Figaro Macif

Qui va gagner la Transat Paprec ?

La Transat Paprec, disputée pour la deuxième fois en double mixte, s’élance dimanche de Concarneau à destination de Saint-Barthélemy (3 890 milles). Comme avant chaque grande course, Tip & Shaft a réuni, pour évoquer le plateau, un joli panel d’experts, composé d’Élodie Bonafous, qui a disputé l’épreuve en 2021, Loïs Berrehar, tenant du titre avec Charlotte Yven, Basile Bourgnon, engagé en 2023 avec Violette Dorange, Jeanne Grégoire, directrice du pôle Finistère course au large, Tanguy Leglatin, coach à Lorient Grand Large, et du directeur de course Francis Le Goff

11 duos ont pris part à la Transat Paprec en 2023, et ils seront 19 cette année. Une nette progression de la participation saluée par l’ensemble de nos interlocuteurs, à l’instar d’Élodie Bonafous : “Honnêtement, je ne m’attendais pas à un plateau si importantOn observe un gros renouveau dans la classe Figaro, notamment grâce au Tour Voile, avec beaucoup de jeunes. Ils arrivent à monter des projets viables et capables de faire une transat, c’est une bonne nouvelle.”

Jeanne Grégoire se montre tout aussi enthousiaste : “Avant que l’épreuve ne devienne mixte, en 2023, il n’y avait plus beaucoup de bateaux inscrits, la classe a même envisagé d’arrêter cette transat en double. Cela aurait été vraiment dommage, c’est génial qu’elle soit toujours là, avec autant d’équipages de qualité. Au début, j’étais sceptique sur le fait d’imposer la mixité, j’ai eu tort. Il fallait du temps pour créer un vivier de femmes performantes. Sur cette édition, on retrouve des navigatrices de tous horizons, avec de l’expérience et des compétences reconnues.”

De son côté, Tanguy Leglatin met en avant la dimension aventure qui attire les participants, femmes et hommes : “Beaucoup de jeunes inscrits viennent de la Classe Mini et ont envie de refaire une transat. La course au large n’est pas qu’une compétition, elle comporte aussi une dimension de voyage qui fait toujours rêver, analyse le coach lorientais.

La prime aux purs figaristes ?

Ces bases posées, quels sont les ingrédients pour espérer l’emporter ? “Le départ est donné relativement tôt dans la saison, donc la capacité à créer rapidement une bonne synergie dans le binôme, à bien s’entraîner en amont et à gérer tous les aspects techniques est l’un des gros enjeux. Forcément, avoir de l’expérience en Figaro est un atout, répond Loïs Berrehar.

“Ce n’est pas évident d’être bien prêt à ce moment de l’année, confirme Tanguy Leglatin. Le temps est limité et il y a une prime à la structuration. À mon sens, les duos qui évoluent dans des filières (Macif, Bretagne-CMB, Région Normandie) sont aidés car ils ont des projets bien construits et financés. Les marins ont eu une seule épreuve pour se préparer, la Solo Guy Cotten, et elle a été très ouverte. Ce sera aussi le cas sur la transat même si on peut imaginer que les plus experts du support vont finir par creuser les écarts à la régulière, car les derniers “pouillèmes” pour vraiment aller vite tout le temps sont durs à atteindre pour les plus néophytes.”

Basile Bourgnon rappelle quant à lui “qu’il n’y a pas plus difficile en termes d’intensité qu’une transat en monotype, avant de préciser : “Les Figaro 3 ne sont pas confortables et pas forcément faits pour “transater”. La position assise ne te permet pas d’être à l’aise et l’intérieur est spartiate. C’est dur physiquement, il faut donc être endurant et dur au mal. Pour performer, il faut aussi réunir deux bons barreurs car on passe son temps à se relayer. Il n’y a pas de place pour le hasard, on ne doit pas laisser passer une vague sans la prendre. Cela demande une attention permanente.”

