Plastimo Lorient Mini

Classe Mini : nouvelles courses et sobriété

Pour sa saison 2024, la Classe Mini lance deux nouvelles courses, permettant de rééquilibrer le nombre de milles acquis par les coureurs en vue de la prochaine Mini Transat, et reconduit la navigation en double mixte sur la Plastimo Lorient Mini. Elle s’engage aussi sur la voie de la sobriété avec la limitation du nombre de bateaux neufs à 25 en 2024 et le gel des nouveaux plans.

Jeudi 4 avril, le départ de la Plastimo Lorient Mini marquera le lancement de la saison des ministes sur la façade Atlantique. Avec 72 bateaux inscrits, le pari est réussi pour cet événement qui a fait le choix, dès l’an dernier, de la navigation en double mixte. “Ce format, que nous tentions d’organiser depuis plusieurs années avec Jean-Philippe Cau, président de Lorient Grand Large, a pourtant suscité pas mal de réticencesrappelle Yves Le Blevec, directeur de course. Certains craignaient qu’il soit difficile de trouver autant de navigantes, quand d’autres estimaient qu’en cette période de transactions de bateaux, il était important que les nouveaux propriétaires naviguent avec les anciens.”

Au final, la course a fait le plein en 2023, et c’est de nouveau le cas cette année. “Cela permet à des tas de femmes d’être sollicitées, se félicite Yves Le Blevec. Ce qui ne serait pas le cas sans cette règle, puisque naturellement, quand un navigateur ou une navigatrice cherche un équipier, il cherche un homme.” Itzel Marie Diaz, qui vient d’acheter un Pogo 2 en vue de la Mini Transat 2025, a justement mis un pied dans le circuit grâce à cette course, explique-t-elle : S’il n’y avait pas eu cette règle, je ne sais pas si j’aurais pu embarquer si facilement car je n’avais jamais fait de course auparavant. Cela m’a permis de découvrir le circuit et j’ai vite attrapé le virus.”

Si la classe compte à ce jour 300 adhérents, nombre en légère baisse par rapport à mars 2023 (330), le renouvellement de ses membres reste important puisqu’elle compte 81% de bizuths (contre 89% en 2022).

Des projets de protos coûteux

Ils sont toutefois une petite trentaine à rempiler cette année pour une ou plusieurs courses, à l’instar de Marie Gendron, 4e de la Mini Transat 2023 en proto, qui repart pour une saison puisque son bateau, en vente à 220 000€ HT, n’a pas encore trouvé preneur. “Plusieurs protos sont d’ailleurs toujours en vente, il n’y a pas eu le turnover habituel, précise celle qui prépare en parallèle un projet Class40. Les bateaux, qui sont de plus en plus fiables et équipés de matériel très abouti, nécessitent souvent de travailler en petite équipe, coûtent de plus en plus cher et les budgets de fonctionnement annuels sont élevés, autour de 80 000 euros pour ma part”, confie-t-elle.

Inscrite sur les courses de la saison avec son foiler NicomaticCaroline Boule estime également qu’“il va y avoir du haut niveau cette année”, elle qui s’est sentie “frustrée” sur la dernière Mini Transat à cause des difficultés techniques rencontrées sur son plan Manuard. “Cela m’a empêchée de performer (16e) et j’aimerais prendre ma revanche en gagnant la SAS cette année. Mon second objectif est de faire voler le bateau, même sous pilote, et dans quasiment toutes les conditions, confie la Franco-Polonaise de 26 ans, qui courra en double avec Benoît Marie avant de lui céder la barre du foiler pour la Mini Transat 2025.

Si Federico Waksman, vainqueur de la Mini Transat 2023 en proto, a quitté le circuit, son plan Raison de 2021 sera entre les mains de Félix Oberle, 4e de la course en série, qui ne se voyait pas arrêter l’aventure Mini, “car j’ai beaucoup aimé ce mix entre compétition et bonne ambiance, raconte le skipper suisse. Mon objectif est de prendre progressivement ce proto en main afin de me remettre au niveau où j’étais en série et jouer devant en vue de la future Mini Transat.”

