Paprec a officialisé jeudi lors d’une conférence de presse à Paris son engagement pour quatre années supplémentaires aux côtés de Yoann Richomme, avec un nouvel Imoca, mais sans Arkéa. Tip & Shaft vous en dit plus.
C’est dans la bien nommée salle Vendée Globe du siège parisien du groupe Paprec, où se tiennent les conseils d’administration, que Sébastien Petithuguenin, directeur général de Paprec, entouré de Yoann Richomme et de Romain Ménard, directeur de l’équipe Team Spirit Racing, a ouvert jeudi matin la conférence de presse de présentation du nouveau projet Imoca. “On a décidé de continuer avec Yoann et Team Spirit Racing pour un nouveau cycle de quatre ans à destination du Vendée Globe 2028, on croit à l’engagement sur la durée qui permet de créer de la performance”, a annoncé l’intéressé.
Cette décision de se lancer sur un septième cycle de Vendée Globe n’est pas une surprise pour un groupe qui, lorsqu’il a créé avec Arkéa la structure Team Spirit Racing il y a quatre ans après une expérience mitigée aux côtés de Sébastien Simon sur le Vendée Globe 2020, “avait déjà posé les bases pour continuer“, poursuit Sébastien Petithuguenin.
Restait à savoir comment, avec qui et sur quel programme. “On a vraiment commencé à se poser les questions de la suite il y a un an et demi, nous confie Romain Ménard. C’était important de proposer un chemin à nos partenaires et de ne pas rater des échéances. On a tout mis sur la table : Ultim, Imoca avec ou sans The Ocean Race, Class40… Et finalement, on a très vite fait le tri : aujourd’hui, le circuit Imoca, en plus de proposer une intensité et un intérêt sportifs remarquables, offre une vraie visibilité médiatique et financière aux partenaires avec un circuit pérenne et des actifs que tu peux revendre.”
“On repart sur des bases connues”
Le choix de repartir en Imoca entériné, le skipper et son équipe sont ensuite réellement entrés dans le vif du sujet du projet au cours de l’année 2024. “On a d’abord validé le choix de construire un bateau, parce qu’on a tous la conviction qu’à chaque génération, il y a un petit truc en plus et que si tu veux vraiment mettre toutes les chances de ton côté pour gagner le Vendée Globe, un nouveau bateau est pratiquement indispensable”, poursuit Romain Ménard.Restait à trouver l’architecte et le chantier, l’équipe a fait le choix de la continuité en optant pour Antoine Koch, qui signe cette fois le bateau seul – Finot Conq vient en support sur les VPP, GSea Design sur la structure – et Multiplast. “On a également consulté VPLP qui nous a présenté un dossier extrêmement solide, commente Yoann Richomme, mais on a finalement décidé de continuer avec Antoine, qui, avec notre bateau actuel, a clairement mis le doigt sur quelque chose. Notre niveau de satisfaction a été assez exceptionnel et on s’est dit qu’on n’avait pas été au bout de l’histoire et de la réflexion avec lui. Avec en plus Multiplast, on repart sur des bases connues, c’est un gage de qualité.”
A quoi ressemblera cet Imoca qui entrera dans sa phase de construction en juillet avec la fabrication des outillages pour une mise à l’eau à la fin du premier trimestre 2027 ? “La philosophie générale sera proche de l’actuel qui a de gros points forts au portant, notamment dans la brise, mais quelques défauts dans le vent moyen, surtout au près. On va essayer de garder nos qualités et de combler ces défauts, il y a du gain à faire un peu partout”, répond le skipper. Avant de préciser : “On est dans les dernières semaines de finalisation de la carène et on commence le travail de design du cockpit la semaine prochaine. Par rapport à il y a quatre ans, on a une meilleure compréhension d’un Imoca qui fait le tour du monde à 18 nœuds de moyenne et à plus de 23 un quart du temps, il faut trouver les moyens de bien supporter ça à bord.”
