37 marins au total (possibilité de changer d’équipier à chaque étape) de 12 nationalités différentes sont engagés sur les huit Class40 au départ, seulement deux battant pavillon français – “nous sommes de loin la course française qui réunit le plus d’étrangers”, se félicite Manfred Ramspacher. Pour cette seconde édition, “les projets sont mieux construits et mieux préparés, avec des bateaux achetés depuis deux ou trois ans pour certains, poursuit-il. Ce sont aussi huit belles histoires à raconter, avec des personnalités étonnantes, comme le neurochirurgien du président brésilien Lula à bord du 151 Barco Brasil ou les deux jeunes Allemands Melwin Fink et Lennart Burke.”
Âgés de 23 et 26 ans, ces derniers disputent la course sur le Pogo S4 Next Generation Boating-Around the World, encouragés par leur compatriote Boris Herrmann “qui nous a convaincus de nous lancer”, précisent-ils – ce dernier avait lui-même effectué un tour du monde en Class40 en double par étapes en 2008-2009, la Global Ocean Race. “Nous souhaitons ainsi devenir la plus jeune équipe de l’histoire à faire le tour du monde à la voile”, ajoutent-ils.
Les dates et le format de l’événement ont légèrement évolué par rapport à la première édition (2022-2023), avec une course moins longue – de 9 à 8 mois – afin de la rendre “plus accessible”, souligne Manfred Ramspacher, et “un départ en septembre au lieu de juin afin de bénéficier de meilleures conditions pour les points de passage les plus sud, le cap de Bonne Espérance et le cap Horn”. Sur les six étapes qui jalonnent le parcours de 30 000 milles, trois villes ont renouvelé leur participation, “Lorient [d’où est parti le prologue le 4 septembre, avec quatre jours de retard en raison de la météo, NDLR], Recife et Mindelo. Les trois autres – Le Port à La Réunion, Sydney et Valparaiso – ont nécessité un gros travail en amont avec des phases de prospection, de déplacement et de repérage”, résume l’organisateur.
La Réunion dans la course
Quelques règles ont été modifiées depuis la première édition, comme le système de classement aux points, revu pour favoriser les équipages qui font tout le parcours, et la suppression de la règle d’arrêt minimal de 24 heures en cas d’escale qui “risquait de pousser certains à ne pas vouloir s’arrêter en cas d’avarie ou de conditions difficiles ou dangereuses”, précise Manfred Ramspacher. Un classement des pointus a par ailleurs été mis en place afin de mettre en valeur les cinq bateaux concernés, concurrencés pour la première fois sur cette Globe40 par des scows. “C’est une évolution importante, fait d’ailleurs remarquer Manfred Ramspacher. C’est le numéro 44 [Sec Hayai, mis à l’eau en 2007, skippé par les Néerlandais Frans Budel et Ysbrand Endt, NDLR] qui a gagné la première, sur cette édition, nous accueillons les 187, 189 et 202.”
Ce dernier, plan David Raison mis à l’eau en 2024 (Crédit Mutuel), est skippé par Ian Lipinski qui, dans Tip & Shaft #487, racontait avoir eu envie “de faire quelque chose de différent. Avec la Globe40, j’ai l’impression de repartir à l’aventure, il va falloir enchaîner les étapes, l’équivalent de sept ou huit transats, sans avoir la possibilité de revenir au stand à Lorient. Cela va donc imposer un nouveau rythme.” Même engouement chez son concurrent belge Jonas Gerckens, engagé sur le Lift V2 Belgium Ocean Racing-Curium : “J’avais envie de sortir un peu de ma zone de confort et des circuits classiques type transat pour explorer une autre façon de naviguer, d’autres mers, d’autres systèmes météo et d’autres populations.”
Une première pour les scows
Ces travaux s’ajoutent à ceux exigés par l’organisation de course, à savoir “la création de deux cloisons supplémentaires afin d’avoir cinq compartiments étanches à bord du bateau, précise Manfred Ramspacher. L’objectif étant de rendre ces Class40 plus sécurisants, sans trop les modifier ni trop les alourdir”. “Cette préparation a été un nouveau challenge, raconte Jonas Gerckens, dont le projet bénéficie d’un budget global d’un million d’euros sur deux ans. Niveau logistique, nous avons essayé d’anticiper le matériel de rechange à prévoir en cas de casses éventuelles et deux préparateurs seront présents sur chaque étape.”
Au sein de l’équipe Free Dom, si aucun préparateur ne se déplacera autour du monde, Thibaut Lefevere précise qu’un “gros chantier d’hiver a été réalisé pour renforcer des cloisons et le mât ou encore créer une nouvelle casquette plus protégée avec un siège de veille. Ça a été une vraie petite entreprise à gérer au quotidien pendant trois ans avec un budget de 720 000 euros”. De son côté, l’organisation s’appuie, suivant les étapes, sur une équipe de 10 à 15 personnes pour assurer la course, l’assistance technique, la communication et la logistique générale. Le budget global – entre 1,5 et 2 millions d’euros – est financé à 75% par les villes étapes, à 20% par les droits d’inscription (20 000 euros par équipage) et le reste par des ressources diverses. Départ ce dimanche à 13h pour une étape de 1 540 milles entre Cadix et Mindelo.
Photo : Vincent Olivaud