Mathieu Sarrot : “La Route du Rhum, le rendez-vous sportif de fin 2018”

L’année 2018 sera particulièrement riche pour OC Sport Pen Duick qui organisera trois courses majeures, la Transat AG2R La Mondiale, la Solitaire URGO Le Figaro et la Route du Rhum-Destination Guadeloupe. L’occasion pour Tip & Shaft de s’entretenir avec le Directeur des Evénéments Offshore d’OC Sport, Mathieu Sarrot.

Dans moins d’un an sera donné le départ de la Route du Rhum-Destination Guadeloupe qui fêtera ses 40 ans, assistera-t-on à la plus grosse édition jamais organisée ?
C’est en tout cas l’objectif que nous nous sommes fixé, avec de grosses attentes partout : sur le nombre de bateaux, sur la pression médiatique de la course… Cela va être le rendez-vous sportif de la fin de l’année 2018, pas uniquement vélique.

La Route du Rhum reste-t-elle une course sans limite ?
Sans limite, oui, parce qu’on a rouvert cette possibilité il y a quelques années. Il faut se souvenir qu’en 2008, quand on a pris la décision de rouvrir la course aux Ultimes pour l’édition 2010, alors qu’il n’y avait à l’époque que deux bateaux, Idec et Sodebo, c’était un pari risqué. Certains nous disaient que les marins n’avaient plus envie de faire du grand multicoque en solitaire. Il y avait eu le traumatisme de 2002, la fin du cycle Orma en 2006, la naissance d’une nouvelle classe, les MOD70, faite pour l’équipage… Il se trouve que ça s’est révélé hyper positif pour la course, parce qu’aujourd’hui, il y a une vraie dynamique de ce côté-là.

Sans limite, mais vous limitez le nombre d’inscrits à 100, pourquoi ?
100 bateaux, cela fait beaucoup de monde à surveiller. Il faut avoir à l’esprit que quand le premier arrive aux Antilles, le dernier est encore dans le Golfe de Gascogne. Il y a aussi un aspect lié aux capacités portuaires, nous avons reçu cette semaine les premières simulations de sas à Saint-Malo, c’est déjà chaud ! Lorsque nous avons pris cette décision il y a six mois, c’était une projection en fonction d’une photographie des classes, je sais par exemple qu’à la Class40 [limitée à 40 bateaux, NDLR], ils nous disent que nous pourrions être plus généreux. Nous nous sommes donné jusqu’au 31 mars pour éventuellement revoir les curseurs dans chaque catégorie.

L’arrivée de nouveaux Ultimes plus larges nécessite-t-elle d’importantes modifications portuaires à Saint-Malo ?
Oui. Nous avons travaillé plusieurs scénarii. Le premier, qui a été retenu et a été présenté aux teams Ultimes le 19 juillet dernier, est de faire rentrer les bateaux qui le peuvent, Prince de Bretagne et Actual, et de positionner les autres bateaux dans l’avant-port : deux à la gare maritime de la Bourse, trois ou quatre embossés devant la gare maritime. C’est important qu’ils puissent être visibles du public, mais également accessibles pour les teams, ce qui nécessitera de mettre en place des pontons réservés et un brise-clapot devant pour parer la houle en cas de vent de sud-ouest. Après, il faut aussi penser à un plan B et à un plan C en fonction des conditions météo.

Sur quel budget tablez-vous ?
Nous avons toujours communiqué sur des budgets allant de 6 à 8 millions d’euros. Aujourd’hui, on ne les atteint pas, mais on travaille pour.

Transat AG2R La Mondiale, Solitaire URGO Le Figaro, Route du Rhum, comment vous structurez-vous pour faire face à ces trois courses en 2018 ?
Nous avons recruté quatre personnes en plus par rapport au staff classique d’OC Sport. Nous essayons également d’anticiper en discutant plus tôt avec les gens extérieurs qui collaborent avec nous. Pour ce qui est du Rhum, nous travaillons de manière bicéphale avec Hervé Favre : lui va gérer le côté sportif avec Jacques Caraës (directeur de course) et Claire Renou, avec en plus une partie du suivi budgétaire, tandis que j’engloberai la partie événementielle, partenaires institutionnels et village. Sur la Solitaire, je reste Directeur de l’Evénement en m’appuyant sur Marine Derrien sur toute la partie opérationnelle, et sur l’AG2R, je reste en tête de pont.

