Pauline courtois match racing

Pauline Courtois : « un super triplé ! »

Pour la deuxième année consécutive, Pauline Courtois, 33 ans, et ses équipières du Match in Pink by Normandy Elite Team (Maelenn Lemaitre, Louise Acker, Thea Khelif et Clara Bayou) ont été sacrées championnes du monde de match racing le week-end dernier à Auckland, remportant du même coup le World Match Racing Tour féminin 2022. L’occasion pour Tip & Shaft de s’entretenir avec la Brestoise devenue Havraise.

► Peux-tu nous raconter ce championnat du monde à Auckland ?
Nous avions choisi d’aller une semaine avant à Auckland pour disputer le championnat néo-zélandais, que nous avons d’ailleurs gagné. Ça nous a permis d’avoir une bonne semaine de préparation sur un bateau qu’on ne connaissait pas (l’Elliott 7), le même que pour le championnat du monde, et sur le même plan d’eau. Sur le Mondial, on a eu des conditions hyper variées, il a fallu sans cesse s’adapter. On a eu une demi-finale bien accrochée face à la Suédoise (Anna Östling), avec trois matchs qui se jouent sur la ligne d’arrivée, on gagne 2-1, et en finale, on bat la Néo-Zélandaise (Celia Willisons) 2-0 avec à chaque fois une belle avance. L’objectif était de gagner le titre une deuxième fois, c’est chose faite, on est super contentes ! D’autant qu’on termine aussi en tête du classement du World Match Racing Tour féminin [le circuit féminin a été repris cette année par l’organisateur du World Match Racing Tour, NDLR]. Et comme on a aussi gagné le championnat d’Europe, on fait un super triplé, c’est top !

► Quelles sont les spécificités de la discipline ?
Comme tout se passe assez vite, on n’a pas forcément le temps de communiquer, donc il faut être hyper calé pour que l’équipage suive techniquement le barreur quand il fait quelques fantaisies. Et il faut être un peu joueur, car le but, c’est quand même de se « fighter » avec l’autre équipage, il faut aimer jouer avec les règles, avec le bateau, et prendre un peu de risques. C’est la partie très sympa du match racing. C’est intense, ça manœuvre beaucoup, les régates sont courtes, c’est un peu une discipline de sprint.

 

“Nous sommes hyper soutenues
par la ligue de voile de Normandie”

 

► Tu es devenue une des meilleures spécialistes mondiales de match racing, comment en es-tu arrivée là ?
J’ai commencé par de l’Optimist à Brest, j’ai ensuite fait un sport-études en 420, puis un peu de 470, jusqu’à ce que Julie Bossard me propose de faire la dernière saison de l’olympiade 2012 – le match racing était discipline olympique aux Jeux de Londres – au poste de grand-voile/tactique dans son équipage. Ça m’a plu et un jour, Cédric Chateau (directeur sportif du Normandy Elite Team, actuellement sur la Route du Rhum en Class40), que je connaissais parce qu’il m’avait un peu coachée sur des épreuves internationales, m’a proposé de venir m’entraîner au Havre. J’ai quitté Brest et je suis partie en Normandie monter ce projet de match racing. On a la chance d’avoir un super groupe d’entraînement, avec Maxime Mesnil, Aurélien Pierroz, Timothé Polet… Pas mal d’étrangers nous envient ce groupe !

► Es-tu professionnelle ?
Non, pas du tout. Mais j’ai de la chance, car j’ai un aménagement en tant que prof d’EPS au Havre qui me permet d’être libérée la moitié de mon temps pour naviguer. Pour les autres filles, en dehors de Clara qui est étudiante, c’est plus difficile car elles doivent sans cesse jongler avec leurs employeurs. Maintenant, nous sommes très soutenues par la ligue de voile de Normandie. Ça fait maintenant une dizaine d’années qu’ils ont fait le choix de développer l’inshore et le match, en y mettant des moyens. Il y avait aussi un projet Tour en Diam 24, et, depuis cette année, un projet 69F, j’ai d’ailleurs participé à deux épreuves du circuit européen.

► Quel est le budget annuel de ton projet match racing ?
Sur cette saison, comme il y avait la Nouvelle-Zélande au programme, il était de 28 000 euros. Sur une année normale, on est plus entre 18 000 et 20 000. Il est pris en charge par la ligue, nos clubs sont aussi très impliqués dans nos projets.

 

“J’ai suivi à fond la Jacques Vabre
de mes soeurs”

 

► Quelle est la suite du programme pour toi ?
On vient d’être invitées pour la finale du World Match Racing Tour qui a lieu à Sydney, mais c’est dans trois semaines, ça demande un peu d’organisation et de moyens, on n’est pas certaines de pouvoir honorer l’invitation. Ce qui est sûr, c’est qu’on voudrait bien faire plus de circuit open, se confronter aux garçons et montrer qu’on a notre place. Depuis cette année, vu qu’on a le même organisateur que le World Match Racing Tour masculin, on sent une volonté de faire se croiser les épreuves, mais il y a encore un peu de marge pour que ça arrive, il n’y a pas beaucoup d’invitations, il va falloir qu’on performe pour réussir à se faire inviter. Sinon, en plus du match, j’ai fait un peu de gros bateau cette année sur le Maxi Wally 107 de Paprec, je vais continuer en 2023.

► Tes deux petites sœurs, les jumelles Julia et Jeanne, ont couru la Transat Jacques Vabre l’an dernier en Class40 dans le cadre d’un projet féminin lancé par l’organisateur, ça te plairait ?
Ce qui est fou, c’est qu’elles avaient arrêté la voile pour se consacrer à leurs études et à leur job, elles étaient complètement parties sur autre chose, elles faisaient de l’Iron Man (triathlon) et de l’ultra-trail. Elles sont revenues quand le projet a été lancé, c’était génial pour elles. J’ai suivi à fond leur projet (38e place), là, elles sont en train de chercher des partenaires pour repartir sur la prochaine édition, j’espère que ça va marcher. Maintenant, le large ne m’attire pas plus que ça pour l’instant. Ce qui ne veut pas dire que ça n’arrivera jamais, je ne me ferme aucune porte.

► Et la Coupe de l’America, dont le match racing est l’essence ?
A Auckland, on était en plein dedans, l’AC40 test nous a tournés autour toute la semaine ! C’est sûr que c’est un bateau et une compétition qui font rêver, ce serait un truc de fou, mais ce n’est pour l’instant que du domaine du rêve.

Photo : Adam Mustill / Live Sail Die

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