Gaston Morvan Figaro

Gaston Morvan : “En Figaro, il y a des places à prendre”

Après une première saison sur le circuit Figaro Beneteau sous les couleurs de Bretagne CMB Espoir couronnée d’une 7e place – premier bizuth – sur la Solitaire, Gaston Morvan a bien attaqué 2022, se classant 5e de la Solo Maître CoQ et 2e avec Pascal Bidégorry du Trophée Banque Populaire Grand Ouest arrivé jeudi. L’occasion pour Tip & Shaft d’échanger avec le fils de Gildas Morvan.

► Pourquoi avoir choisi Pascal Bidégorry pour t’accompagner sur ce Trophée BPGO et comment cela s’est-il passé sur l’eau ?
Cette course n’est pas au championnat de France, mais je voulais absolument la faire, parce que je la trouvais très intéressante pour préparer la Solitaire du Figaro, c’était une sorte de reconnaissance du parcours. Je me suis dit qu’il fallait que je prenne quelqu’un avec qui j’allais apprendre, Pascal était le premier sur la liste. Il est venu cet hiver sur les stages, il m’a dit oui très vite. Sur l’eau, j’ai effectivement appris plein de choses. Je l’ai laissé faire les réglages comme il voulait, car l’idée était d’observer sa méthode. Ce qui m’a marqué, c’est l’intensité qu’il met en permanence, il est toujours à 120%, mais aussi son souci du détail : tout est hyper cadré, il n’y avait pas 100 grammes de trop dans le bateau, toutes les marques avaient été bien mesurées, il est très cartésien dans son approche. Ensuite, comme il a fait tout le développement des voiles du Figaro 3 en 2019 et 2020 chez North et Incidence, on a beaucoup échangé sur le sujet, d’autant que je voulais faire mes choix de voiles pour la Solitaire après cette course.

► Vous terminez juste derrière Erwan Le Draoulec et Loïs Berrehar, le résultat est-il conforme au déroulé de la course ?
Oui, on a fait des super coups, on a réussi à faire des gros come-backs avec des phases très propres, mais on n’a pas navigué au même niveau que les skippers Macif qui ont tout le temps été rapides et aux avant-postes. On a quand même réussi à prendre la tête à quelques milles de l’arrivée, mais on a fait le choix de passer un peu à l’extérieur des cailloux, eux sont allés là où il n’y avait que 20 ou 30 centimètres d’eau sous la quille, ça a payé. Il y a un petit regret, mais deuxième, c’est une bonne place.

► La suite du programme ?
On enchaîne en mai avec la Le Havre All Mer Cup, puis la Sardinha Cup début juin, que je vais courir avec Benjamin Schwartz. Après, on aura quelques semaines de break, que j’aimerais bien mettre à profit pour aller naviguer sur d’autres bateaux, j’ai peut-être une piste pour faire la course en Ultim début juillet. Ensuite la Solo Concarneau, début août, et la Solitaire.

 

“Un Top 5 sur la Solitaire
me plairait bien”

 

► Quels objectifs te fixes-tu sur cette saison après un exercice 2021 réussi ?
J’aimerais bien franchir encore une étape et donc rentrer régulièrement dans les cinq premiers. Un Top 5 sur la Solitaire me plairait bien, des podiums d’étapes aussi ; maintenant, il ne faut pas que je sois trop prétentieux, ce n’est que ma deuxième saison en Figaro, je n’ai pas encore le niveau d’un Tom (Laperche), j’ai encore du boulot pour y arriver.

► Qu’est-ce qui te sépare de lui aujourd’hui ?
C’est un vrai talent, il l’a montré : il a gagné des courses dès sa deuxième saison en Figaro, il a remporté trois fois la Maître CoQ, fait deux podiums sur ses deux Solitaire… Je pense qu’il a une approche complète, il arrive à faire simple, il est super fort dans la vitesse, les réglages, il met le curseur un peu plus haut que tout le monde. Et, en termes de stratégie, il a toujours une vision assez claire de ce qui se passe, ça lui permet d’avoir un temps d’avance dans la prise de décision. En revanche, ce n’est pas quelqu’un qui prend beaucoup de risques, il est un peu comme Charlie Dalin : tout le temps propre et très bien placé. Je pense que je suis un peu plus joueur. On a fait le constat avec le pôle Finistère que les trois derniers vainqueurs – Yoann Richomme, Armel Le Cléac’h, Pierre Quiroga – avaient des profils un peu engagés en termes de décisions. Donc ils nous poussent à prendre un peu plus de liberté.

 

“Depuis tout petit, j’avais
cette idée de faire du Figaro”

 

► Plusieurs ténors de la classe ont quitté la classe en fin de saison dernière, le jeu est-il plus ouvert ?
Oui, quand tu vois partir des Pierre Quiroga, Xavier Macaire, Gildas Mahé, tu te dis qu’il y a des places à prendre pour des mecs comme moi. Maintenant, il ne faut pas non plus que je me dise que, sous prétexte que j’ai fait septième, je vais mathématiquement gagner trois-quatre places du fait de ces départs. Je ne suis encore qu’un espoir, je ne vais pas me mettre la pression ; d’ailleurs, mes partenaires ne m’en mettent pas ; ce qu’ils veulent, c’est du travail, de la méthodologie, de l’engagement et de la rigueur.

► Jeune, tu as fait de la voile olympique, le large et le Figaro ont-ils toujours été un objectif ?
Je me suis bien éclaté en Laser avec l’équipe de France jeune, je naviguais 15 jours par mois, je progressais et ça me permettait de faire mes études en parallèle, mais oui, depuis tout petit, j’avais en tête cette idée de faire de la course au large et du Figaro. J’ai baigné dedans, j’allais à tous les départs et arrivées de mon père, j’avais les deux pieds dedans, même s’il ne m’a jamais poussé. Ce qui m’a toujours attiré dans ce circuit, c’est de naviguer avec les « top guns », les meilleurs sont en Figaro.

► Tu te vois durer longtemps sur le circuit ? As-tu un plan de carrière ?
Pour l’instant, je ne pense qu’au Figaro, parce que ce qui m’anime, c’est de gagner un jour la Solitaire. Là, j’ai encore deux saisons après celle-ci dans la filière Bretagne CMB, j’ai le temps de voir, même si je suis attentif à ce qui se passe autour. Le problème, c’est que tout me fait rêver : la Class40 a bien évolué, le Vendée Globe m’attirait moins avant, aujourd’hui, je trouve ça génial, mais ce qui me fait quand même le plus rêver, c’est l’Ultim.

Photo : Pierre Bouras / Bretagne CMB

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