Lors des deux dernières éditions, la Transat AG2R La Mondiale affichait un plateau de seulement 15 bateaux, comptez-vous la relancer en 2018 ?
Je n’aime pas trop le mot relancer, parce que quand on parle de 15 bateaux, on parle de 30 skippers, ce n’est pas rien. Après, c’est vrai que nous avons un peu souffert la dernière fois, mais nous avions un peu créé notre propre concurrence en mettant les deux épreuves majeures du calendrier Figaro à la suite. Du coup, nous avons travaillé étroitement avec la classe Figaro pour faire un lobbying auprès de la Fédération Française de Voile, afin que le Championnat de France en solitaire devienne le Championnat de France Elite Course au large, ce qui permet de valoriser les courses en solitaire et en double. En 2018, la Transat AG2R Mondiale fait partie du Championnat dont elle sera la deuxième course la plus importante du calendrier avec un coefficient 4, derrière la Solitaire (coefficient 6), c’est très important. A côté de ça, à titre expérimental, nous avons décidé de tester la Solitaire vers la fin août. Nous nous sommes dit que quitte à changer la date, pourquoi ne pas tester cette période en vue de 2020, où il y aura les JO de Tokyo (24 juillet-9 août). En espaçant les deux courses, nous nous donnons la possibilité de faire venir plus plus de marins sur la Transat AG2R. L’objectif affiché avec nos partenaires, par rapport aux 15 bateaux en 2014 et 2016, c’est d’avoir a minima 20 bateaux sur la ligne.

Le changement de date de la Solitaire en 2018 (26 août-16 septembre) n’est-il lié qu’à cette problématique ?
Non, il y a également des raisons de calendrier sportif : quand on voit que Christian Prudhomme, le patron du Tour de France cycliste, l’a décalé d’une semaine à cause du Mondial de foot, on se dit qu’on n’a pas intérêt à exposer la Solitaire à la concurrence de la Coupe du monde de foot en Russie. Le but du jeu, c’est quand même le rayonnement médiatique de la course. C’est donc aussi pour ça que nous glisserons sur le mois d’août, mais je répète que c’est expérimental et je pense qu’une année sans élections ni événements majeurs type Coupe du monde de foot, le mois de juin reste très intéressant en termes d’activation et de suivi médiatique.

Ce changement de dates a posé des problèmes à Deauville qui devait accueillir le départ de cette édition 2018, aura-t-il lieu là-bas ?
Non, Deauville est une ville avec une forte activité touristique et événementielle, le maire Philippe Augier nous a dit que le changement de date ne leur convenait pas, nous restons cependant en très bons contacts. Pour connaître la ville de départ, je vous invite à être patients et attendre le 1er décembre à 17h30…

Quid du reste du parcours ? Conservez-vous la formule sprint sur une étape ?
Pour l’instant, nous avons annoncé deux villes : Saint-Brieuc, qui sera l’arrivée de la première étape, et Saint-Gilles-Croix-de-Vie. Le maire de Saint-Gilles a su nous convaincre de voir le Figaro 2, bateau fiable, pensé et construit en 2003 à Saint-Gilles-Croix-de-Vie, y terminer sa première vie professionnelle, ce sera donc l’arrivée de la dernière étape. Il y aura en plus une escale à l’étranger, cela fait partie de l’ADN de la course. Quant au format sprint, nous sommes en discussion avec les marins.

La ville de Bordeaux accueillera-t-elle l’édition du cinquantenaire en 2019 ?
Nous avions un contrat de trois éditions, nous sommes arrivés au bout. La ville de Bordeaux nous a signifié son intérêt pour ce qui sera une énorme édition, avec l’arrivée du nouveau bateau et la 50e édition de La Solitaire, aucun accord n’est signé, mais il y a une volonté.

OC Sport Pen Duick gagne-t-il de l’argent avec ces trois courses ?
Aujourd’hui, la Solitaire n’est pas encore à l’équilibre, mais le déficit a été considérablement réduit, la Transat AG2R La Mondiale l’est tout juste et pour la Route du Rhum, il est trop tôt pour le dire.

L’année 2019 sera dominée par la course autour du monde en solitaire en Ultime au départ de Brest, dont l’organisation reste assez floue aujourd’hui, OC Sport Pen Duick ne peut pas être insensible à un tel événement…
C’est vrai que nous avons rêvé de cette course, nous l’avions même annoncée début 2008 à l’arrivée du tour du monde de Francis Joyon [Le projet de Brest Ultime Challenge n’a finalement pas vu le jour, NDLR]. Quand, en 2009 dans l’avis de course de la Route du Rhum, on a créé la catégorie Ultime, ce n’était pas innocent, c’était aussi pour créer un élan. Il y a une vraie envie, il faut que cette course existe, après, qui en sera aux commandes ? Je ne peux pas vous le dire, c’est un montage complexe.

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