Imoca

Course des Caps : Comment les Imoca ont retrouvé le Nord

A partir du 24 juin, Boulogne-sur-Mer accueillera la Course des Caps – Banque Populaire du Nord, nouvelle épreuve du calendrier Imoca qui verra s’affronter onze équipages autour des îles britanniques. Un parcours de légende qui renaît de ses cendres, au départ d’un territoire qui espère s’inscrire durablement dans le paysage nautique français.

Dix-huit ans qu’on ne les avait pas vus sur la Côte d’Opale ! C’est finalement à Boulogne-sur-Mer que les Imocas feront leur grand retour dans le Nord pour disputer la Course des Caps – Banque Populaire du Nord. Dans la droite lignée de la Course des Phares en Orma, et surtout de la Calais Round Britain Race, lancée en 2003 par Philippe Facque mais qui n’avait pas survécu à la crise économique de 2008, l’organisateur de l’événement, l’agence Sea to See, a lancé voilà deux ans ce nouveau projet, avec l’ambition de renouer avec la tradition hauturière du Pas-de-Calais. « Je connaissais l’énergie du Nord pour avoir travaillé avec Jean Le Cam à l’époque de Bonduelle, ça faisait un moment que ça me chauffait de remonter quelque chose dans la région », explique Gwen Chapalain, cofondateur de la Course des Caps avec la Nordiste Domitille Hauwen, qui a elle-même tiré ses premiers bords au large de Calais.

« C’était devenu une priorité »

Une initiative qui a très vite trouvé un écho auprès de la classe Imoca « Pour nous, c’était devenu une priorité, confirme son président, Antoine Mermod. Aujourd’hui, on a de très beaux événements en Bretagne et en Vendée, mais nos équipes ont besoin de retombées nationales. Il faut qu’on se développe sur des territoires puissants économiquement, comme le Nord. D’ailleurs, un des leaders de notre classe, Thomas Ruyant, est un véritable ambassadeur de la région, et a contribué à lancer la machine. »

C’est en effet par le biais du skipper nordiste, vainqueur en titre de la Route du Rhum, et surtout de son armateur Alexandre Fayeulle, président de la société de cybersécurité Advens, que les planètes se sont alignées. Le Boulonnais d’origine, cofondateur de l’écurie TR Racing, a en effet fait jouer son carnet d’adresses pour accélérer les rencontres. « Nous avons toujours eu la volonté de mettre en valeur l’identité maritime et portuaire de notre ville. Ce projet de course au large réunissait tous les ingrédients. On les a donc accueillis comme on sait le faire ici, les bras ouverts », confirme Frédéric Cuvillier, maire de Boulogne-sur-Mer et président de la Communauté d’Agglomération du Boulonnais.

Reste que pour recevoir une flotte Imoca, l’hospitalité ne suffit pas. « Avant même de parler parcours ou budget, il fallait pouvoir amarrer les bateaux. Sinon, on ne pouvait rien envisager », résume Gwen Chapalain. Dans les cartons depuis plusieurs années, un projet de ponton d’accueil de grands bateaux, destiné autant à la plaisance qu’à l’accueil de vieux gréements aux Fêtes de la Mer, est revenu sur le dessus de la pile.

Un budget d’un million d’euros

Deux ans et 1,9 million d’euros d’investissement plus tard, Boulogne-sur-Mer a inauguré mercredi 4 juin l’infrastructure de 350 mètres de long, 4 mètres de large, un mètre de franc-bord, capable d’accueillir jusqu’à 1 500 visiteurs« Le message est clair : nous voulons devenir un haut lieu du nautisme en France », résume Frédéric Cuvillier.

Fort de ce soutien public, la société Sea to See s’est ensuite attelée à trouver des partenaires privés pour compléter « un budget global d’un million d’euros », précise Gwen Chapalain. Fidèle sponsor de la voile, la Banque Populaire du Nord a répondu rapidement présent, alors qu’au niveau national s’achevait sa campagne des JO de Paris 2024. Un soutien de taille renforcé par de nombreuses entreprises du Nord, dont certaines déjà bien implantées dans le milieu de la course au large, à l’image de Custopol, dirigée par Géry Trentesaux.

Les skippers ont eux aussi joué le jeu, avec un plateau au niveau sportif particulièrement relevé, où l’on retrouvera Macif Santé Prévoyance skippé par Sam Goodchild, mais aussi CharalVulnérable, ou encore le dernier-né de la flotte, Association Petits Princes – Quéguiner« Sur les 44 navigants engagés, on a à peu près ce qui se fait de mieux en matière de casting ! Ça va être une super course, bien indécise, sur un parcours très engagé », se réjouit Antoine Mermod, alors que Jacques Caraës assurera la direction de course et devra trancher sur le sens du parcours en fonction de la météo.

Un avenir en Ultim ?

Reste à savoir si le public nordiste répondra présent ! Avec un village de course de 20 000 mètres carrés, les organisateurs espèrent entre 100 et 150 000 visiteurs, alors que de nombreuses animations sont prévues, notamment en partenariat avec Nausicaa, le Centre national de la mer. La course rendra aussi hommage aux 200 ans de la SNSM, dont la toute première station fut créée à Boulogne, aux 100 ans du Yacht Club de Boulogne, ainsi qu’au Tour de France cycliste, qui passera par Boulogne le 6 juillet, jour de clôture du village.

« A l’image du Nord, c’est très dynamique, il y a beaucoup d’énergies et d’envies, résume Tanguy Blondel, attaché de presse de l’événement avec son agence de communication TB Press, et lui-même originaire d’Ardres, dans le Pas-de-Calais. On surfe aussi sur la réussite du Vendée Globe, avec d’un point de vue national des skippers qui ont été très suivis, comme Violette Dorange»

Un soutien populaire qui sera en tout cas observé de près, même si les différents acteurs ont d’ores et déjà exprimé leur intention de s’inscrire dans la durée, tous les deux ans, en alternance avec les Fêtes de la Mer. Reste qu’en 2027, le calendrier de la Classe Imoca est déjà bien chargé par The Ocean Race… « Il y a d’autres classes intéressées. Depuis un an, nous discutons avec la Classe Ultim mais rien n’est acté aujourd’hui », précise Gwen Chapalain. « On ne peut plus se contenter seulement du Grand Ouest. Cette nouvelle épreuve a pas mal d’atouts, l’idée c’est de faire le bilan à l’issue de la première édition, et voir si on l’ajoute à notre calendrier comme course pas obligatoire, avec un plateau exclusivement Ultim », confirme Pierre-Jean Golven, délégué général de la Classe Ultim.

Photo : Jean-Louis Carli/Alea

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