Francois Gabart a profité de ses victoires en Imoca et en Ultim pour monter sa propre écurie de course au large et travailler avec sa compagne Virginie.

Comment MerConcept devient la plus grande structure de course au large en France

François Gabart n’est pas que le marin le plus rapide autour du monde en solitaire. C’est aussi le patron d’une entreprise en forte croissance grâce à l’arrivée de plusieurs projets annoncés à quelques semaines d’intervalles. Créée par le jeune ingénieur frais émoulu de l’Insa lorsqu’il s’est lancé dans la course au large en Figaro (voir notre article de décembre dernier), la SARL FG MerConcept est désormais la plus grosse écurie du pays, devant le Team Banque Populaire et le Gitana Team.

Déjà chargée de gérer l’actuel projet Ultime Macif, MerConcept s’est en effet vu confier la conception et le développement de son successeur, annoncé le 28 février dernier. Quelques semaines plus tard, l’entreprise de François Gabart a été choisie pour porter le projet Imoca de Charlie Dalin sous les couleurs d’Apivia, filiale à 100% de la Macif. Enfin, MerConcept prendra en charge en 2019 la gestion du programme Figaro Skipper Macifrécemment renouvelé avec l’acquisition de deux Figaro 3. Autant de projets qui font du groupe mutualiste le plus gros sponsor de la voile française avec un investissement consolidé estimé entre et 8 et 10 millions d’euros par an.

“Nous passons d’un projet avec un bateau, un sponsor, un skipper, à cinq bateaux [l’actuel et le futur trimaran, l’Imoca, les deux futurs Figaro 3, NDLR], deux sponsors, quatre skippers : ce n’est plus la même philosophie de travail, résume François Gabart, qui n’a pas souhaité communiquer de chiffre d’affaires. Pour accompagner ce développement, il a fallu revoir notre fonctionnement en termes d’organisation. Une réorganisation qui a débuté par le sommet, puisque Tiphaine Champon, cheville ouvrière de MerConcept depuis plusieurs années, a décidé de quitter ses fonctions de directrice générale début mai : “Je pense que mon départ a surpris pas mal de gens, parce que l’entreprise se développait, admet-elle. Mais pour moi, ça ne correspondait pas forcément à du renouveau, ça restait le même métier. Or, cela faisait dix-sept ans que je travaillais pour des marins, des individualités, j’avais envie de faire autre chose, commente l’intéressée qui se laisse jusqu’à septembre avant de se pencher sur la suite.

Pour la remplacer, François Gabart a étudié différents profils “d’univers complètement différents” avant de porter son choix, validé en comité de direction (composé d’Armelle Guillou, directrice administrative et financière, d’Antoine Gautier, directeur des études, et de Nicolas de Castro, directeur des opérations), sur Thomas Normand. Agé de 32 ans et diplômé de l’ESC Rennes, ce dernier, après avoir mené des projets en Mini et Figaro au sein d’Absolute Dreamer, sous les couleurs de la Financière de l’échiquier, s’est ensuite tourné vers le monde de l’entreprise. Il a ainsi exercé comme responsable du développement commercial des activités dans le domaine de l’énergie chez Altran, à Nantes, pendant 3 ans, avant de revenir en janvier dans le milieu de la course au large (voir le Mercato), recruté par Oman Sail comme “offshore et foiling manager“. “Je voulais acquérir des compétences différentes avec l’idée de revenir dans le milieu de la course au large”, explique-t-il à propos de ce parcours.

Six mois plus tard, le voilà DG chez MerConcept. “Quand François m’a appelé pour me dire que c’était avec moi qu’il voulait travailler, j’ai eu un KO technique pendant deux jours, je ne m’y attendais pas”, assure Thomas Normand, qui entrera officiellement en fonction le 1er juillet. Son futur patron, qui ne l’avait croisé qu’à quelques reprises, dit de lui : “Par rapport à nos ambitions, c’est une sacrée responsabilité, mais je pense que c’est quelqu’un qui aime bien les challenges.

Pour le seconder et accompagner la réorganisation de MerConcept pendant quelques mois, François Gabart a par ailleurs fait appel à la société Valtus, qui l’a aidé à dénicher un manager de transition en la personne de Gilles Chevènement“L’entreprise est en train de vivre une transition importante qui nécessitait une réorganisation assez profonde et donc une capacité à remettre les choses en cause, ce qui n’est pas forcément facile à faire pour quelqu’un tout juste recruté., justifie le skipper de Macif. Car, ces dernières semaines, MerConcept est passée de moins de vingt salariés à plus d’une trentaine. Ainsi Karyn Roger (ex Under The Pole) a été recrutée pour seconder Armelle Guillou, Marine Villard, qui avait déjà travaillé sur la construction du trimaran Macif (avant de rejoindre Gitana), revient dans un rôle de coordination globale des projets.

Du côté des ingénieurs, Antoine Carraz, ex boat captain de Spindrift 2, pilote, sous la responsabilité d’Antoine Gautier, les études du projet Apivia, assisté de Baptiste Chardon, qui arrive du Team Banque Populaire, et d’Ulysse David, qui travaillait sur le Multi50 ARSEP-Solidaires en Peloton de Thibaut Vauchel-Camus chez Enata. Arthur Tessier (ex Gepeto) intègre quant à lui l’équipe composite qui sera encore renforcée (tout comme le bureau d’études) en vue de la construction du futur trimaran, attendu au printemps 2020. Enfin, François Gabart a décidé de créer un pôle communication et partenariats, confié à sa compagne Virginie Valentini (ex iTélé) et à Antoine Le Ster (ex ASO).

MerConcept est donc devenue en l’espace de quelques mois la plus importante structure de course au large en France… et ce n’est peut-être pas fini. François Gabart voit en effet déjà plus loin : “L’objectif n’est pas d’avoir 50 skippers et 50 bateaux ; par contre, j’ai l’ambition assumée de nous développer et de nous diversifier. Aujourd’hui, nous vivons une révolution sans précédent avec les bateaux qui volent, j’aimerais qu’on soit capable de jouer un rôle dans cette révolution.

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