TR Racing, les teams Malizia et Banque Populaire ont annoncé lundi leur association pour la conception et la construction de leurs Imoca respectifs, plans Antoine Koch construits chez CDK. Tip & Shaft vous en dit plus.
Pendant 45 minutes lundi lors d’une conférence de presse en visio, Thomas Ruyant, Boris Herrmann et Loïs Berrehar ont dévoilé lundi les contours de leur association pour la conception de leurs trois Imoca, qui seront mis à l’eau à partir de juin 2026 pour les deux premiers, au premier trimestre 2027 pour le dernier. Quand et comment est née cette idée de mutualisation ? “Chez TRR, tout part de l’envie de concevoir un nouveau bateau en faisant évoluer celui qu’on a actuellement et d’intégrer dans notre programme les courses en équipage, The Ocean Race 2027 en particulier, explique Thomas Ruyant, que Tip & Shaft a également joint jeudi. Il y avait aussi l’envie de poursuivre le travail initié depuis 2019 avec Antoine Koch.”
Le Nordiste ajoute, à propos du choix de s’associer à d’autres teams : “Plusieurs paramètres sont entrés en ligne de compte : l’évolution des règles de classe avec la mise en place de l’éco-score [qui impose de réduire de 15% l’impact carbone d’une nouvelle construction par rapport au cycle précédent, NDLR], d’abord ; le constat que, suite à l’expérience que j’ai eue avec Sam Goodchild, que si elle est bien organisée, la mutualisation permet de faire des trucs assez fantastiques, ensuite ; et une problématique financière loin d’être négligeable.”
Restait à trouver une ou des équipes partageant la même vision, ce qui était le cas de Team Malizia, comme nous le raconte Pierre-François Dargnies, directeur général et technique du team de Boris Herrmann : “Après The Ocean Race 2023, Boris a sondé ses partenaires pour faire la suivante sur un nouveau bateau, il a eu le go fin 2023 pour lancer la construction. Il avait très envie de travailler avec Antoine Koch, j’ai insisté pour qu’on consulte tous les architectes, ce qu’on a fait en janvier/février 2024, on a vu Antoine, mais aussi VPLP, Guillaume Verdier et Sam Manuard.”
Le choix s’est finalement porté sur le premier, qui, poursuit Pierre-François Dargnies, “nous avait dit dès nos premières discussions qu’il était dispo et motivé mais qu’il laisserait la priorité à ses clients historiques, TRR et Paprec Arkéa.” Et l’intéressé d’ajouter : “En février 2024, TRR a confirmé la commande ; comme ça traînait un peu pour Paprec [le projet sera officialisé le 5 juin prochain, NDLR], le timing était parfait pour qu’Antoine ait le temps de faire nos deux bateaux. A nous de voir alors si on voulait mutualiser, ce qui était effectivement notre intention. J’avais d’ailleurs sondé tous les teams susceptibles de construire, dont TRR et Banque Populaire.”
Banque Populaire
dans un deuxième temps
“Thomas Dalmas et moi avons été rejoints par Armand de Jacquelot et Félix de Navacelle, tandis que nos deux « guest-stars » de la Coupe, qui étaient déjà là la dernière fois, travaillent encore plus avec nous, à savoir Bobby Kleinschmidt (Team New Zealand) sur les coques et Guénolé Bernard (Luna Rossa) sur les systèmes de foils et de safrans. On n’avait pas imaginé au départ en faire trois, mais on a toujours eu la conviction que la mutualisation n’avait que des avantages”, explique Antoine Koch.
Un gain financier
“de l’ordre de 15-20%”
Autant dire que les sujets de discussion ne manquent pas lors des réunions du mardi après-midi entre les trois teams qui, selon nos interlocuteurs, jouent vraiment la carte de la transparence. “Ça se passe franchement super bien, confirme Pierre-François Dargnies. Déjà parce qu’on est tous amis, ensuite, parce que comme on aura les mêmes bateaux, on n’a pas vraiment intérêt à se cacher les choses.”
Du côté de Banque Populaire, Jean-Marc Failler confie : “Je t’avoue que cette transparence totale m’a surpris. Nous, on a plutôt une culture du secret ; là, quand on s’est tapé dans la main avec les deux autres teams, ça a été direct à livre ouvert. On discute de tout et ça permet de progresser car chacun arrive avec sa propre expérience, tu as forcément plus d’idées à trois.” Ce dernier précise cependant : “On leur a dit quand même dit qu’à un moment, on dévierait pour configurer le cockpit en solitaire.”
Un cockpit adapté
pour Banque Populaire
Le résultat de ces évolutions sera visible à partir de juin 2026, date de mise à l’eau qui ne semble pas impactée par le problème de cuisson survenu sur la première carène. “Il y a effectivement eu un couac, confirme Thomas Ruyant. On a actuellement des discussions sur cette première coque, est-ce qu’elle va être pour nous ou un autre team ?” Autre team qui pourrait être extérieur au projet des trois équipes, précise-t-il. Et ce dernier de rassurer : “On avait pris du gras, donc quelle que soit l’option, le programme prévu reste inchangé.”
Interrogé sur le sujet, Pierre-François Dargnies évoque quant à lui “des ajustements de planning, mais on commencera à draper comme prévu le 1er juillet”. Les deux premiers bateaux devraient donc naviguer ensemble à l’été 2026, Thomas Ruyant souhaitant que la collaboration entre les teams se poursuive au-delà de la phase de conception/construction : “Je sais combien l’échange peut permettre de progresser, donc j’imagine qu’on ne va pas s’arrêter là. Sur beaucoup d’aspects, je pense qu’on continuera à fonctionner à trois.”
Photo : Eloi Stichelbaut / polaRYSE