Ce qu’il faut retenir de la Solitaire URGO Le Figaro

La Solitaire URGO Le Figaro s’est achevée vendredi matin à Dieppe par la victoire triomphale de Nicolas Lunven (Generali) devant Adrien Hardy (Agir Recouvrement) et Charlie Dalin (Skipper Macif 2015), vainqueur de la 4e étape. Tip & Shaft tire les enseignements de cette 48e édition.
  • Lunven-Hardy, fraîcheur et travail. Vainqueur de deux étapes, 3e et 4e des deux autres, Nicolas Lunven a survolé cette 48e Solitaire URGO Le Figaro, atteignant une sorte d’état de grâce ressenti notamment avant lui par deux triples vainqueurs, Yann Eliès et Jérémie Beyou : “C’est la victoire parfaite, sans contestation possible”, commente le premier, tandis que le second ajoute : “Nico fait corps avec son bateau, les réglages deviennent naturels et automatiques, si bien que derrière, il est hyper clairvoyant au niveau stratégique.” Cette victoire, Nicolas Luven, 3e en 2016, l’a construite en deux temps : d’abord en faisant une pause de deux ans en Figaro (2014-2015) qui lui a permis de souffler – “Je commençais à saturer un peu, je suis revenu plus motivé que jamais”. Ensuite en travaillant d’arrache-pied à Port-la-Forêt : “Il n’y a pas de secret : ceux qui ont bossé comme des malades cet hiver sont là à l’arrivée”, confirme Yann Eliès qui englobe Adrien Hardy, Charlie Dalin et Sébastien Simon, les grands animateurs de cette 48e édition. La recette du succès du skipper de Generali s’applique aussi à Adrien Hardy revenu d’un congé d’un an sur la Solitaire et qui s’est mis très tôt au travail cette année, à Lorient. “C’est une course qui demande tellement d’engagement, que le fait d’avoir coupé m’a peut-être donné plus d’énergie, reconnaît le Nantais. Il y avait aussi plus de fraîcheur sur les entraînements, parce que refaire tous les hivers la même chose, c’est usant. Cette Solitaire, je l’ai préparée longtemps en amont dans ma tête, et cet hiver, j’ai découvert des choses que je n’avais pas vues avant.” Résultat, lui qui n’avait fait qu’un Top 10 en 8 participations (7e en 2014) fait un très beau 2e.
  • Révélations : Pulvé et Mettraux en têtes de liste. Vainqueur du classement des bizuths et 11e au général, Julien Pulvé a surpris par sa maturité et sa régularité. Y compris au sein du Team Vendée Formation : “La dernière session d’entraînement montrait qu’il était en forte progression, mais je ne m’attendais pas à un aussi bon résultat”, confirme l’entraîneur du team, Etienne Saïz, qui ajoute : “Il a un bon sens de la glisse et sait aller vite, il est aussi très lucide, il ne s’enflamme pas, reste linéaire et régulier”. Estelle Graveleau, qui dirige le Team Vendée Formation, souligne la force mentale du Rochelais : “Il était venu nous voir alors qu’il était préparateur de Tolga Palmyr. On l’a « recruté » surtout pour sa motivation.” Du mental, Justine Mettraux en a également fait preuve sur cette édition : précédée d’une flatteuse réputation (bâtie en Mini et sur la Volvo), la Suissesse avait déçu en 2016 (27e) mais elle a su rebondir pour prendre une très bonne 7e place, première femme depuis Jeanne Grégoire à terminer dans le Top 10 : “Je savais qu’elle n’avait pas navigué à son niveau l’an dernier, confirme Tanguy Leglatin, qui l’entraîne à Lorient. Elle a bien remis la main sur son projet, bien préparé son bateau, et s’est mieux concentrée sur ses trajectoires. Depuis que je l’ai vue en Mini, je sais qu’elle est douée ; là, elle le prouve à tout le monde et marque les esprit”. Autres bonnes surprises de cette Solitaire 2017 : Damien Cloarec – également entraîné à Lorient – qui signe une belle 10e place, et Gildas Mahé, qui, avec un budget sauvé de justesse par la patronne des Perles de Saint-Barth, finit pour la 3e fois dans le Top 5 (5e comme en 2007, 4e en 2014). “Gildas, c’est un talent pur. Il ne gagne pas parce qu’il n’a pratiquement jamais disposé des moyens et qu’il n’est pas intéressé par la gloire, mais c’est un mec de combat, note Christian Le Pape, patron du Pôle de Port-la-Forêt, où le skipper d’Action Contre la Faim a été skipper et coach.
  • Beyou/Eliès, durs retours. Jérémie Beyou 13e au général, Yann Eliès 6e : le retour des « Vendéens », que certains voyaient bien chercher une quatrième victoire, s’est avéré plus rude que prévu. Le skipper de Charal a régulièrement pointé un manque de mordant et s’interroge sur son “déficit de vitesse au portant”. Le 5e du Vendée Globe explique, lui, avoir “été dans l’adversité toute la course, je me suis battu pour essayer de trouver des sensations et de la vitesse. Quand tu n’as pas la vitesse, tu te mets à surjouer, à tirer dans les coins, c’est un mauvais engrenage.” Sollicitations médiatiques d’après-Vendée, projets à relancer, fatigue accumulée et préparation tronquée, les raisons sont nombreuses pour expliquer des résultats souvent constatés après le tour du monde en solitaire. “Si je reviens sur l’épreuve, il faudra que ce soit dans d’autres conditions, une circumnavigation en solitaire, ce n’est pas anodin, conclut Yann Eliès.

    Le panel d’experts réunis par Tip & Shaft au départ de la Solitaire a visé juste pour le vainqueur… mais moins bien pour le reste du podium 😉

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