Pour le directeur de course Francis Le Goff, “la complémentarité des marins va faire la différence. Pour gagner, il faut être capable de s’entendre très rapidement pour bien faire avancer le bateau et trouver son rythme. De nombreux duos sont formés d’un marin qui connaît très bien le Figaro ou la transat, accompagné de quelqu’un de plus néophyte. Il y a en revanche un ou deux binômes qui cochent toutes les cases, comme Charlotte Yven et Hugo Dhallenne.”

Skipper Macif fait l’unanimité 

Comme Francis Le Goff, les cinq autres experts interrogés par Tip & Shaft citent le duo de Skipper Macif comme le grand favori de cette Transat Paprec 2025. “Hugo et Charlotte ont terminé respectivement 4e et 5e de la dernière Solitaire, Charlotte est tenante du titre et Hugo a remporté la Mini Transat [en série en 2021, NDLR]Cela pose le décor !” commente Jeanne Grégoire.

Vainqueur en 2023 avec Charlotte Yven, Loïs Berrehar voit de nouveau la navigatrice de la baie de Morlaix briller : “Elle est très bien entourée avec Hugo, connaît le parcours et le binôme fonctionne bien. Après, sur une telle course, on ne sait jamais ce qu’il peut se passer. En 2021, avec Tom Laperche, on pensait avoir course presque gagnée et finalement, on a pris une option qui nous a fait manquer la victoire.” Basile Bourgnon insiste de son côté sur la complémentarité du binôme de Skipper Macif, entre “le talent d’Hugo” et “les capacités de Charlotte à super bien barrer et à régler les voiles comme personne.” 

Qui pour concurrencer ce duo redoutable ? Au cumul des pronostics, nos experts placent en deuxième position Région Normandie, avec Jules Ducelier et Sophie Faguet. “Jules maîtrise bien le Figaro 3 et Sophie connaît la route [elle a terminé 4e en 2023, NDLR), elle a fait de l’équipage sur le Tour et a aussi montré du très haut niveau en match racing. Elle a une fibre d’éducatrice, intéressante dans l’acceptation de l’autre”, détaille Francis Le Goff. “Ils se connaissent bien, on les a vus à l’entraînement au pôle, ils sont très bons, ils n’ont pas de trou, note pour sa part Jeanne Grégoire.

Une dizaine de prétendants au podium

Martin Le Pape et Mathilde Géron (Demain) complètent ce podium des pronostics. “Martin est un grand bosseur, il est bien préparé, il est bon en météo et je pense qu’il a choisi les bonnes voiles, prévient Basile Bourgnon. Quant à Mathilde, c’est une bonne barreuse, elle pourra faire avancer vite le bateau. Des profils comme le sien n’ont pas besoin de super bien connaître le support. Ils ont des sensibilités et des sensations que tout le monde n’a pas, et peuvent ainsi très vite s’adapter.”

Parmi les autres prétendants au podium, le duo de Région Bretagne-CMB Océane (Lola Billy/Corentin Horeau) recueille aussi des suffrages, tout comme leurs “collègues” de filière, Victor Le Pape et Estelle Greck (Région Bretagne-CMB Espoir). Alexis Thomas et Pauline Courtois (Wings of the Ocean) sont également mis en avant, notamment par Loïs Berrehar : “Je sens qu’Alexis va faire une grosse année, il m’a impressionné sur la Solo Guy Cotten. Avec Pauline qui est douée et qui a déjà l’expérience de la Transat Paprec [3e en 2023], ça peut vraiment bien marcher.” Sont également cités comme outsiders, Quentin Vlamynck et Audrey Ogereau (Les Étoiles Filantes), Adrien Simon et Chloé Le Bars (Faun), Davy Beaudart et Julie Simon (Hellowork) ou encore Laure Galley et Kevin Bloch (DMG Mori Academy). Résultat des courses d’ici un peu moins de trois semaines de mer.

Le top 5 de nos experts : 1. Skipper Macif (Charlotte Yven/Hugo Dhallenne), 2. Région Normandie (Jules Ducelier/Sophie Faguet), 3. Demain (Martin Le Pape/Mathilde Géron), 4. Région Bretagne-CMB Océane (Lola Billy/Corentin Horeau), 5. Région Bretagne-CMB Espoir (Victor Le Pape/Estelle Greck)

Photo : Pierre Bouras / disobey. / Macif

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