Arkéa arrête
Si quasiment toutes les pièces du puzzle du nouveau projet avaient été assemblées avant le départ du Vendée Globe, il en manquait deux, celles du skipper et du co-partenaire titre, Arkéa. “J’ai pris le temps de la décision de repartir, déjà parce que j’avais la crainte de ne pas apprécier le Vendée Globe. Ensuite, parce que je voulais faire un bilan global, c’est une charge qui ne repose pas que sur moi, elle concerne surtout ma famille, explique Yoann Richomme. Au final, cette édition s’est super bien passée, je l’ai vécue de façon assez légère et j’ai mis un mois à récupérer alors que je m’attendais à plusieurs.”Pour ce qui est d’Arkéa, la réponse est arrivée en février, peu après l’arrivée : le groupe bancaire a pris la décision de ne pas repartir. “La décision a été prise il y a quelques mois, confirme à Tip & Shaft Cédric Malengreau, directeur du secrétariat général et de la communication institutionnelle du Crédit Mutuel Arkéa. On s’était donné un peu de latitude en fonction des résultats du Vendée Globe, qui ont forcément amené de la remise en question, mais finalement, ce choix de ne pas poursuivre l’aventure Imoca a été confirmé.”
La raison ? “Je dis souvent que le sponsoring sportif est l’alliance de la raison et de l’émotion, répond-il. L’émotion était clairement au rendez-vous, on a vécu ce cycle du Vendée Globe de manière intense et exceptionnelle, mais il y a aussi un rationnel économique, il a fallu faire des arbitrages au regard du contexte général.” L’hypothèse de rester partenaire, mais à un niveau moindre, si elle a été évoquée, “a assez été vite abandonnée, parce qu’on trouvait que l’aventure telle qu’on l’avait bâtie avec Paprec était belle, on l’imaginait difficilement dans un autre rapport avec eux”, ajoute Cédric Malengreau. Qui précise à propos d’Arkéa, toujours engagé sur la deuxième édition de l’Arkea Ultim Challenge et dans la filière Brétagne-Crédit Mutuel de Bretagne : “Il n’est pas impossible qu’on revienne sous des formes différentes, mais sans doute pas sur un nouveau projet Imoca.”
Quel programme en 2026 ?
Cette décision de se retirer, confirmée à Paprec peu après le Vendée Globe, a conduit Sébastien Petithuguenin à décider “d’assumer seul le naming“, même si d’autres partenaires pourraient se joindre au projet. “Ce n’est ni un choix par défaut, ni un choix contraint”, explique le directeur général qui parle d’un “effort financier multiplié par deux, le sponsoring le plus important de l’histoire de Paprec”. A combien se monte-t-il ? 9 millions d’euros pour le bateau et environ 12 millions de budget sur quatre ans, tandis que la rénovation et l’agrandissement du Glorieux 1, le bâtiment de Team Spirit Racing à Lorient, a coûté 2,5 millions d’euros.Une deuxième Imoca devrait s’y installer rapidement, tandis que l’équipe de Yoann Richomme confirme qu’un sistership du futur Paprec va sans doute être construit dans la foulée, pour une mise à l’eau en mai/juin 2027. “C’est organisé, mais rien n’est signé”, précise Sébastien Petithuguenin, qui refuse de confirmer l’identité du futur skipper et de son sponsor – Sam Goodchild et Leyton, selon nos informations.
A propos de programme, le directeur général explique que The Ocean Race 2027 n’est pas d’actualité : “On s’est posé la question, mais on l’a écartée pour deux raisons : d’abord parce que même si Paprec s’est développé à l’international, c’est pour l’instant surtout en Europe, on n’a pas de notoriété à développer dans un périmètre plus large. Ensuite, parce qu’on ne veut pas se tromper d’objectif, on veut rester concentré sur le Vendée Globe. Maintenant, le groupe va continuer à grandir, c’est possible qu’on y vienne un jour.” Et que Yoann Richomme participe à “une ou deux étapes” en 2027, comme ce dernier le précise.
La mise à l’eau de Paprec étant prévue au printemps 2027, il n’y aura a priori pas non plus de Route du Rhum au programme en 2026, année pour l’instant vierge de navigation pour le skipper. “Ça va me permettre de souffler, c’était d’ailleurs un critère pour moi, je ne voulais pas repartir tête baissée pendant quatre ans sur le même rythme. Maintenant pourquoi pas faire la Solitaire à laquelle Paprec est attaché ? On ne s’est pas encore penchés sur la question de ce programme 2026, on le fera cet été, mais l’idée est d’arriver en 2027 avec beaucoup d’énergie.” Il en faudra, car l’ambition de ce nouveau cycle est affichée par Sébastien Petithuguenin : “On vise la victoire, c’est clairement un objectif élevé.”
Photo : Martinez Studio