Quentin Delapierre : “Une seule chose en tête, le doublé”

Vainqueur du Tour de France l’an dernier, Team Lorina Limonade – Golfe du Morbihan se présente au départ de l’édition 2017, vendredi prochain à Dunkerque, dans la peau du grand favori. Quentin Delapierre, co-skipper avec Matthieu Salomon, évoque les ambitions d’une équipe qui rêve d’autres horizons.

Considérez-vous que vous êtes en position de force au moment de défendre votre titre ?
Ce serait mentir de dire que nous n’avons pas l’impression d’avoir bien fait les choses, avec un super début de saison, hormis une boulette à Pornichet qui nous a permis de bien nous remettre en question. Nous avons la sensation de dominer les débats, mais nous avons la tête sur les épaules et les pieds qui touchent bien terre, parce que nous avons conscience que le niveau augmente, d’autant que nous sommes pas mal copiés.

En quoi êtes-vous copiés ?
Quand tu es leader, tu es forcément copié. De nouvelles équipes sont arrivées avec des moyens et de très bonnes individualités, elles viennent voir ce qui se fait pour s’en inspirer. C’est un tout : à terre, on constate des fonctionnements assez similaires aux nôtres, avec le même nombre de camions, des remorques identiques, des préparateurs physiques… Il faut l’accepter, parce que c’est ce qui permet de monter le niveau et fait qu’aujourd’hui on a une épreuve super intéressante sportivement. C’est l’occasion de nous remettre en question pour aller plus loin.

Qui peut vous menacer ?
Le niveau des dix premiers est bien plus dense que l’an dernier, avec un groupe de cinq-six bateaux qui peuvent prétendre à la victoire, dont Oman Sail, SFS Voile, Beijaflore, Trésors de Tahiti qui a réussi à débaucher au dernier moment Quentin Ponroy. Et je n’oublie pas notre deuxième équipe, Team Lorina Mojito : ce n’est pas impossible qu’ils soient tout proches, voire devant nous à certains moments.

Sur ce Tour, c’est la victoire et rien d’autre ?
Oui, c’est vraiment ce qui nous a motivés pour revenir. Depuis janvier dernier, nous n’avons qu’une chose en tête : faire le doublé. Si nous finissons deuxièmes ou troisièmes, ça restera une belle perf, mais nous serons très déçus.

Vous avez remporté la Match Cup Croatia fin mai pour votre première participation à une épreuve qualificative pour le World Match Racing Tour (WMRT), comment cela s’est-il passé ?
On s’est battus pendant six mois pour une invitation et Lorina et Vannes Agglomération nous ont donné leur accord pour y aller. Ce qui n’était pas évident pour eux parce que ça nous faisait rater le Championnat de France [Le Grand Prix de l’Ecole Navale, NDLR] qui était important dans leur plan com’. Quand on a reçu la liste des inscrits, on s’est dit que ça sentait la déculottée avec Fantela, champion olympique de 470 de Rio, Postma, à deux doigts de gagner les JO à Londres en Finn, plus quatre-cinq équipages qui atteignent souvent des quarts, voire des demi-finales, sur le World Tour. Mais dès les entraînements, on s’est bien sentis en manœuvre et tout s’est super bien goupillé, même si c’était quand même une énorme surprise de gagner. En plus, cette victoire nous qualifie pour l’étape américaine du World Tour, fin août.

Cette participation au WMRT vous donne-t-elle des envies pour l’année prochaine ?
C’est clair que l’an prochain, si nous ne refaisons que du Diam, nous aurons du mal à garder la même motivation. Nous espérons un déclic chez Lorina pour aller voir d’autres horizons. Le rêve pour nous, ce serait un projet global qui inclurait du GC32 en objectif principal, du M32, le Tour de France à la voile avec une ou deux épreuves d’avant-saison en Diam 24, plus un ou deux projets olympiques pour certains membres de l’équipe avec un objectif de médaille à Tokyo. Tout le monde peut s’y retrouver : les partenaires parce qu’on serait présents sur plusieurs circuits, nous sportivement parce qu’on élèverait notre niveau de jeu.

Quel budget cela nécessiterait-il ?
C’est un projet pas du tout utopique : je pense que nous bouclons tout avec 600 000 euros [contre environ la moitié aujourd’hui, NDLR] sachant que nous ne ferions pas forcément une saison complète en GC32 et en M32. L’idée, cependant, est que, quel que soit le circuit, nous y allions dans un objectif de performance.
Un seul changement a été effectué au sein de l’équipage tenant du titre : “Avec le départ de Quentin Ponroy, nous avons été chercher Corentin Horeau. D’un point de vue communication, c’est super, et sportivement, il a confirmé qu’il était très bon”, explique Quentin Delapierre. “Nous n’avons pas d’équipage type, nous fonctionnons depuis trois ans avec des roulements pour ménager tout le monde jusqu’à la fin du Tour.”

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