Qui sont les (autres) Français de la Coupe ?

Même si les matches de ce vendredi ont été reportés à demain en raison des conditions musclées prévues aux Bermudes cet après-midi, la 35e Coupe de l’America est belle est bien lancée. Après 10 ans d’absence, la France signe son grand retour dans la course pour le plus vieux trophée sportif du monde avec Groupama Team France. Mais les Tricolores ne se trouvent pas qu’au sein de l’équipe de Franck Cammas, puisque une trentaine oeuvrent dans les autres teams. Tip & Shaft vous les présente.
  • Artemis Racing. Le défi suédois est le plus tricolore de tous : ils sont onze Français à avoir participé à cette campagne au sein du défi suédois avec trois têtes d’affiche : Vincent Lauriot-Prévost, Michel Kermarec et Loïck Peyron. Le premier a fait partie du design team en charge de plancher sur le dessin de l’AC50 scandinave ; le second, un des meilleurs spécialistes mondiaux de l’aéro et de l’hydrodynamique (ex Oracle), est en charge des foils. Le troisième, sans titre officiel, aime à se décrire comme “l’électron-libre”, capable de donner son avis sur toutes sortes de sujets, de l’entraînement au design. Au sein du design team, on retrouve également Simon Watin, arrivé par le biais de VPLP et désormais “design coordinator”, Nicolas Rousselon, qui travaille lui aussi sur la partie aéro/hydro, et Romain Ingouf, architecte diplômé – comme beaucoup – de la Southampton Solent University. La plupart des autres Français oeuvrent au sein de l’équipe d’ingénieurs : fondateur de HDS, Hervé Devaux, en charge de tout ce qui est structure, a fait venir avec lui Aurélien Miller (systèmes/structure) et Xavier Douin, qui travaille sur l’aile ; de son côté, Johan Betrom, passé par VPLP comme de très nombreux Français de la Coupe, est le responsable du cahier des charges. Le dernier Frenchie du défi suédois est un vieux routier de la Coupe : Julien Cressant (6e Sens, Areva, Oracle), dispute sa cinquième édition, en tant que co-responsable de la sécurité à bord de l’AC50 et équipier remplaçant. Autant dire l’un des rares Français à naviguer à l’étranger : “S’il y a énormément de Français dans les design teams, on a du mal à s’implanter chez les navigants, ce qu’il faudrait pourtant pour élargir notre expérience.”
  • Land Rover BAR. L’équipe britannique menée par Ben Ainslie affiche sept membres de son design team dotés d’un passeport français. Benjamin Muyl (chief designer) est l’un des plus expérimentés (quatre campagnes en plus d’une passion pour la Little Cup, remportée sous les couleurs de Groupama). Cet ancien du cabinet VPLP, proche de Guillaume Verdier, a fait venir Philibert Chenais, qui joue aujourd’hui le rôle d’ingénieur de liaison avec les navigants. Troisième ancien de VPLP, passé par Groupama et Sodebo, Yves Mignard (double vainqueur de la Coupe avec Oracle) a travaillé sur la plateforme. Michel Marie, spécialiste de la construction et de la gestion de projet, est, lui, un vieux routier de l’America’s Cup : cinq éditions dont trois victoires avec Alinghi et Oracle. La jeune garde est incarnée par Antoine Guillou, ingénieur Ensta repéré par Michel Desjoyeaux qui collabore depuis plusieurs années avec Benjamin Muyl sur Meta, une nouvelle génération de VPP (programme de prédiction de vitesse). Benjamin Vernières, en charge des safrans et du système de barre, a suivi une toute autre voie puisqu’il a fait toute sa carrière au Royaume-Uni, ou presque, notamment auprès de Jason Ker. Enfin, Damien Charveriat, dont c’est la première campagne, offre un profil complètement différent : ce diplômé de Polytechnique a fait toute sa carrière dans la finance avant de venir travailler sur le machine learning chez Land Rover BAR… Quel est état d’esprit de cette équipe dotée de gros moyens et de fortes ambitions, mais dont les performances en matches d’entraînement ont déçu ? “C’est le rush, confie Philibert Chenais : on travaille dur pour combler le gap avec les autres équipes. Objectivement, ça va être très ouvert : il suffit d’un touchdown et tu prends 100 mètres !
  • Oracle Team USA. Le defender fait depuis longtemps appel au savoir-faire français : le cabinet VPLP et Franck Cammas ont collaboré avec les Américains dès 2007, Michel Kermarec, Joseph Ozanne ou encore Francis Hueber ont longtemps fait partie de l’équipe. Aujourd’hui cinq Français y travaillent, le plus connu étant bien sûr Philippe Presti, coach de l’équipe depuis 2010 et très proche de Jimmy Spithill. Le double vainqueur de la Coupe, dont c’est la cinquième campagne, joue un rôle crucial. Les quatre autres tricolores sont membres du design team, à commencer par le pilier, Dimitri Despierres, treize années d’ancienneté chez Oracle au compteur, en charge, sur cette campagne, de la partie hydraulique des systèmes de contrôle. Il a fait venir un jeune stagiaire issu de l’Ensam : Paul-Louis Defretière. Basé le plus souvent à Auckland pour la construction, Steven Robert, spécialiste des calculs de structure (il a longtemps travaillé chez HDS), est membre du team depuis 2011. Quant à Romain Garo, spécialiste de la CFD, il travaille à distance depuis Brest. Enfin, même s’ils ne figurent pas sur la page officielle du team, deux ingénieurs français d’Airbus, partenaire de l’équipe américaine, ont été détachés à plein temps auprès d’elle. Une aide non négligeable : “C’est ma sixième coupe et c’est clairement la plus technologique, résume Dimitri Despierres. La précision et la rapidité des systèmes de contrôle deviennent prépondérants. De ce point de vue-là, les monocoques, c’était un peu agricole !
  • Emirates Team New Zealand. Cinq Français ont fait partie de l’aventure du défi kiwi. La figure la plus connue est Guillaume Verdier qui, depuis 2010, travaille sur les bolides néo-zélandais. “Il y a eu un gap énorme avant l’édition précédente, où on avait l’impression d’avoir dessiné un bateau pour aller sur la lune, et maintenant, où on a énormément progressé dans des domaines comme la mécatronique, les systèmes de contrôle des foils et des safrans, l’interaction fluides/structure. C’est passionnant !”. Dans son sillage, l’architecte français a entraîné une des collaboratrices de son cabinet, Véronique Soulé, spécialiste de la mécanique des fluides ; de son côté, Alix de Lamotte (cousine de Tanguy) a travaillé sur les plans, tandis que Patrick Alliot, ingénieur chez Safran, s’est occupé de mécanique et de modèle vibratoire. Quant à Davy Moyon, chargé des VPP et des données embarquées, il travaillait auparavant chez Luna Rossa. Au moment du coup d’envoi des régates, Guillaume Verdier confie un peu d’appréhension : “On est anxieux, d’abord parce que c’est très difficile d’évaluer le niveau des autres et leur courbe de progression, ensuite pour des questions de fiabilité. Je pense qu’il va y avoir du combat, plus que la dernière fois.”
  • Softbank Team Japan. Le défi japonais est le moins français des six participants à la Coupe : nous n’avons comptabilisé que le seul Olivier Breton, ingénieur hydraulique passé auparavant par China Team et Emirates Team New Zealand, au sein du shore team nippon.

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