Ocean Fifty Koesio Erwan Le Roux

Erwan Le Roux : “Notre mission est de renforcer le Pro Sailing Tour”

Vainqueur de la Route du Rhum pour la seconde fois en novembre, Erwan Le Roux partage désormais la coprésidence de la classe Ocean Fifty avec Thibaut Vauchel-Camus. Le skipper de Koesio participe, à partir du 12 mai, au départ de La Seyne-sur-Mer, à la troisième saison du Pro Sailing Tour. L’occasion d’un tour d’horizon avec le Morbihannais, connu pour sa franchise.

► Avec quelles perspectives s’ouvre la saison 3 du Pro Sailing Tour ?
Grâce au Pro Sailing Tour, la classe Ocean Fifty se structure et devient de plus en plus cohérente. Nous commençons la saison avec cinq bateaux, mais on sort tout juste d’un mercato [l’ex-Primonial est devenu Le Rire Médecin-Lamotte et l’ex-Leyton s’appelle désormais Viabilis Océan, NDLR], dans lequel le temps de finalisation d’un nouveau projet est parfois long. Sachant que deux bateaux sont en construction [le futur Primonial de Sébastien Rogues et Réalités pour Fabrice Cahierc, NDLR], on sera potentiellement dix au départ de la Transat Jacques Vabre. Nous sommes donc sur les mêmes bases que l’an dernier, et c’est heureux ! Notre mission actuelle est surtout de renforcer le Pro Sailing Tour en termes d’organisation. Je constate aussi qu’il y a de plus en plus de skippers et de sponsors qui s’y intéressent. Il faut vraiment qu’on arrive à séduire encore plus de partenaires privés pour pouvoir faire tourner ce circuit.

► Où en êtes-vous de la coopération avec Canal + qui diffuse la série documentaire produite autour du Pro Sailing Tour ?
Nous nous réjouissons que cela continue. La deuxième saison d’Ocean Fitfy va sortir d’ici peu et la première sera de nouveau accessible sur myCanal d’ici quelques jours. Mais dans les valeurs de la classe Ocean Fifty, il y a l’accessibilité. Ce qui est dommage c’est que Canal, qui à la mainmise sur les programmes voile dans son ensemble, entre SailGP,  la Coupe de l’America et la série Ocean Fifty, soit une chaîne payante. Bon, si demain c’est M6 ou TF1 qui nous financent, on pourrait être diffusés sur une chaîne hertzienne, sans abonnement. Pour le moment, Canal est dans la place.

► A propos de la construction des nouveaux bateaux, la forte inflation qui touche les matériaux de construction dans leur ensemble vous frappe-t-elle également ?
Côté Koesio, nous avons acté cet hiver un plan de développement sur le bateau qui va durer un an avec très peu de modifications, mais qui sera opérationnel au printemps 2024, tout cela aussi à cause des délais considérables pour la fabrication des pièces nécessaires. Et, oui, absolument, nous sommes frappés par l’inflation, comme dans le BTP. Aujourd’hui, nos bateaux sont bien plus chers qu’il y a trois ans, pour un bateau neuf, désormais, avec la hausse du prix des matières premières, nous sommes autour de 4 millions d’euros. Les bateaux revendus cet hiver ont gardé une cote élevée, preuve de la bonne santé du marché. C’est une façon de sécuriser l’investissement. Il n’y a pas de perte d’argent sur mon bateau, pour ne parler que de mon cas. C’est bon signe, même si les prix de construction ont flambé. Avec les deux bateaux en construction, on atteint le numerus clausus de 10 Ocean Fifty prévu par la classe. Il n’y aura pas de nouvelle construction pour un onzième et un douzième bateau tant qu’il y aura des bateaux d’occasion sur le marché, comme ceux d’Armel (Tripon) ou l’ex Arkema.

 

“Je me pose des questions
sur la suite de ma carrière”

 

► Vous courrez la Transat Jacques Vabre en fin de saison, la participation de la classe Ultim 32/23 a fait grincer des dents à l’Imoca. Quelle est la position de la classe Ocean Fifty ?
Notre position est très claire : aujourd’hui, les Ultims existent au même titre que les Imoca, les Class40 et les Ocean Fifty, de même que les Mini et les Figaro. Toutes ces classes font tourner l’économie de la course au large. En revanche, qu’une seule d’entre elles décide de régenter la course, sachant que cette classe est drainée par le Vendée Globe, c’est, comment dire…, un peu usant. Alors oui, le Vendée Globe entraîne la course au large, c’est évident. Mais projetons-nous dans quelques années, lorsque le tour du monde en Ultim aura trouvé sa place dans le calendrier : je ne donne pas cher de la peau du Vendée Globe, parce qu’entre faire le tour du monde en 80 jours et le tour du monde en 40, il y a une vraie différence aux yeux du public. Je pense qu’il convient de prendre un peu de recul et de regarder le paysage du large avec beaucoup d’humilité et de modestie. Essayons plutôt de nous structurer davantage afin d’organiser notre sport, sans exclusive. Les Ultilms seront présents sur la Transat Jacques Vabre et vont mécaniquement ramener un éclairage supplémentaire. Et nous serons bien contents d’en profiter.

► D’un point de vue plus personnel, quelles sont tes aspirations après une nouvelle victoire dans la Route du Rhum ?
D’abord je ne suis plus, désormais, le seul président de la classe Ocean Fifty, je partage le poste avec Thibaut (Vauchel-Camus), c’est la nouveauté de cette année. Cela va me permettre de pouvoir lâcher du lest car j’ai d’autres projets concernant la course au large et le milieu associatif.  Je pense à un syndicat, par exemple, qui pourrait gérer des conventions collectives car il n’y a aucun lien entre les classes et les ministères. Nous sommes sans interlocuteurs véritables pour réguler notre métier. J’ai une énorme chance d’avoir Koesio comme partenaire, mais je ne sais pas si j’ai encore l’envie de refaire la Route du Rhum. En fait, je me pose des questions sur la suite de ma carrière. En tout état de cause, je rendrai ma copie, fruit de mes réflexions, après la Transat Jacques Vabre. Désormais, ce qui me motive, c’est de faire de l’accompagnement de performances, de continuer à travailler avec mes fournisseurs. Je l’exerce au quotidien et c’est une grande satisfaction.

Photo : Lloyd Images

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