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Quentin Delapierre : “Sur le Tour, l’objectif principal est de prendre du plaisir”

Vainqueur du Tour Voile en 2016, 6e l’an dernier à la tête de Lorina Limonade-Golfe du Morbihan, Quentin Delapierre a remporté dimanche la Normandie Cup, dernière épreuve en Diam 24 avant l’édition 2018 du Tour. Un des nombreux projets sur lesquels est impliqué ce marin polyvalent, vu récemment sur la Nice UltiMed avec Sodebo et qui participera dans quelques jours à la Semaine de Kiel en Nacra 17 avec Manon Audinet. Pour Tip & Shaft, il revient sur ses différents projets.

Par rapport à l’année dernière, le Team Lorina Limonade-Golfe du Morbihan a-t-il changé ?
Oui, il y a du changement parce que Matthieu Salomon est parti. Je me retrouve du coup seul à la tête du projet, et au sein de l’équipe navigante, nous avons accueilli Tim Mourniac qui était auparavant sur Lorina Mojito. Nous avons aussi fait appel à Sofian Bouvet en tant qu’entraîneur [4e du Tour 2017 avec SFS, il est sous le coup d’une suspension jusqu’au 24 août prochain pour un défaut de localisation signalé par l’Agence française de lutte contre le dopage, NDLR].

Pour quelles raisons Matthieu Salomon a-t-il quitté le projet ? Vous ne vous entendiez plus ?
Sur pas mal d’aspects, nous n’étions plus d’accord, nous avions chacun notre vision des choses. Cela faisait cinq ans que nous naviguions ensemble, je pense qu’il était temps que chacun vole de ses propres ailes. Il y a donc eu une séparation du binôme et il se trouve que les partenaires ont choisi, ce n’était pas une décision facile à prendre. Mais je pense que c’était nécessaire et aujourd’hui, Matthieu a aussi des super projets en perspective [il est notamment équipier à bord du TP52 Paprec Recyclage, NDLR], je n’ai aucun doute sur le fait que ça va bien marcher pour lui.

Que vous apporte Sofian Bouvet ?
C’est déjà un technicien incroyable, sûrement un des meilleurs en France sur la finesse de barre et de réglages, il nous apporte énormément au niveau de son coup d’œil sur les voiles ou à la barre quand on le fait monter sur le bateau ; nous sommes super contents de son apport, nous sommes montés d’un cran en vitesse. Nous l’avons aussi beaucoup sollicité sur les règles, il fait un gros travail là-dessus, c’est indispensable pour éviter le genre de situation que nous avons connue l’an dernier sur le Tour.

Un Tour 2017 qui aura été bien difficile pour vous, qu’en retiens-tu ?
Effectivement, ce Tour a été hyper difficile. Nous sommes arrivés en favoris, tenants du titre et vainqueurs de toutes les courses d’avant-saison, nous pensions être blindés de tous les côtés et en fait, non, nous n’étions pas préparés aux phases de contacts denses. Le premier jour, nous avons eu un gros carton avec un autre bateau, nous avons été disqualifiés et nous n’avons pas su tirer les bonnes ficelles au niveau des règles et du jury pour essayer de discuter de ce cas. C’est pour ça qu’avec Sofian, nous essayons vraiment d’être blindés pour éviter ça. Après, c’est devenu très compliqué, nous avions l’habitude d’être aux avant-postes, et là, d’entrée, on s’est retrouvés dans les derniers, ça a fait mal à tout le monde. On ne s’est cependant pas démobilisés, l’équipe est restée hyper soudée et nous avons réussi à nous relancer en nous rapprochant tout près du podium, mais à un moment, quand tu es tout le temps en position d’attaque, tu prends des risques et quand ça ne passe pas, c’est la double peine. Donc au final, on n’a pas réussi à revenir, en plus à la fin, j’ai eu une allergie au soleil, je ne pouvais plus naviguer, ce n’était pas facile…

Du coup, quels sont les objectifs cette année ?
On ne s’en fixe pas. L’an dernier, on était obligés d’afficher un objectif de résultats, parce que tout le monde nous donnait favoris compte tenu de nos résultats antérieurs. Aujourd’hui, l’objectif principal est de se faire plaisir sur le bateau, de naviguer proprement, je suis persuadé que ça fonctionnera comme ça.

Quel regard portes-tu sur cette épreuve dont tu as disputé les trois dernières éditions ?
Je suis très sincèrement hyper reconnaissant à ASO, parce qu’on a la chance d’avoir un organisateur qui ose et surtout, qui assume ses choix, et ça, c’est hyper confortable. Je me souviens que la première année, ça avait grondé très fort contre le format au premier briefing à Dunkerque chez les anciens, mais à Nice, tout le monde était convaincu que c’était la bonne solution. On a la chance d’avoir cet organisateur qui est capable de médiatiser notre sport. Il ne fait certes aucune concession sur cette médiatisation, on est d’accord ou non avec ça, mais sur tous les participants au Tour, je pense qu’aucun n’est mécontent de l’organisation. Et sportivement, le niveau augmente tout le temps.

