America's Cup

Comment s’est structuré le projet Youth et Women’s America’s Cup français

Le défi Orient Express Racing Team a dévoilé le jeudi 14 décembre la composition de ses équipages jeunes et femmes qui, en octobre 2024, défendront les couleurs françaises sur la Youth et la Puig Women’s America’s CupTip & Shaft en a profité pour s’intéresser à ce double projet, soutenu par Orient Express et L’Oréal.

Lancé en même temps que le défi Orient Express Racing Team début février 2023, le projet Youth et Women’s America’s Cup a fait l’objet d’une convention tripartite entre le challenger français, la Fédération Française de Voile et l’association Team France, avec, pour 2023, une priorité : sélectionner les deux équipages qui, en octobre 2024, défendront les couleurs tricolores à Barcelone.

“On a d’abord travaillé pour bâtir la manière dont on allait organiser les sélections, en essayant de corriger un peu les erreurs du passé, et notamment de la 35e édition aux Bermudes, pour laquelle un appel à candidatures assez élargi avait été organisé, ce qui avait rendu la sélection difficile en raison d’un trop grand nombre de candidatures”, explique Louis Romieux, vice-président de l’association Team France et codirecteur, avec Thibaut Derville, des équipes Youth et Women’s America’s Cup.

La FFVoile et Team France ont ainsi dressé une première liste de marins susceptibles de candidater au projet – contactant notamment des équipes ayant déjà commencé à plancher sur le sujet, comme la Youth Foiling Team de Charles Dorange (*) -, charge à elles et à eux de renvoyer un dossier de candidature complet. Ce premier travail de tri effectué, 20 jeunes (dont des femmes) et 19 navigatrices ont été convoqués du 13 au 19 avril à l’ENVSN de Quiberon, également partenaire, pour des sélections comprenant navigations, épreuves physiques, théoriques et psychomotrices, entretiens individuels…

A l’issue de la semaine, deux équipes de 10 marins ont été retenues (8 titulaires, 2 remplaçants) pour poursuivre le process de sélection qui, de fin avril à fin novembre, a été assez chargé, entre entraînements à Quiberon et Barcelone, travail en simulateur, tests physiques, entretiens individuels et régates sur deux supports, l’ETF26 et le 69F.

 

 

La plupart des sélectionnés
ont un double projet

 

Pendant toute cette période, les sélectionnés ont été suivis et évalués par un comité d’observation (réunissant des membres du défi, de la FFVoile et de Team France) qui, fin novembre, a proposé une liste finale des deux équipages à un comité de sélection, composé de Bruno Dubois, codirecteur d’Orient Express Racing Team, et de Guillaume Chiellino, directeur technique national de la Fédération. Le comité a tranché, sélectionnant six jeunes (dont une navigatrice, Lou Mourniac) et sept femmes – “car le choix a été trop difficile à faire”, précise Louis Romieux à propos de l’équipage féminin. Cette sélection, dont les skippers « officiels » sont Enzo Ballanger et Manon Audinet, a pour finir été avalisée par Jean-Luc Denéchau, président de la FFVoile.

Le programme maintenant ? “On va organiser plusieurs stages entre Quiberon, où on peut notamment naviguer sur les Flying Phantom, Birdy Fish et Waszp mis à disposition par l’ENVSN, et Barcelone, avec du simulateur et des premières sorties sur l’AC40, répond le vice-président de Team France. A partir de mai, quand l’AC75 aura été livré, on aura l’AC40 à 100% pour nous.” Dans le même temps, une équipe jeunes ou femmes sera alignée sur les ETF26 Series et sur les trois circuits de 69F, 69F Cup, Youth Foiling Gold Cup et Women Foiling Gold Cup.

Les deux collectifs sont-ils désormais dédiés à 100% au projet Coupe ? “Non, répond Louis Romieux, depuis le début, on essaie de faire en sorte que tous puissent naviguer sur d’autres supports. En général, ils ont un programme de base – ça peut être de l’Ocean Fifty comme pour Audrey Ogereau, du match racing ou de la voile olympique – qu’on vient compléter avec la Youth et Women’s America’s Cup.”

