prolonger la proposition de la Fédération Internationale de voile, World Sailing, d’intégrer la course au large au programme des Jeux de Paris 2024 (…). Cette nouvelle discipline, si elle reçoit l’aval du CIO, bénéficiera d’une exposition unique auprès des spectateurs sur site, auprès des téléspectateurs dans le monde entier, mais également auprès des amateurs de voile. Ces derniers pourraient être invités, pour la première fois dans l’histoire des Jeux, grâce au e-sailing, à se mesurer virtuellement aux meilleurs, en temps réel et sur le même parcours que les athlètes olympiques”, indique le dossier de presse du COJO, qui précise cependant que “l’épreuve de e-sailing ne fera pas partie du programme olympique”, ce qui signifie qu’elle ne délivrera pas de médailles officielles.

“Il y aura une médaille d’or virtuelle”, sourit Nicolas Hénard qui conclut : “Je suis ravi que l’unique épreuve évoquée pour du eSport aux Jeux de Paris soit une épreuve d’eSailing, c’est une reconnaissance pour notre sport et une récompense des initiatives de la fédération et de World Sailing”.

 

Crédit photo : Evan Smith/World Sailing

Tip & Shaft est le média
expert de la voile de compétition

Course au large

Tip & Shaft décrypte la voile de compétition chaque vendredi, par email :

  • Des articles de fond et des enquêtes exclusives
  • Des interviews en profondeur
  • La rubrique Mercato : l’actu business de la semaine
  • Les résultats complets des courses
  • Des liens vers les meilleurs articles de la presse française et étrangère
* champs obligatoires


🇬🇧 Want to join the international version? Click here 🇬🇧