Qu’en est-il de la suite avec tes deux partenaires Lorina et l’agglomération de Vannes-Golfe du Morbihan ?
Ce sera terminé pour moi cette année avec l’agglomération de Vannes, c’était un projet de formation pour aller vers de la professionnalisation, d’où les deux bateaux. L’équipage de Lorina Mojito va passer à notre place en professionnels, nous, on est arrivés à la fin de notre cursus de formation, donc ça s’arrête là. Après, avec Lorina, on discute d’autres projets, pour l’instant, aucun n’a abouti. Il n’est pas improbable qu’on parte sur autre chose, comme il n’est pas improbable qu’on reste sur le Tour.

De quels projets s’agit-il ?
Les deux projets qui ont été présentés sont le GC32 et le Multi50. Lorina est aujourd’hui une PME en plein essor, mais elle reste sur un budget com’ modéré et contrôlé, donc la difficulté pour eux est de franchir le pas en allant sur de tels projets dont les investissements sont deux fois plus élevés qu’en Diam 24 [le budget du team était d’environ 300 000 euros l’an dernier, NDLR]. On a fait de super choses ensemble, je serais ravi de continuer avec eux sur un projet plus ambitieux, voire de continuer sur le Tour, même si j’aurais du mal à me remotiver une cinquième participation de suite. Ce qui est certain, c’est qu’ils sont très ouverts à la discussion, une décision devrait être prise d’ici la fin de l’été. Une des inconnues pour moi en ce moment, c’est l’opportunité en Nacra 17 qui vient de se présenter, mais je pense que ce n’est pas incompatible avec un autre projet et tout le monde peut y gagner, moi d’un point de vue sportif, et par conséquent Lorina parce que je serai probablement plus fort, j’apporterai encore plus au projet.

Peux-tu nous parler de cette opportunité en Nacra 17 ?
Manon Audinet m’a proposé, via Franck Citeau, qui nous a entraînés cet hiver en Diam 24, de venir faire un test en juin à Kiel. Ça n’engage à rien mais on va voir si ça me plaît et si j’ai le potentiel pour faire des choses correctes. J’ai été assez clair avec elle pour qu’elle n’hésite pas à me dire si ça ne le fait pas. Pour moi, c’est très différent : le Nacra 17 est techniquement le niveau le plus élevé, il faut voir si je suis capable d’assumer ce niveau.

Aves les JO comme objectif ?
Les JO ont toujours été un rêve. Sur le Tour, 99% des gens rêveraient d’avoir une médaille d’or olympique autour du cou. Là, c’est une opportunité fabuleuse, Manon est en équipe de France depuis sept ans, elle connaît très bien le bateau, elle a montré qu’elle était capable de faire des super résultats, donc il faut essayer.

Tu as aussi navigué ces derniers temps avec Thomas Coville sur Sodebo, comment t’es-tu retrouvé dans l’équipe ?
J’ai rencontré Thomas quand Sodebo faisait le Tour, il y a quatre ans. J’avais fait des entraînements avec lui, le courant était bien passé, il m’a donné l’opportunité de travailler à ses côtés en étant à la fois à la perf aux côtés de Jean-Luc Nélias et navigant. J’ai concrétisé ça avec la Nice UltiMed, sur laquelle je me suis régalé. Je l’en ai remercié mille fois, c’était incroyable ! J’ai la chance d’avoir un parrain très altruiste et qui ne m’influence pas du tout dans mes choix, c’est très confortable.

Vas-tu rester dans le projet ?
Ce n’est pas contractuel, mais le projet Sodebo 5 me motive vraiment, j’ai envie de participer au développement du futur bateau et aux prochaines courses en équipage, même si j’ai conscience que mon expérience est infime par rapport à ceux qui m’entourent chez Sodebo. En plus, l’ambiance est juste délicieuse dans l’équipe, donc c’est une porte que je veux laisser ouverte.

Diam 24, Nacra 17, Ultime, tu ne navigues que sur plusieurs coques ?
Pour l’instant, oui, mais à la barre, je me régale autant, voire plus, en monocoque qu’en multicoque. Je me suis éclaté en faisant du J80, et là, on essaie de réunir un budget avec Corentin Horeau, Quentin Ponroy et Tim Mourniac pour mettre un petit pied en J70, avec l’objectif de faire les Winter Series à Monaco et le prochain championnat du monde. Il y a un niveau hyper élevé sur cette série et le bateau est exceptionnel.

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