ETF26

Comment le circuit des ETF26 prend un nouveau virage

C’est sous le signe du changement qu’a eu lieu ce week-end l’Eurocat (29 avril-1er mai) – deuxième des cinq rendez-vous de la saison -, des ETF26 Series. Absolute Dreamer, l’entreprise de Jean-Pierre Dick, à l’origine du lancement de la série, vient en effet de céder ses activités liées à l’ETF26, sportboat à foils. L’occasion pour Tip & Shaft de s’intéresser à ce circuit de catamarans monotypes.

L’envie de se consacrer à la prochaine Route du Rhum-Destination Guadeloupe à bord de son JP54 Notre Méditerranée-Ville de Nice a poussé Jean-Pierre Dick – actuellement en mer pour se qualifier – à céder le développement des ETF26 à un repreneur. Une idée qu’il avait en tête depuis l’été dernier et qui s’est concrétisée dans le cadre du Spi Ouest-France, la première des cinq épreuves au calendrier 2022 de ces foilers tout carbone signés Guillaume Verdier.

“Ces bateaux sont le fruit d’un projet qu’il a monté de toutes pièces, dont l’origine remonte aux catamarans de la Coupe de l’America 2013 et au début des Imoca à foils. Jean-Pierre a toujours été fasciné par les bateaux volants. Pour lui le meilleur moyen d’apprendre, c’était de disposer d’un support pour s’entraîner”, explique Laurent Simon, le « class manager » de l’International ETF26 Class Association (IECA), qui regroupe les propriétaires, dont les cotisations (8 600 €/an) permettent de construire les événements et garantir la présence d’un technicien et la communication.

L’activité de construction, comprenant la maîtrise d’œuvre, l’assemblage et l’assistance technique, est séparée de l’IECA. C’est ce fonds de commerce, articulé autour de la marque, des plans et des moules, qui a été vendu par Absolute Dreamer. La classe, présidée par Arnaud Dorange, reste quant à elle indépendante pour gérer la partie sportive.

Bientôt une V2 ?

L’acquéreur, Pierre Picot, régatier amateur, n’est pas une figure familière du secteur de la voile de compétition. Cet ingénieur-entrepreneur de 44 ans, formé sur les bancs de Centrale, était encore récemment associé au sein d’un groupe costarmoricain spécialisé dans les énergies renouvelables. Le moteur de ce nouveau projet, c’est ma passion pour le côté technique de ces fabuleuses petites Formule 1 des mers”, indique à Tip & Shaft le nouveau venu, qui a créé en mars dernier Anemo Sailing pour reprendre cette activité. “Un premier pas, ajoute-t-il, avec l’idée de gérer d’autres supports, et pourquoi pas d’autres projets sportifs dans la course au large.”

Installée provisoirement à Séné, cette nouvelle structure a d’ores et déjà pris le relais pour garantir la fourniture de pièces de rechange aux huit équipes, dont trois étrangères, engagées cette année. Pour cette première mission, Anemo Sailing peut s’appuyer sur les savoir-faire de Bruno Behuret, technicien indépendant, qui a suivi le chantier des douze bateaux construits et connaît les ETF26 par cœur.

“Mon rôle consiste aussi à aller au contact de nouveaux navigants potentiels, complète Pierre Picot. Il s’agit également de convaincre des partenaires d’embarquer à nos côtés, pour la classe et pour aider les jeunes équipages prometteurs, comme ceux de Matthieu Salomon et de Charles Dorange, à boucler leur budget.” Le naming des ETF26 Series est ainsi évalué à 80 000 € HT environ.

A peine aux commandes, Pierre Picot se projette déjà dans les évolutions techniques souhaitées par la classe. “Il y a la volonté de développer une version 2, un ETF 26 2.0 avec de nouveaux foils et safrans – afin de permettre au bateau de voler plus souvent, notamment aux allures proches du vent, précise le nouveau gérant. On est en phase d’études et de chiffrage. Mais si tous les feux sont au vert, avec des commandes d’appendices pour trois bateaux pour lancer la production, c’est un projet qui pourrait se concrétiser courant 2023.”

Professionnalisation
et féminisation

Pour y parvenir, Pierre Picot compte sur la professionnalisation croissante du support, avec l’arrivée de coureurs issus des circuits GC32 et SailGP, ou de la série olympique Nacra 17, à l’image de Billy Besson, vainqueur 2020 des ETF26 Series, attendu à La Rochelle pour la clôture de saison au Grand Prix Grand Pavois, ou de la paire britannique John Gimson-Anna Brunet, médaillée d’argent aux Jeux de Tokyo 2020, engagée à bord de Toroa Racing Team.

Par rapport aux autres circuits de catas volants, les ETF 26 restent plus accessibles. “En l’état actuel des choses, on fonctionne avec un budget annuel de 150 000 € HT comprenant l’amortissement du bateau acheté en seconde main, indique Jean-Christophe Mourniac, skipper de Team ProCe sont des coûts moins élevés que ce qu’ont pu être les plus gros budgets sur un Tour de France en Diam 24.”

Le vainqueur du Spi Ouest-France et de l’Eurocat se félicite par ailleurs de la féminisation du circuit, qui accueille cette année deux équipes de filles : les Néo-zélandaises de Live Ocean Racing – menées par Liv MacKay – projet monté par Peter Burling et Blair Tuke, ainsi que l’équipage de Lady Team Pro de Mathilde Géron, qui fait partie du même projet que Team Pro. Cette dernière se réjouit de saisir cette opportunité, permise par la règle de poids de la classe (entre 210 et 260 kg) qui laisse la possibilité de naviguer à quatre. “C’est génial de pouvoir enfin voler à notre tour à des vitesses incroyables. Le bateau n’est pas dur physiquement, les efforts ne sont pas insurmontables, mais on rentre clairement dans une autre dimension”.

Autre atout de l’ETF26 aux yeux de Jean-Christophe Mourniac : C’est un bateau exceptionnel pour faire des relations publiques. Ceux qui montent à bord repartent comme s’ils avaient vécu l’expérience de leur vie ! Si aujourd’hui, on est en mesure de lancer une équipe féminine, c’est grâce aux 20 jours de RP qu’on a organisés l’année dernière.” Pierre Picot espère ainsi développer la vente de journées découverte du vol en régate aux entreprises. Une démarche commerciale qui pourrait, à terme, représenter jusqu’à un tiers de l’activité d’Anemo Sailing.

Photo : Qaptur

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