Felix Diemer _ SSL Gold Cup

Ce qu’il faut savoir sur la SSL Gold Cup

La phase finale de la Star Sailors League Gold Cup met aux prises 40 pays aux Canaries, à partir de ce vendredi et jusqu’au 3 décembre. Décryptage de cette “Coupe du monde de voile” avec Xavier Rohart et Michel Niklaus, à l’origine du projet, Loïck Peyron et Stéphane Christidis, respectivement capitaine et tacticien de l’équipe de France.

Tout a commencé en 2012. Suite au retrait du Star du programme olympique après les Jeux de Londres, “nous sommes une dizaine de marins à s’être réunis pour réfléchir à la manière de continuer à naviguer, avec la volonté de valoriser les pures compétences sportives et de sécuriser le parcours professionnel des athlètes sur un circuit stable, d’où la création de la Star Sailors League, explique Xavier Rohart, médaillé de bronze aux JO d’Athènes en Star, qui seconde alors sur ce projet le Suisse Michel Niklaus, lui-même « stariste ».

Le projet initial consistait à mettre sur pied “un circuit professionnel avec une finale en fin de saison, mais également un classement mondial inshore inspiré de l’ATP en tennis, qui intègre aujourd’hui 113 000 marins”, ajoute Xavier Rohart, qui cumule aujourd’hui la présidence de la SSL avec un double rôle de navigant (régleur de grand-voile) et de manager de l’équipe de France.

Ce circuit manquait de visibilité, poursuit Michel Niklaus. Il nous fallait trouver un bateau plus grand pour mettre les marins en valeur et changer la formule, d’où cette idée de s’orienter vers ce concept de Gold Cup. A savoir un championnat entre nations avec un format de régates simplifié, à l’image de la Coupe du monde de football, pour rendre l’événement plus attractif et accessible au grand public.” Le support en question ? Le SSL47, RC44 modifié, sans électronique et ultra simplifié, afin d’équilibrer le jeu entre nations. Il existe aujourd’hui dix unités uniquement dédiées à ce circuit. Pour ce qui est de l’épreuve en elle-même, l’objectif est d’organiser cette Gold Cup tous les quatre ans ainsi que des championnats continentaux tous les deux ans.

 

Des capitaines stars !

 

La première édition de la SSL Gold Cup Final Series débute ce vendredi 10 novembre avec les 32e de finale et se terminera lors d’un dernier match à quatre le 3 décembre. Parmi les 40 équipes en lice, les 24 meilleures au classement de la SSL ont été directement qualifiées pour cette phase finale, 16 ont obtenu leur ticket via des qualifications qui se sont déroulées du 19 mai au 17 juillet sur le lac de Neuchâtel.

Composées de onze marins (neuf à bord), les équipes nationales vont s’affronter lors de matchs à quatre bateaux sur des parcours bananes au large de Las Palmas de Gran Canaria. Les promoteurs de la SSL ont réussi à convaincre pour endosser le rôle de capitaine, des stars de la voile issues de l’olympisme, de la Coupe de l’America, du match racing ou du large, comme le Brésilien Robert Scheidt, le Britannique Ian Williams, l’Australien John Bertrand – l’homme qui, en 1983, a mis un terme à l’hégémonie américaine sur la Coupe de l’America -, l’Américain Paul Cayard, l’Italien Vasco Vascotto, le Néo-Zélandais Rod Davis, l’Espagnol Luis Doreste, le Suisse Eric Monnin ou l’Argentin Santiago Lange !

Côté français, c’est Loïck Peyron qui « porte le brassard » des Bleus. “J’ai accepté cette proposition car je trouve que l’idée de comparer les talents nationaux, à armes égales, en équipage et en portant les couleurs de son pays était très belle, raconte ce dernier, qui restera à terre ou sur un bateau suiveur pour soutenir et coacher l’équipage. C’est également génial de voir autant de nations impliquées [56 pays, NDLR] depuis le début de cette aventure et de donner sa chance à chacune.”  Le Baulois a composé son équipe en concertation avec Xavier Rohart : “Cela n’a pas été simple, puisqu’avec la proximité des Jeux olympiques de Paris et de la Coupe de l’America, de nombreux marins n’étaient pas disponibles”, explique ce dernier.

 

Pas de prize money mais
une prise en charge des équipes

 

Stéphane Christidis, ancien spécialiste de 49er (deux participations aux JO en 2004 et 2012), le tacticien du bord, est ainsi entré dans le projet il y a seulement un mois : “J’ai été contacté en même temps que François Brenac (au poste de barreur) pour remplacer Jean-Baptiste Bernaz et Mathieu Richard, finalement indisponibles. Notre duo fonctionne bien, puisque nous avons beaucoup navigué ensemble en J70.” Edouard Masse, Eliott Michal, Bruno Jeanjean, Antony Munos, Hugo Studler, Emeric Michel et Nicolas Kroll complètent cet équipage qui a eu le temps de s’entraîner quatre jours sur le SSL47 en Suisse.

Si seulement dix jours d’entraînement par an sont autorisés sur les SSL47, et ce dans un souci d’égalité des chances, “il revient à chaque équipe de trouver les moyens pour s’entraîner chez elle, précise Xavier Rohart. De notre côté, nous avons navigué à Marseille sur un bateau assez similaire, le Ker 46 Tonnerre de Glen.” Compte tenu de son classement SSL, la France entrera directement en 8e de finale le 21 novembre contre la Suède et deux équipes qualifiées après les 16e de finale. Les ambitions tricolores ? “Gagner, évidemment ! sourit Xavier Rohart. Mais au moins cinq pays vont être très durs à battre, comme l’Italie, qui a réussi à motiver pas mal de marins de la Coupe de l’America, l’Allemagne, très forte sur ce type de support, les Etats-Unis et l’Angleterre.”

Autant de nations qui courent pour la gloire, puisque pour l’instant, il n’y a pas de prize money à la clé“Mais c’est l’objectif à moyen terme”, précise Xavier Rohart. L’organisation de cet événement, qui coûte entre 2,5 et 3 millions d’euros (tous les frais des équipes sont pris en charge : inscription, billets d’avion, repas, nuits d’hôtel…), ainsi que le budget annuel de fonctionnement de la SSL (plus de 2 millions d’euros) sont intégralement financés par la Sailors Athlètes Fondation (soutenue par une quinzaine de mécènes). La SSL ne dispose d’aucun sponsor, et c’est un choix, explique Michel Niklaus : “Nous souhaitons avant tout prouver que ce projet est pérenne par sa qualité intrinsèque et non parce qu’il est porté par des sponsors. Une fois que cela sera démontré, on pourra conclure des partenariats.”

 

Photo : Felix Diemer / SSL Gold Cup

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