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Joseph Bizard : “Sur la Transat Paprec, nous sommes dans l’objectif”

Entre chiffres records de l’édition 2022 de la Route du Rhum-Destination Guadeloupe, départ de la Transat Paprec le 30 avril et préparation du premier Arkea Ultim Challenge-Brest, OC Sport Pen Duick a une actualité chargée, que son directeur général, Joseph Bizard, évoque pour Tip & Shaft.

Vous avez récemment dévoilé les chiffres des retombées de la Route du Rhum-Destination Guadeloupe, t’attendais-tu à un tel résultat ?
Nous savions que chaque édition était en croissance par rapport à la précédente, mais plutôt de 50%, alors que là, on fait plus que doubler les retombées, de 117 à 266 millions d’euros, ça veut dire que l’accélération a été assez conséquente. Nous nous sommes donné les moyens de faire plus de retombées en investissant significativement dans la diffusion des images, nous nous sommes notamment réapproprié la production du direct du départ de façon à pouvoir le diffuser sur toutes les chaînes et à l’international. Nous avons aussi investi dans le volet digital pour rattraper la dette que nous estimions avoir dans ce domaine par rapport à la taille de l’événement. Donc, nous savions que nous allions avoir des retombées plus importantes, la question était de savoir dans quelle proportion, la réponse est que la croissance a été bien supérieure à celle que nous avions connue en 2018.

Même question que nous avions posée il y a quatre ans : la Route du Rhum est-elle une course rentable ?
Le modèle économique de notre activité reste fragile, c’est compliqué de tenir les équilibres financiers, notamment parce qu’il y a des accidents de parcours, des coûts qui ne sont pas prévus. Le décalage du départ sur cette édition a, par exemple, été un gros coup dur pour l’organisation. C’est pour ça que c’est important pour OC Sport Pen Duick d’avoir d’autres événements pour avoir une certaine forme d’équilibre. Depuis quatre ans, nous avons réorganisé notre portefeuille, ce qui nous permet d’avoir des courses tous les ans, donc d’absorber les quelques coups imprévus que nous pouvons rencontrer dans l’événementiel.

 

“Il y en aura moins de 138 bateaux en 2026”

 

Pour la prochaine édition en 2026, pouvez-vous faire mieux et plus ?
Si on se demande s’il faut toujours plus de bateaux pour que ce soit un succès, la réponse est non, le succès sportif ne tient pas seulement au volume du plateau, c’est sa qualité et celle de la course qui font le succès. C’est important, car la tendance va sans doute être à avoir moins de bateaux pour maintenir une course de premier plan. En revanche, la croissance peut venir de la qualité de ce que nous proposons, on a bien vu que les investissements mis en place à Saint-Malo – parades, tribunes autour des écluses – ont fait que le village a été un cran au-dessus par rapport à 2018. Même chose pour l’environnement digital et la communication. Dans ces domaines, il y a une marge de progression infinie et la course va continuer à grandir car la Route du Rhum doit continuer à être un des plus grands événements sportifs français.

Combien de bateaux seront au départ en 2026 ?
Moins de 138 [le chiffre de 2022], c’est certain. Nous sommes en train de discuter avec la direction de course, avec l’objectif de publier un pré-avis de course dans les prochaines semaines, il donnera les grandes lignes du nombre de bateaux, des classes et des catégories invitées.

On ne peut pas parler de bilan sans évoquer le tragique accident qui a coûté la vie à deux des collaborateurs d’OC Sport Pen Duick, Alex Picot et François Naveilhan, y aura-t-il un avant et un après en ce qui concerne les départs et arrivées de course sur l’eau ?
Il est évident que le bilan de la Route du Rhum n’existe pas sans intégrer cet accident, on a forcément un goût très amer et le meilleur tribut qu’on puisse faire à Alex et François est de continuer les travaux dans lesquels nous étions lancés avec eux pour faire de très belles courses. Et il est clair que ce qu’on a vécu nous oblige à réfléchir au format des arrivées de toutes les courses, il va falloir proposer des solutions alternatives, mais ça ne veut pas dire qu’on arrêtera de les suivre à bord de bateaux.

 

“11 bateaux, c’est un chiffre
tout à fait honorable”

 

La Transat Paprec s’élance le 30 avril avec 11 tandems mixtes au départ, es-tu satisfait de ce plateau ?
Nous sommes très heureux de lancer la Transat Paprec qui n’a pas pu avoir lieu dans de bonnes conditions depuis l’édition 2018. Après, c’est une édition particulière, d’abord parce que nous accueillons Paprec comme partenaire titre, ce qui permet de poursuivre l’histoire de cette grande course ; ensuite parce que nous lançons un format double mixte ambitieux, qui présente un certain nombre de contraintes sur le nombre de bateaux, mais sur lequel nous sommes au rendez-vous, puisque nous avons sur cette course plus du double de femmes que nous avions sur une transat « classique ». Nous nous étions donné une fourchette entre 11 et 15 bateaux, nous en avions 12 avant le forfait d’Elodie Bonafous (blessée), donc je considère que nous sommes dans l’objectif. C’est un chiffre tout à fait honorable et nous espérons évidemment avoir plus de bateaux en 2025, car l’enjeu pour Paprec et nous est d’assumer ce choix ambitieux dans le temps. Un « one shot » n’aurait eu aucun intérêt, nous sommes en train de construire une nouvelle dynamique pour que la Transat Paprec soit la course de référence en matière de double mixte.

Vous organisez également la Solitaire du Figaro, dont la participation est en baisse ces dernières années, comment expliques-tu que la classe Figaro soit au creux de la vague, là où les autres classes professionnelles sont en plein boom ?
Force est de constater que la dynamique est moins bonne sur le circuit Figaro par rapport à d’autres, maintenant, il y a un gros travail fait par la classe pour réamorcer le recrutement de marins. C’est un peu tôt pour tirer les conclusions de ce travail, nous sommes en revanche hyper attentifs au résultat parce qu’on ne veut pas que ça fragilise les courses sur lesquelles nous travaillons.

OC Sport Pen Duick a annoncé il y a deux mois le rachat du Tour de Belle-Ile, pourquoi cette acquisition et allez-vous faire évoluer cette épreuve ?
Parce que c’est une magnifique course, une magnifique marque, et que le public est sans doute très complémentaire de ceux avec lesquels on travaille sur nos autres épreuves. La prochaine édition aura lieu en 2024, ce qui va nous permettre de relancer la course dans des conditions sérieuses, on investira ensuite dans le temps pour que l’événement se pérennise, mais on ne va pas changer les fondamentaux qui ont fait son succès.

Le premier Arkea Ultim Challenge-Brest s’élancera le 7 janvier 2024, un peu plus de deux mois après la Transat Jacques Vabre, à laquelle les Ultims ne devaient pas participer dans un premier temps, la décision de la classe de l’inscrire à son programme n’est-elle pas un risque, si proche du tour du monde ?
Le tour du monde est l’événement phare de la classe, elle a bien en ligne de mire le fait qu’il doit être succès. Dans cette optique, je pense que les bateaux et les marins ont besoin de naviguer pour se préparer à une épreuve aussi exigeante, la Transat Jacques Vabre est sans doute une très bonne manière de le faire. Je n’ai pas de doute que tout le monde va être capable d’anticiper les contraintes liées au fait d’avoir ces deux courses assez rapprochées, donc ça ne génère pas de crispation particulière chez nous.

Photo : Classe Figaro Beneteau

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