Les ministes sont partout !

A chaque édition de la Mini-Transat, qui fête cette année son 40e anniversaire (la première étape s’est élancée dimanche de La Rochelle), la tendance est souvent de citer les stars de la voile qui, pour beaucoup, ont débuté au large par cette transat initiatique : Loïck Peyron (1979), Yves Parlier (1985), Isabelle Autissier, Laurent Bourgnon (1987), Michel Desjoyeaux (1991), Bernard Stamm, Lionel Lemonchois (1995), Ellen MacArthur et Thomas Coville (1997). Derrière ces têtes d’affiche, ils sont une multitude à avoir également fait leurs armes sur cette académie de la course au large. Selon la Classe Mini, qui met à disposition un incroyable travail statistique, ils sont 962 à avoir pris le départ des vingt éditions de la Mini Transat. Résultat, dans le monde des courses à la voile, les anciens de la Mini sont partout, formant l’un des plus efficaces réseaux de la voile.

Ils étaient ainsi 9 sur 29 au départ du Vendée Globe 2016 (Josse, qui a abandonné lors de la deuxième étape en 1999, de Lamotte, Roura, Le Diraison, Costa, Ruyant, Boissières, Attanasio, Colman), et 11 sur 43 à celui de la dernière Solitaire URGO Le Figaro (Barrier, Cloarec, Dalin, Hardy, Kolacek, Le Turquais, Macaire, Mettraux, Pamir, Pulvé, Ravot). Les ex ministes seront 31 sur 66 partants de la prochaine Transat Jacques-Vabre, dont 14 sur 26 en Imoca (Bestaven, Attanasio, Ducroz, Joschke, Brasseur, de Lamotte, Davies, Roura, Denis, Boissières, Herrmann, Ruyant, Pedote, Gahinet) et même 4 sur 6 en Ultime (Josse, Lemonchois, Stamm, Coville).

S’il n’est pas indispensable pour accéder aux « classes supérieures », le passeport Mini-Transat est un atout indéniable, d’autant que les passerelles sportives, notamment celle menant du Mini au Figaro, ont tendance à être moins compliquées à franchir, comme l’attestent les bons résultats sur la dernière Solitaire des skippers directement venus de la Mini, tels Julien Pulvé (11e et premier bizuth), Tanguy Le Turquais (16e) et Milan Kolacek (21e). Le delta entre Mini et Figaro est bien moins important qu’il y a quelques années pour une raison simple : les ministes ont compris qu’ils devaient s’entraîner de plus en plus en dehors des courses. Ils ont intégré des groupes d’entraînement, se sont adjoint les services de coaches, alors qu’avant, c’était limite un gros mot de parler de ça”, avance Yves Le Blévec, vainqueur de la Mini-Transat en proto en 2007. “Le fait que des coureurs s’entraînent à l’année a permis au niveau du Top 10 de s’élever, principalement en série, avec des courses très disputées, au contact, sur des bateaux qui sont presque des monotypes. Tout ça aide ensuite quand il s’agit de passer en Figaro”, confirme Tanguy Leglatin, entraîneur attitré des ministes lorientais.

Reste que si les skippers issus de la Classe Mini ont percé de manière inégale en Figaro – Hardy et Macaire jouent aux avants-postes quand Tripon, Ruyant ou Bestaven étaient moins à l’aise -, ils passent plus aisément sur de plus gros projets, type Class40 ou Imoca, grâce au bagage technique que leur a apporté leur expérience en Mini, beaucoup ayant évolué sur des prototypes. “La Mini en proto t’apporte un vernis technique hyper complet, c’est la meilleure école qui existe en termes de gestion technique d’un projet”, confirme David Sineau, 2e de la Mini-Transat 2007 en proto, aujourd’hui team manager chez Initiatives Coeur où il côtoie trois autres anciens ministes : Sam Davies(2001), Tanguy de Lamotte (2005) et Caroline Olagne-Vieille (2003-2009). Une coïncidence ? Non, car le réseau Mini est bien utile quand il s’agit de s’entourer : “C’est tout sauf un hasard si Tanguy (entré dans la classe Mini en tant que préparateur du bateau d’Ellen MacArthur) m’a proposé de le rejoindre en 2014, c’est lié au fait que nous nous sommes croisés sur le circuit Mini, poursuit David Sineau. C’est plus facile de travailler avec des personnes que tu as appris à connaître.”

Des personnes dont le passage par la Mini-Transat est un atout professionnel, aux dires d’Yves Le Blévec : “Dans mes critères de recrutement, quand je tombe sur quelqu’un qui a mené jusqu’au bout son projet Mini, j’ai un a priori favorable parce que ça veut dire qu’il s’est engagé personnellement et a touché du doigt un projet de course au large dans sa globalité, pas uniquement au niveau maritime”, explique l’intéressé, dont le Team Actual est notamment composé de trois anciens de la Mini Transat, Sandrine Bertho, Ronan Deshayes et Christophe Gouineau.

Citons dans les autres teams, Elie Canivenc chez Sodebo, Pierre-François Dargnies avec Jérémie Beyou, Pierre-Yves Moreau chez Banque Populaire, Laurent Bourgues avec Boris Herrmann (Mini 2001 pour l’Allemand), Donatien Carme sur le projet Imoca de Yoann Richomme, Isabelle Magois et Sébastien Gladu chez Macif, Gilles Avril, Laëtitia Brière, Antoine Rioux avec Alan Roura (qui a terminé 11e de la Mini en 2013), Julien Marcelet, Armand de Jacquelot et Cyril Ducrotchez Gitana (et Yann Riou, mediaman attitré de l’équipe)…

Le réseau des ministes ne se limite pas aux marins et techniciens des équipes. Les anciens se retrouvent aussi à la tête de chantiers (Christian Bouroullec) ou dans les cabinets d’architectes comme Pierre Rolland, Sam Manuard, Paul-Henri Schipman, Etienne Bertrand ou David Raison. Idem chez les journalistes, puisque Dominique Bourgeois, Nicolas Raynaud, Pierre-Marie Bourguinat, Loïc Le Bras, Marine Chombart de Lauwe et la moitié de la rédaction de Tip & Shaft sont passés par cette école. Avec le temps, certains ministes prennent aussi des responsabilités importantes dans les organisations, comme Gilles Chiorri, passé par la direction de course (Figaro, Rhum…) et désormais team manager d’AzkoNobel sur la Volvo Ocean Race, Damien Grimont, organisateur de The Bridge, et Hervé Favre, qui dirige le pôle courses au large d’OC Sport. Sans oublier Mark Turner, qui, s’il vient de démissionner de la présidence de la Volvo Ocean Race (voir ci-dessus), rappelle régulièrement avec émotion le rôle qu’a joué dans sa vie la Mini Transat où il fit la connaissance d’une certaine Ellen MacArthur.

Enfin, les ministes sont même à la FF Voile, puisque Olivier Avram – trois Mini Transats au compteur – a été récemment élu membre du conseil d’administration sur la liste de Nicolas Hénard. Un sacré pied de nez à l’histoire de la course !


A lire, le très complet 40 ans de Mini-Transat de Patrick Benoiton, ancien président de la Classe Mini, publié ce mois-ci chez Glénat.

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