Pourquoi l’Imoca s’est prononcée contre la compatibilité Volvo

L’info est sortie de manière un peu impromptue voilà deux semaines, mais elle n’a pas manqué faire réagir : en marge du Défi Azimut, au cours d’une table ronde consacrée à l’innovation dans la classe Imoca, Antoine Mermod, président de l’association depuis cette année, a annoncé que l’Imoca s’était prononcée contre la compatibilité entre le futur Super60 de la Volvo Ocean Race et la jauge Imoca. Lors de cette même table ronde, Hervé Penfornis, membre de l’équipe de Guillaume Verdier en charge du design du projet VOR, a confirmé très clairement qu’ils dessinaient avant tout un Imoca….

Pour mémoire, le futur monotype de la Volvo Ocean Race devait – moyennant un changement d’appendices et de gréement – pouvoir participer aux courses du circuit Imoca. Une idée portée par Mark Turner, le patron – désormais démissionnaire – de la VOR, et officiellement présentée mi-mai à Göteborg. Objectif : rapprocher les deux mondes – celui, anglo-saxon, de l’équipage, et celui, français, du solitaire – et, surtout, optimiser l’amortissement des bateaux pour séduire équipes et sponsors.

Pourquoi une telle position de l’Imoca ? Nous avons posé la question à Antoine Mermod, qui nous a d’abord confirmé que l’Imoca avait été saisie d’une demande d’adhésion de la Volvo Ocean Race et d’une question à propos de “la possibilité pour des 60 pieds non-Imoca de devenir Imoca”. “Le conseil d’administration s’est réuni le 11 septembre et a répondu négativement à ces deux propositions à l’unanimité des présents“, précise le président, soit 7 voix contre sur les 8 membres du CA.

Outre le fait que seules deux courses sont membres de l’Imoca – le Vendée Globe et la Barcelona World Race, principaux financeurs de la classe – le raisonnement de l’association pour repousser les avances de la Volvo Ocean Race est relativement simple. “Notre but est d’essayer de garder l’équilibre économique de notre écosystème : les teams sont propriétaires de leurs bateaux, avec des durées d’amortissement assez longues, et l’arrivée potentielle de huit Volvo 60 pourraient déstabiliser notre marché“, résume Antoine Mermod. Une sorte de protectionnisme, tout à fait assumé : “Toutes les classes protègent leurs bateaux, répond le président de l’Imoca. Nous sommes une classe de propriétaires et nos bateaux sont nos actifs ; c’est un fait pas une opinion.”

Le second argument avancé par l’Imoca est son souhait de valoriser les courses entre deux Vendée Globe, la prochaine édition en 2020 affichant déjà quasi-complet. “Nous ne souhaitons pas et nous n’avons pas intérêt à faciliter les projets one-shot et les effets d’aubaine“, souligne Antoine Mermod.

Reste qu’avec la démission de Mark Turner ce débat technique perd en intensité. La “versatilité” du Super60 n’étant clairement pas une priorité pour le “board” de la Volvo Ocean Race, qui doit d’abord décider de la date de la prochaine édition, et ensuite de l’avenir du Super60… tout en recrutant un nouveau CEO. Du côté d’Alicante, on confirme que la compatibilité Imoca du futur monotype n’a jamais été un enjeu central, plutôt une opportunité à explorer. Une opportunité qui intéressait, selon nos informations, plusieurs équipes.


Depuis l’élection un peu agitée de nouveaux administrateurs lors de l’AG de l’Imoca d’avril dernier, trois postes restaient vacants après la démission de Vincent Riou, Jean Le Cam et Luc Talbourdet. Ce sont Louis Burton, Isabelle Joschke et Charles Euverte qui ont été cooptés pour cette année.

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