Départ Transat En Double

Comment Paprec monte en puissance dans la voile

Paprec a été officialisé mercredi comme partenaire titre de la Transat en double Concarneau-Saint-Barthélemy et comme partenaire principal de la Solitaire du Figaro, deux courses organisées par OC Sport Pen Duick. Avec au passage une refonte de la première qui se disputera en double mixte. Tip & Shaft vous en dit plus.

Engagé dans la voile depuis le milieu des années 1990, notamment auprès de Jean-Pierre Dick, Paprec Group a officialisé cette semaine sa nette montée en puissance. D’abord en devenant le nouveau partenaire titre de celle qu’il faudra désormais appeler la Transat Paprec, dont le sponsor historique depuis la première édition de 1992, AG2R La Mondiale, avait signifié en janvier 2020 qu’il ne poursuivrait pas au-delà de l’édition 2020 (finalement reportée d’un an). Ensuite en s’associant en tant que partenaire principal à la Solitaire du Figaro.

Les premiers contacts entre OC Sport Pen Duick, organisateur des deux courses, et le groupe dirigé par Sébastien Petithuguenin remontent à environ un an. Cela s’est fait en deux temps, raconte à Tip & Shaft Hervé Favre, CEO d’OC Sport. Nous les avions approchés une première fois en avril 2021 pour leur parler de la Solitaire, ils n’avaient pas donné suite. Finalement, ils nous ont rappelés en octobre en nous disant qu’ils voulaient discuter.”

Sébastien Petithuguenin poursuit : “Je suis venu sur une étape de la Solitaire l’été dernier à Lorient. La discussion s’est engagée assez doucement. J’ai moi-même participé à la course en 2018 [20e au général, victoire en amateurs, NDLR], j’ai un attachement très fort pour cette classe. On réfléchissait alors au fait d’être partenaires de la voile à plusieurs niveaux, on s’est posé la question de sponsoriser un Figaro, de créer une filière, on a finalement décidé de saisir l’opportunité d’OC Sport, tout s’est vraiment accéléré en fin d’année.”

 

Plusieurs formats
proposés

 

Et notamment les discussions autour du format de la transat en double, que l’organisateur, comme l’entreprise, souhaitaient faire évoluer. On a proposé trois options à Paprec : transat en solitaire, double mixte et double bizuth/marin expérimenté ; ils ont choisi le double mixte”, confirme Hervé Favre. On voulait que notre partenariat ait une utilité, ajoute Sébastien Petithuguenin. J’étais la semaine dernière à Hyères [pour la Semaine olympique française, NDLR], on voit que le format double mixte suscite une adhésion forte et fait émerger des talents. Pour nous, ça a beaucoup de sens d’ouvrir plus largement aux femmes la possibilité d’accéder à d’autres circuits.”

L’officialisation du double partenariat, prévue mi-décembre 2021, est plusieurs fois reportée pour être annoncée… presque cinq mois plus tard. “C’était à nos yeux très important que toutes les parties prenantes soient vraiment raccord ; or, nous n’étions pas arrivés à une forme de consensus sur le format de la Transat Paprec. Nous avions proposé le double mixte, mais on ne voulait pas le faire contre les autres, il fallait que ce soit accepté par tous”, justifie le DG de Paprec Group.

Le format ne suscite en effet pas l’enthousiasme général au sein de la classe Figaro Beneteau, comme le confirme un sondage auprès de ses adhérents. “Une majorité se dégageait pour garder le choix de disputer la transat en double mixte ou pas, confirme Marcus Hutchison, membre du conseil d’administration, lui-même fervent partisan du double mixte. Mais ce n’était pas non plus une porte fermée.” Pour Hervé Favre, “ils [les membres de la classe] auraient préféré que ça se fasse de façon plus progressive dans le temps ; de notre côté, on estimait que l’eau tiède, ça ne marchait pas : soit on y allait à fond, soit on n’y allait pas.”

 

Un engagement
dans la durée

 

Interrogée par Tip & Shaft sur la question, Jeanne Grégoire, directrice du pôle Finistère course au large, répond : “Je suis toujours embarrassée par les histoires de quotas ; si on ne le fait pas, on aura toujours du mal à faire naviguer plus de filles ; d’un autre côté, des jeunes coureurs qui espéraient emmener un vieux briscard sur la transat pour apprendre et préparer la saison vont devoir changer de démarche.” Pour Sophie Faguet, qui a fait de la Transat Paprec un projet prioritaire, l’annonce est une bonne nouvelle : “Paprec est à fond dans la voile depuis des années, ça donne de la crédibilité, je pense qu’avec un partenaire fort comme ça, ce genre de décision passe plus facilement auprès des coureurs et des sponsors.”