Le TM650 entre en jeu

En série, si le renouvellement des coureurs en haut de tableau est plus important, l’arrivée sur le circuit de quatre à six TM650, plan signé Sébastien Magnen et Benoît Cabaret, construit chez Technologie Marine, devrait venir pimenter le match entre Pogo 3, Maxi et Vector, estime Grégoire Hue, 3e de la Mini Transat 2023 en Pogo 3, qui revient pour deux courses sur ce nouveau scow. “Il est très rapide au portant, mais aussi au près, où il a pas mal gagné par rapport au Maxi. Et comme il est de très bonne qualité, on sent que l’on peut vraiment tirer dessus.” Pour être homologué en série, ce nouveau scow doit atteindre les dix unités et terminer une course de catégorie A, ce qui sera le cas à l’issue de la SAS, en juillet.

L’an dernier, la classe a pris plusieurs mesures pour rééquilibrer les chances de chacun d’accéder à la Mini Transat“La SAS, qui était jusqu’alors un passage presque obligé pour se qualifier, était majoritairement courue par ceux qui avaient du temps et du budget”, souligne Romain Bigot, qui a succédé à Jean Marre à la présidence. Le nombre de milles qualificatifs engrangés à l’issue de cette course a donc été réduit de moitié, passant de 2 600 à 1 300 milles. “Une manière également de valoriser la SAS en tant que course océanique à part entière et non plus comme une simple course qualificative”, poursuit le nouveau président.

Outre cette modification, les critères de qualification pour la Mini Transat restent les mêmes : naviguer 1 500 milles en course et réaliser un parcours de 1 000 milles en solitaire et sans escale, hors course. Les places étant limitées, les nombreux prétendants sont engagés dans une course aux milles et certains misent aujourd’hui sur trois, voire quatre années de préparation. C’est le cas de Louis Blanchier, 24 ans, qui s’entraîne à La Turballe en Pogo 2. “Comme c’est compliqué d’engranger des milles, je préfère prendre mon temps et viser la Mini Transat 2027, j’évite ainsi de descendre courir en Méditerranée.”

Des mesures fortes pour réduire l’impact

Toujours dans un souci d’équité, la classe avait lancé l’an dernier un appel d’offres pour l’organisation d’une course valorisant les bateaux d’ancienne génération – les bateaux de série d’avant 2012 et les protos jaugés avant le 31 décembre 2009. “Nous avions constaté que les acheteurs de ces bateaux, ayant moins de budget et moins de temps, cumulaient plus difficilement les milles”, fait remarquer Romain Bigot. Baptisé Mini Transmanche, ce nouvel événement est organisé sous la houlette de la Société des Régates de Caen-Ouistreham et s‘élancera le 18 août pour “un super parcours de 500 milles en solo qui ressemble un peu à la Normandy Channel Race en Class40″, détaille le président de la classe.

Autre nouveauté au calendrier 2024, la course Palma-Melilla-Palma, qui se courra en deux étapes du 5 au 22 novembre. L’occasion de redynamiser le circuit en Méditerranée qui manquait de grands rendez-vous et d’offrir une opportunité supplémentaire aux sudistes de cumuler des milles tard en saison.

Afin de réduire son impact environnemental et face au pic de construction de bateaux de ces dernières années – 98 nouveaux numéros de 2021 à 2023 – la classe s’est par ailleurs engagée sur deux mesures fortes : La limitation du nombre de bateaux neufs de série à 25 en 2024 et une décroissance progressive de 20% tous les ans jusqu’à 2027 ainsi que le gel de l’homologation de nouveaux plans afin de protéger les chantiers”, explique Romain Bigot.

Si, chez Technologie Marine, on comprend la position de la classe, Tanguy Aulanier, en charge du projet TM650, estime que d’ici trois-quatre ans, lorsque seulement dix bateaux neufs seront autorisés à la construction, cela risque de poser des difficultés économiques pour notre chantier qui vient d’arriver sur le circuit. L’engagement que nous avons pris en lançant le TM650 est de devenir un acteur de la classe, ce n’est pas juste un one shot.”

Enfin une nouvelle jauge série est actuellement à l’étude pour être livrée à l’horizon 2027. “Si les règles sont encore à définir, précise Romain Bigot, elles pourraient mettre l’accent sur la durabilité des bateaux, tant dans la construction et les matériaux utilisés que dans la durée de vie. Mais à ce jour, tout est possible !”

Photo : Anne Beaugé / PLM 650

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