La Fédération Français de Voile et la classe Figaro Beneteau ont annoncé que le Tour Voile serait de retour en 2023, en Figaro 3, avec un format raccourci qui englobera le Tour de Bretagne. Tip & Shaft vous en dit plus sur ce projet.
Un peu moins d’un an après le retrait de Normandie Evénéments (voir notre article), qui n’aura organisé qu’une seule édition, en 2021, le Tour Voile sera de retour en juillet prochain sur un nouveau support, le Figaro Beneteau 3. L’annonce a été officialisée samedi dernier lors de la remise des prix du championnat de France Elite de course au large, par le président de la classe Figaro Beneteau, Jean-Bernard Le Boucher, et celui de la Fédération française de voile, Jean-Luc Denéchau.
“Il y avait au sein de la Fédération une volonté forte de retrouver une compétition qui puisse permettre de former des jeunes à la course au large, explique ce dernier. On a travaillé avec la classe Figaro sur un projet avec deux maîtres mots : formation et sobriété.” D’où le choix du Figaro 3 – l’accord avec la classe porte sur trois ans -, préféré, par exemple, au futur Sun Fast 30 One Design (ex Class30), que ses promoteurs, dont l’UNCL, auraient bien vu comme le support du Tour à moyen terme.
“On vit dans un monde qui a changé économiquement, poursuit le président de la FFV. On a donc souhaité utiliser des bateaux existants, je ne veux pas que mes clubs aient à faire des investissements hors de portée pour former leurs jeunes à la course au large.” Président de l’UNCL, désormais rattaché au Yacht Club de France, Géry Trenteseaux n’en prend pas ombrage : “J’avais rencontré Jean-Luc Denéchau et Corinne Migraine (vice-présidente) début septembre sur le sujet, ils ont été transparents, donc il n’y a pas de déception. Et de toute façon, notre monotype ne pouvait pas être disponible en quantité suffisante en 2023.”
Après s’être mise d’accord avec la classe Figaro, la FFVoile s’est rapprochée d’Amaury Sport Organisation, propriétaire du Tour Voile depuis 2012, qui a renoncé fin 2020 à l’organiser, pour récupérer la licence. Ce que A.S.O. a accepté, concédant la marque Tour Voile à la fédération pour une durée de trois ans sur le modèle d’une sorte de location-gérance, déjà utilisé avec Normandie Evénements.
Trois organisateurs sollicités
Ce Tour Voile nouvelle formule se disputera donc lors de la première quinzaine de juillet en équipage de quatre – dont deux jeunes de moins de 26 ans et une femme, qui pourront tourner sur les différentes étapes – et en deux parties. La première empruntera le parcours, présenté également samedi dernier, du Tour de Bretagne à la voile (épreuve du championnat de France Elite de course en large courue en double), qui fera donc l’objet de deux classements séparés, avant, selon Jean-Luc Denéchau “une grande étape entre Quiberon et une ville située plus au sud.”
Organisatrice du Tour de Bretagne, la ligue de voile de Bretagne sera chargée de la première partie du Tour Voile. “Ça permet à cette édition du Tour de s’appuyer sur une épreuve existante et de se roder avec des équipes qui savent faire”, commente Bernard Bocquet, qui s’occupe du Tour de Bretagne pour la ligue.
Un prestataire privé s’occupera de la seconde partie. “On a lancé une consultation ciblée auprès de trois organisateurs pour faire appel à de la créativité”, confirme Jean-Bernard Le Boucher, sans préciser lesquels. Selon nos informations, il s’agit d’Upswing Prod, qui organise le Pro Sailing Tour, d’Ultim Sailing, qui cette année, a notamment été aux manettes d’une nouvelle course en Figaro, le Trophée Banque Populaire Grand Ouest, et d’Aloha Attitude, société brestoise spécialisée dans l’événementiel et la gestion de projets (dont celui d’Eric Péron).
Sollicités, ces organisateurs ont reconnu avoir reçu le dossier. “Nous ne l’avons pas encore étudié dans toutes ses composantes”, nous a simplement répondu Julien Mauriat pour Upswing Prod ; “on trouve le sujet passionnant”, a de son côté commenté Emmanuel Bachellerie, pour Ultim Sailing, tandis que Christophe Boutet, fondateur d’Aloha Attitude, s’est monté plus prolixe : “Le projet est intéressant, mais la feuille de route n’est pas facile à tenir, car l’événement arrive vite et qu’il s’appuie en partie sur une épreuve déjà existante, ce ne sera pas forcément évident de trouver sa place, mais nous étudions le dossier.”
Une dizaine d’équipages espérés
L’heureux élu sera connu “dans les semaines à venir”, selon Jean-Bernard Le Boucher, charge ensuite à tous les protagonistes d’attirer le maximum d’équipages. “Pour cette première, on table sur une dizaine d’engagés, on veut notamment aider les ligues à s’y intéresser”, explique Jean-Luc Denéchau qui évoque un budget, pour participer au Tour Voile, de “15 000 à 20 000 euros“.
Joint par Tip & Shaft, Cédric Chateau, directeur sportif de la ligue de Normandie, très impliquée depuis des années dans la formation de jeunes équipages, en inshore, match racing et Diam 24, se montre intéressé par le format proposé, même s’il estime que le budget sera sans doute plus élevé. “On commence à y réfléchir avec Francis (Le Goff, directeur de la ligue), on aimerait bien monter une ou deux équipes, ça dépendra des moyens qu’on réussira à trouver. Comme l’objectif ne sera pas seulement de participer, mais de progresser, je pense que ça nécessitera un peu d’entraînements en amont, donc d’encadrement. J’ai plus l’impression qu’on sera sur un budget de l’ordre de 40 000 à 50 0000 euros. Maintenant, la marque Tour voile est un atout pour trouver des partenaires privés.”
Jean-Bernard Le Boucher évoque de son côté “un modèle hyper intéressant économiquement, qui permet de démarrer en Figaro sans avoir des moyens énormes”. Et peut permettre à la classe, qui a inscrit le Tour Voile au calendrier de son Académie, lancée en 2022, d’attirer de nouveaux marins, dans un contexte de stagnation du nombre d’inscrits à ses courses. “Je pense que la bonne voie pour redynamiser la classe et avoir plus de participants d’ici trois-quatre ans sur nos grandes épreuves en solitaire et en double est d’aller chercher des jeunes.”
Photo : Qaptur