LA MACSF a officialisé jeudi son nouveau projet Imoca en vue du Vendée Globe 2028, avec Corentin Horeau qui prendra à partir de 2026 la barre de l’actuel Paprec Arkéa (plan Koch-Finot-Conq) de Yoann Richomme, avec lequel il va d’ailleurs courir cette saison. Directeur général de la mutuelle, Stéphane Dessirier détaille les contours de ce projet.
Quel bilan avez-vous-fait du Vendée Globe 2024 avec Isabelle Joschke ?
Nous sommes très contents de notre partenariat avec Isabelle et l’équipe d’Alain Gautier, qui dure depuis 2019. Notre engagement dans la voile remonte quant à lui à une cinquantaine d’années, puisque notre premier sponsoring était en Figaro avec Olivier Moussy en 1979. C’est un partenariat très naturel, parce que nos sociétaires sont essentiellement des professionnels de santé, qui aiment et pratiquent la voile, donc le bilan a toujours été très positif. Pour ce qui est du Vendée Globe, c’était notre troisième, notre deuxième avec Isabelle qui a fait une bonne course, elle n’a pas été aidée parce qu’elle a eu quelques problèmes techniques, notamment le bris d’un foil, mais pour nous avons été très satisfaits de cette nouvelle campagne et c’est pour ça que nous avons renouvelé notre engagement.
Avez-vous chiffré les retombées de ce Vendée Globe ?
Nous l’avions fait sur la précédente édition, l’étude faisait apparaître que pour un euro investi, on récupérait à peu près trois euros.
Comment et quand avez-vous décidé de remettre ça en vue de l’édition 2028 ?
C’est une décision que nous avons prise début 2024. Quand on a appris qu’Isabelle souhaitait s’arrêter, on en a discuté avec Alain (Gautier, team manager) en lui demandant ce qu’il voulait faire. Il nous a répondu qu’il était prêt à rester à nos côtés et à continuer, ce qui était un élément clé pour nous, car depuis le début, on s’appuie énormément sur lui et son équipe. En revanche, il ne voulait plus porter le bateau, donc il souhaitait que si prenions la décision de continuer, nous achetions un nouveau bateau, avec une organisation un peu différente. Ce que nous avons accepté de faire.
Vous allez donc acheter l’actuel Paprec Arkéa, pourquoi ce bateau et avez-vous songé à en construire un ?
On a considéré que c’était beaucoup mieux d’avoir un bateau d’occasion, parce qu’on a de plus en plus un souci écologique. Quant au choix du bateau, Alain vous en dira plus sur ses qualités techniques, c’est lui qui était à la manœuvre, mais comme je j’aurais fait si j’avais acheté une voiture d’occasion, je me suis renseigné. Et y a eu un énorme consensus sur ce bateau, tout le monde m’a dit qu’il était extraordinaire, très robuste, moins difficile à mener que d’autres Imoca de la même génération. Le point de vue d’Alain et tous ces avis nous ont convaincus d’acheter ce bateau qui nous sera livré tout début 2026.
Combien vous coûte-t-il ?
Cher ! Maintenant, il faut relativiser le coût. Déjà, on va l’amortir sur pas mal d’années, ensuite, il aura toujours de la valeur au moment de la revente, donc je dirais que si on tient compte de ces deux considérations, ça revient à peu près 500 000 euros par an.
“On peut très clairement
monter sur le podium”
Nous avons organisé un casting, nous avons une grosse dizaine de candidats, autant de femmes que d’hommes, preuve que nous avions l’intention de jouer la parité. Si nous avons finalement choisi Corentin, c’est en raison de sa très forte expérience qui collait bien avec nos grandes ambitions avec notre nouveau bateau et nos valeurs. Nous avons apprécié sa vision du sport de haut niveau, son engagement. Ce qui a également pesé dans la décision, c’est que Corentin va naviguer sur ce bateau en 2025, c’était du pain bénit pour nous d’avoir un skipper qui, quand il va récupérer le nouveau bateau en 2026, le connaîtra déjà très bien. Nous avons pris cette décision après que Banque Populaire a changé de pied quant au choix de son skipper [Loïs Berrehar a finalement été choisi, voir notre interview de Corentin Horeau].
Oui, on veut gagner. On s’est donné des ambitions fortes, avec un budget un peu plus élevé qu’il ne l’était, donc très clairement, on vise de la performance. Corentin est une pépite de la course au large, le bateau a fait preuve de ses qualités, les nouveaux Imoca n’arriveront pas avant 2026-2027, ce qui veut dire qu’en 2026, on aura déjà un couple skipper/bateau très performant. On pense qu’on a quatre années devant nous pendant lesquelles on peut très clairement monter sur le podium. Maintenant, que ce soit Alain ou Corentin, on n’a pas besoin de leur dire, on sait que ce sont des champions qui veulent gagner, ils ont déjà ça dans leurs gènes. On va donc essayer de leur donner les moyens pour satisfaire cette ambition, en leur permettant notamment de faire les évolutions techniques qu’ils jugeront nécessaires.Parlons de ces moyens, quel est le budget alloué à ce nouveau projet ?
Il n’est pas totalement arrêté, Alain est en train de redimensionner son équipe en l’étoffant un peu et le fait qu’on devienne propriétaires est une équation économique différente ; on n’a par exemple pas encore fait le choix de la manière dont on allait l’assurer. On pense que ça va nous coûter un peu plus cher que le précédent projet [2 millions d’euros par an, précisera-t-il], mais ça ne va pas être violent. Sachant qu’Alain Gautier est quelqu’un de très parcimonieux, qui cherche toujours l’optimisation mais est très sensible aux coûts, on n’aura pas le plus gros budget de toutes les écuries. Et pour nous, c’est un investissement somme toute mesuré, c’est moins de 1% du résultat du groupe MACSF.
Photo : Ronan Gladu