Michel Desjoyeaux : “J’ai hâte de voir les foils de SMA en action”

Au moment où SMA s’apprête à être remis à l’eau, Michel Desjoyeaux nous parle du concept de foils qui va être testé sur l’Imoca de Paul Meilhat. Le patron de Mer Agitée évoque également la Coupe de l’America et Groupama Team France.

Impliqué via sa société Mer Agitée dans le projet Imoca de Paul Meilhat, Michel Desjoyeaux travaille depuis deux ans à la conception d’un foil hybride qui va être testé prochainement sur SMA. Parallèlement, il tient un rôle d’ambassadeur deGroupama Team France et reste impliqué sur le circuit Figaro. A l’occasion de l’annonce, la semaine dernière, du duo Peilhat/Gahinet pour la prochaine transat Jacques Vabre, Tip & Shaft l’a rencontré à Port-la-Forêt.

Vous allez tester un foil tribord sur SMA dès les premières navigations fin avril, à quand remonte ce projet ?
En 2015, notre objectif était déjà de faire des foils compatibles avec le bateau existant. Face à des bateaux conçus avec des foils, je ne voyais pas bien comment transformer SMA en version « copie des nouveaux bateaux » dans un temps réduit. D’autant que lors des premières navigations des foilers, on voyait qu’ils gagnaient beaucoup dans certaines conditions, mais qu’ils perdaient pas mal dans d’autres. Donc, nous avons travaillé pour voir si on ne pouvait pas trouver une version intermédiaire sans avoir besoin de tout casser l’existant et de renforcer toute la structure du bateau, histoire, si jamais ça ne marchait pas, de pouvoir revenir à des dérives droites. Nous avons essayé de viser une voie intermédiaire plus polyvalente qui restait dans des coûts maîtrisés par rapport au bateau. Le projet a pris du retard suite à l’abandon de Paul sur la Transat Saint-Barth-Port-la-Forêt, on a un moment voulu mettre les foils l’année dernière, c’était possible, mais nous n’aurions pas eu le temps de les tester et surtout, on ne voulait pas mettre en péril la qualification de Paul pour le Vendée Globe, donc à un moment, on a dit stop. Là, on a a hâte de voir les foils en action.

Concrètement, peux-tu nous présenter le concept ?
Nous utilisons le même puits que pour les dérives droites qu’il a fallu élargir à l’intérieur pour passer la courbure des shafts. Donc nous avons les mêmes entrées et les mêmes sorties, nous avons bien évidemment changé les cales. Les efforts sont relativement contenus et ne pèsent pas trop sur la structure du bateau, l’essentiel passe dans la commande de descente du foil pour encaisser la poussée du tip. C’est un foil plus vertical : plus tu le descends, plus le tip fait de l’anti-dérive et le shaft est une dérive ; plus tu le remontes, moins il y a d’anti-dérive et plus le tip pousse verticalement. Cela n’a rien à voir en termes de design avec les foils que nous avons vus sur les autres bateaux, c’est une forme relativement simple finalement parce qu’il fallait s’accommoder du puits de dérive existant. Et cela nécessite très peu de renforts et nous permet de garder le même mât, parce que quand le tip pousse sous le bateau, il pousse sensiblement sous le centre de carène ; avec le bateau gîté à 25 degrés, le moment de redressement est quasiment le même.

Quels sont aujourd’hui tes autres projets de Mer Agitée ?
On fait un peu plein de choses : on aide un figariste qui a trouvé un budget à structurer son projet pour être au départ de la saison, on s’est débrouillés pour que Paul aille faire du Diam 24 pour se diversifier, on a notre cata Z 2015 qui va aller à l’eau bientôt et sera un outil d’accompagnement des bateaux de course. Via le bureau d’études Mer Forte on travaille sur le projet du Figaro 3, où l’on sert d’intermédiaire entre les architectes et le chantier pour la préparation des moules, on essaye d’apporter notre touche pour en faire un bon bateau. Je me consacre un peu à Groupama Team France, même si je tiens plus un rôle d’ambassadeur maintenant que Franck (Cammas) est aux Bermudes.

Etait-ce prévu comme ça à l’origine de ne te voir que dans ce rôle ?
Non, mais quand tout a démarré en 2015, j’étais engagé sur SMA et je ne pouvais pas partir. Le projet opérationnel a donc démarré sans moi et une fois qu’il a été lancé, il était bien structuré, avec des gens à leur place et un boulot bien fait, ça me paraissait délicat de revenir en disant : “Coucou, c’est moi le chef !” En plus, je savais qu’il fallait que je m’y mette à 100% et ce n’était pas compatible avec mes autres activités. Je me suis donc dit qu’il valait mieux que je reste à prêcher la bonne parole plutôt que de tout mal faire.

Comment vois-tu Groupama Team France sur la 35e Coupe ?
Ce n’est pas très simple, parce que nous ne sommes pas en avance. Il ne faut pas se voiler la face : nous sommes une petite écurie au milieu d’artilleries lourdes ; à partir de là, nous ne sommes pas à l’abri d’une bonne nouvelle, on va se battre avec nos armes, mais on sait que ce sera difficile parce que les autres sont loin d’être manchots et qu’ils ont les moyens qui vont avec. Et je rappelle que dès l’origine, notre volonté est de retourner sur les éditions d’après avec les acquis de celle-là, nous sommes dans une vision à long terme.

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