D’autant que le double partenariat s’inscrit dans la durée, puisque le groupe s’est engagé pour trois éditions de la transat en double et sept de la Solitaire ! “On avait proposé deux éditions de la transat, ils ont voulu s’engager sur trois”, se réjouit Hervé Favre. “Avant même de parler de mixité, il faut juste se dire que c’est absolument génial pour la classe Figaro d’avoir enfin un partenaire qui s’engage sur une telle durée, c’est une énorme reconnaissance pour ce circuit de champions, ajoute Jeanne Grégoire.

“Comme on le fait sur notre programme Imoca avec Arkéa [avec Sébastien Simon sur le dernier Vendée Globe et Yoann Richomme pour le prochain, nouveau bateau à la clé, NDLR], on veut se donner le temps de réussir, commente de son côté Sébastien Petithugunenin.

 

Dix à quinze bateaux
espérés en 2023

 

Qui, pour la première édition de la transat en double mixte (départ en avril 2023 de Concarneau), espère “une quinzaine de bateaux”, Hervé Favre évoquant de son côté une fourchette “entre dix et quinze.” Avant d’ajouter : “On est conscients que ça ne va pas se faire du jour au lendemain, c’est aussi pour ça qu’on est très contents de faire des annonces dès maintenant : ça laisse une année à ceux et celles qui veulent participer pour trouver les financements et s’entraîner. C’est plutôt d’ici trois ans qu’on pourra dire si le concept a pris ou pas. Ce qui est certain, c’est qu’on va faire beaucoup de promo.”

Notamment à l’étranger, où Marcus Hutchinson est persuadé que le nouveau format trouvera un écho favorable : La Transat Paprec devient la course phare du double mixte. Même si l’épreuve olympique pour Paris 2024 n’a pas abouti, ça a déclenché pas mal de mobilisation à l’étranger : le double au large est aujourd’hui beaucoup plus pratiqué et le double mixte a tout de suite plu.” Pour l’Irlandais, la suite idéale serait que les nouveaux venus prennent ensuite goût au Figaro Beneteau 3 pour s’essayer à la Solitaire.

 

Paprec, poids lourd
de la voile française

 

Une Solitaire dont Paprec ne prendra pas le naming – “C’est une forme de patrimoine culturel, on serait à côté de la plaque de vouloir changer son nom”, explique le DG -, mais qu’il espère rendre plus attractive en faisant revenir quelques glorieuses figures. D’où la création d’un Trophée des Légendes, classement spécial réservé à ceux qui ont marqué l’histoire de la course – selon des critères à définir (podium au général, victoires d’étapes, nombre de participations…) – mais n’ayant pas forcément le temps de s’aligner sur toutes les courses du circuit.

Entre l’Imoca, un nouveau Wally 107 qui remplace le TP52 – “On souhaitait participer à des transats et à des courses comme la Sydney-Hobart, ce que ne permet pas le TP52”, explique Sébastien Petithuguenin – et ce double partenariat, Paprec devient un poids lourd de la voile française, à l’instar des sponsors historiques que sont Banque Populaire et Sodebo. Un statut assumé par son DG : “Notre ambition est d’être un partenaire majeur de la voile, on veut prendre notre part pour fortifier cette filière et on espère que d’autres nous suivront, notamment pour soutenir le Tour de France à la voile.”

Le budget de cette stratégie ? Plusieurs millions d’euros [par an], on ne souhaite pas communiquer sur le montant exact, mais c’est un partenariat significatif, la croissance de l’entreprise [2,2 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2021, NDLR] nous permet de dégager de nouveaux moyens.” Qui permettront à OC Sport de stabiliser le budget, des deux épreuves – estimé par Hervé Favre à 2 millions d’euros pour la Solitaire et 1,2 million pour la Transat Paprec. Mais également de les rendre plus attractives, avec notamment une hausse significative du prize money (+40%) annoncée récemment sur la Solitaire.

Photo : Alexis Courcoux

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