Interrogé sur la rémunération des athlètes, il ajoute : “C’est un sujet auquel on a porté beaucoup d’attention. Dès le départ, on a conçu un règlement, auquel tous les candidats ont adhéré. Pendant toute la phase de sélection, il n’y avait pas de rémunération, mais les athlètes étaient totalement défrayés ; à partir de maintenant, il y a un système de rémunération sur lequel on s’est mis d’accord contractuellement.”

 

 

L’Oréal s’est pris au jeu

 

L’équipe sportive est donc désormais en ordre de marche, le projet étant pleinement intégré dans le défi Orient Express Racing Team, y compris au niveau de son financement, confidentiel. Il a d’ailleurs été un élément déterminant dans le choix de L’Oréal de s’engager auprès du challenger, comme l’expliquait en septembre le directeur général du groupe, Nicolas Hieronimus, au moment de l’officialisation du partenariat : “Nous sommes ravis de faire partie de l’aventure de l’America’s Cup en ce moment historique qui voit des athlètes féminines concourir pour la première fois dans une course réservée aux femmes, apportant ainsi une nouvelle énergie et une formidable détermination à ce sport.”

Comment le défi tricolore a-t-il réussi à accrocher à son tableau de chasse le géant mondial des cosmétiques ? Le rapprochement s’est fait par l’intermédiaire de Paola Amar et d’Aloïse Retornaz qui m’avaient contacté il y a environ un an pour me dire qu’elles aimeraient monter un projet féminin et jeune pour la Youth et Women’s America’s Cup, répond Stéphane Kandler, codirecteur du défi. Elles avaient réussi à aller voir L’Oréal qui était très intéressé par le projet. A ce moment, on leur a proposé d’aller chercher les trois trophées ensemble, ils se sont pris au jeu.”

Si les dirigeants n’ont pas pu être joints pour cet article, plusieurs facteurs expliquent l’arrivée du groupe sur le projet Coupe – validée avant l’été dernier -, déjà engagé en Imoca auprès de Paul Meilhat via la marque Biotherm. Le projet féminin, donc, déterminant parce qu’il permet de toucher la cible privilégiée de L’Oréal ; l’équipe jeunes, avec des enjeux de recrutement importants, mais également, nous a-t-on confié en interne, “’l’aspect technologie : le futur de la beauté va se jouer sur la « beauty tech », le groupe a envie de prendre la parole sur le sujet”.

 

 

Des ambitions de victoire

 

L’investissement de L’Oréal, que le groupe ne souhaite pas communiquer, se fait à un double niveau, puisqu’il est co-partenaire titre de l’équipe jeunes et femmes et partenaire officiel d’Orient Express Racing Team. Un rang de partenaire officiel – le second derrière celui de partenaire titre occupé par Orient Express, la marque de luxe du groupe Accor – que deux autres entreprises s’apprêtent à rejoindre, selon Stéphane Kandler : Deux partenaires vont être annoncés en début d’année, d’autres marques emblématiques que les Français connaissent bien, la mayonnaise a bien pris, on va aussi avoir une vraie équipe de France des sponsors.”

Et le codirecteur du challenger tricolore, qui précise au passage qu’une place de partenaire officiel est encore disponible, d’ajouter : La Youth et la Women’s America’s Cup représentent un énorme levier quand on s’adresse aux marques, d’autant que c’est la première fois qu’une épreuve de cette ampleur organise dans un même lieu et dans le même temps ses phases finales à la fois pour les jeunes, les femmes et les « seniors ». Ce ne sont pas des événements qu’on sépare avec une visibilité moindre, ils auront la même exposition médiatique, ça plaît énormément aux sponsors.”

Et cela permettra donc au défi français de présenter une équipe compétitive et ambitieuse en octobre 2024. Ce que confirme Louis Romieux : “Sur ces deux projets, on a toujours été leaders par rapport à nos concurrents, en étant notamment les premiers à organiser des sélections et à s’inscrire sur d’autres circuits volants. On a en plus démontré qu’on était performants en remportant cette année la Youth Foiling Gold Cup en 69F, on a vraiment des chances de gagner en 2024.”

(*) Atteint par la limite d’âge (la Youth America’s Cup est réservée aux 18- 25 ans), Charles Dorange a été intégré au dispositif, d’abord dans le cadre de son stage de fin d’études à l’Insa Rennes, avant d’être recruté en fin d’année comme chef de projet.

Photo : Alexander Champy-McLean / Orient Express Racing Team

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