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Comment s’organise France SailGP Team

SailGP, le nouveau circuit créé et financé par le tandem Larry Ellison-Russell Coutts, débute les 15 et 16 février à SydneySix équipes représentant les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, l’Australie, la Chine, le Japon et la France vont s’affronter sur les cinq étapes de la saison qui s’achèvera à Marseille en septembre. Tip & Shaft vous en dit plus sur la façon dont s’est montée l’équipe française menée par Billy Besson.C’est il y a un an tout juste que Billy Besson a été contacté par Russell Coutts « himself », ce dernier souhaitant lui parler d’un projet alors top secret. Le quadruple champion du monde de Nacra 17 se souvient : “Quand le Zidane de la voile t’appelle, tu te demandes d’abord si c’est vrai : j’ai reçu un mail de Russell, j’ai cru que c’était une blague d’un copain, donc je n’ai pas répondu. Pareil une deuxième fois, avant que sa secrétaire ne m’envoie à son tour un mail pour me dire qu’il avait vraiment besoin de me contacter, c’est à ce moment que je me suis dit que ce n’était pas une blague.”Pas une blague mais une proposition bien concrète de prendre en main l’équipe française engagée en SailGP. Le choix de Russell Coutts aurait – logiquement – pu se porter sur Franck Cammas, en raison notamment de son expérience avec Groupama Team France en AC50, dont les F50 sont des évolutions « one design ». Mais, contacté, ce dernier nous a confirmé que Russel Coutts “ne lui avait jamais proposé” le job. “Si on regarde les skippers de chaque équipe, on se rend compte que Russell a mis des mecs pas forcément très connus médiatiquement, parce ce qu’il vend, c’est avant tout le show général sur des bateaux extraordinairesdécrypte Stéphane Guilbaud, qui fut longtemps le bras droit de Franck Cammas, désormais team manager de France SailGP. S’il a pris Billy, c’est qu’il pense que c’est le mec le plus fort en France pour manier un tel catamaran.”

Novice en termes de management d’équipe, Billy Besson, qui “n’a pas hésité une seconde” avant d’accepter la proposition de Coutts, contacte alors Matthieu Vandame, qu’il a côtoyé en Tornado puis en Nacra. Ce dernier lui souffle le nom de Stéphane Guilbaud, avec lequel il avait travaillé chez Spindrift, pour occuper le poste de team manager. “Ça tombait très bien, puisque Dona [Bertarelli] et Yann [Guichard] m’avaient libéré de mes obligations quelques jours avant”, raconte l’intéressé.

Le tandem Besson-Guilbaud se met au travail au printemps dernier pour recruter. Le quadruple champion du monde de Nacra s’occupe surtout de l’équipe navigante, composée en bonne partie d’ex de Groupama Team France (GTF) et du GC32 Norauto : Mathieu Vandame, Devan Le Bihan, Olivier Herlédant. Les rejoignent le jeune (22 ans) Timothé Lapauw (réserviste), ancien de Groupama Team France Jeune, passé par les Extreme Sailing Series avec Alinghi, mais également Marie Riou, que Billy Besson a d’entrée souhaité associer au projet, sachant que parallèlement, les deux ont entamé depuis l’été dernier une nouvelle campagne olympique en Nacra17.

La campagne de recrutement inclut également Tiphaine Turluche, passée par Spindrift et Dongfeng, qui seconde Stéphane Guibaud en tant que “team administrator”, et une équipe technique, là aussi composée d’anciens de GTF : Yoann Bibbeau (shore crew manager), Guillaume Le TuaudJean-Luc Lacaze (composite), Jimmy Le Baut (aile) et Charles Tanquerel, “safety diver”. De son côté, la Fédération française de voile a mis à disposition deux entraîneurs, Franck Citeau (coach de l’équipe de France de Nacra 17) et Bertrand Dumortier, ce dernier constituant la cellule performance avec Bruno Dauvier. La SuédoiseMalin Samuelsson (issue de la clinique du Sport de Neil MacLean Martin, lui aussi ex de GTF, et aujourd’hui engagé avec l’équipe chinoise de SailGP) s’occupe de la préparation physique.

Le team France SailGP – dont la communication a été confiée à l’agence Windreport – compte au total 17 personnes pour un budget annuel de 5 millions de dollars US (4,4 millions d’euros), alloué par SailGP. Nous fonctionnons comme si c’était un sponsor, avec un système de reporting, sauf que là, c’est une organisation, explique Stéphane Guilbaud. Un bon tiers des 5 millions repart sur le centre technique commun, qui est sous la responsabilité de Mark Turner [homonyme de l’ancien patron de la Volvo Ocean Race, NDLR] qui dirige Core Builders Composite[le chantier néo-zélandais qui a construit les F50, NDLR]. Ce sont des bateaux très techniques, qui demandent beaucoup de travail autour de l’hydraulique et de l’électronique.”

Si SailGP régente beaucoup de choses, les équipes ont un peu de marges de manoeuvre budgétaires, notamment en ce qui concerne la com : On a demandé à amener une « French touch » sur nos opérations, le but étant d’intéresser les Français et des partenaires en France”, confirme le team manager. Yannick Perrigot, patron de Windreport, cite un exemple : “Quand on a fait le lancement de l’équipe à Marseille, les gens de SailGP ne souhaitaient qu’un shooting photo avec les navigants l’air sérieux et les bras croisés sur un maillot bleu, comme pour les autres teams. On a réussi à les convaincre d’en faire un deuxième avec la marinière et des sourires, car le côté gros bras, ce n’est pas vraiment Billy et Marie.”

L’objectif de l’équipe de Russell Coutts est de “créer de la valeur” autour de SailGP pour attirer des partenaires, même si le circuit est garanti financièrement pour cinq ans par Larry Ellison. Une mission confiée à une cellule commerciale dirigée par un ex d’Oracle, Rolf Beisswanger, chaque team pouvant de son côté démarcher des partenaires, avec l’aval de l’organisation. “Quand tu as une idée, tu en parles avec eux et ils peuvent t’accompagner quand tu vas discuter avec des partenaires. Leur démarche est pour l’instant très qualitative : tout ce qui est petits deals qui permettent de gagner quelques dollars ne les intéresse pas, ils veulent des partenaires qui s’inscrivent dans le temps et collent à l’idée qu’ils ont de leur circuit”, explique Stéphane Guilbaud. Qui reste conscient de l’ampleur de la tâche en France : “La difficulté, c’est qu’on n’est pas les seuls en France, il y a beaucoup d’offres à tous les prix. Donc ce n’est pas un produit facile à vendre tant qu’on n’a pas fait nos preuves.”

Cette tâche incombe à Billy Besson et son équipe, leur objectif étant de progresser tout au long de la saison pour briller dans leurs eaux à Marseille en septembre“A Sydney, les ambitions sont hyper modestes : à une semaine de la régate, je viens seulement de finir ma cinquième nav sur le bateau ! L’objectif, c’est Marseille”, commentait jeudi le skipper. “Notre déficit de performances va sans doute se gommer avec le temps, je suis persuadé qu’on sera plus dans le coup à Marseille pour la dernière épreuve de l’année et que les gens auront davantage découvert ce qu’est SailGP, assure Stéphane Guilbaud.Les démarches commerciales seront alors plus faciles.”

Crédit photo : Eloi STICHELBAUT

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