The Ocean Race Europe

Comment Nice accueille The Ocean Race Europe

Les sept équipages en lice sur The Ocean Race Europe ont bouclé ce vendredi la troisième étape (voir notre photo de la semaine), partie mardi de Carthagène et arrivée à Nice, qui, pour la première fois depuis plus de quinze ans, accueille des Imoca. Tip & Shaft vous dévoile les dessous d’une escale organisée sur le tard. 

Après le départ à Kiel (Allemagne) puis des escales à Portsmouth, Porto (“fly-by” de seulement 3 heures) et Carthagène, la flotte de The Ocean Race Europe 2025 est désormais à Nice. La venue d’Imoca dans les villes méditerranéennes françaises est très rare, avec quelques précédents qui datent un peu, comme l’Istanbul Europa Race, qui s’était déjà arrêtée à Nice en 2009, et, il y a sept ans, les Monaco Globe Series, en 2018.

“Pour cette édition de The Ocean Race Europe, nous voulions une escale en France car ce pays a une connexion très forte avec la classe Imoca, beaucoup de marins et de sponsors viennent de France, explique à Tip & Shaft Johan Salén, codirecteur de l’épreuve. Comme il y a déjà beaucoup d’événements en Atlantique et en Manche, une ville méditerranéenne nous semblait une option judicieuse.”

Reste que trouver une ville adaptée et prête à investir dans l’accueil de ce tour d’Europe, s’est révélé plus ardu que prévu. En France, la période est compliquée avec la limitation des dépenses publiques et l’instabilité de la situation politique, poursuit Johan Salén. Nous sommes entrés en discussion avec Marseille, mais à ce moment-là, la ville avait pour priorité les Jeux olympiques de Paris 2024, et on le comprend bien.”

Résultat : la première mouture du parcours de The Ocean Race Europe 2025 ne comprenait pas d’étape française. Jusqu’à ce que, fin 2024, la direction de la course entre en contact avec Patrick Gilliot, cofondateur de CapMed, structure lancée en 2023 qui travaille sur l’organisation d’événements nautiques et de courses sur la Côte d’Azur. Elle a ainsi géré, aux côtés d’Ultim Sailing, l’arrivée de la Finistère Atlantique 2024, à Antibes, et organisera au printemps 2026 une autre course réservée aux Ultim, l’Odyssée Ultim.

“Un petit miracle”

“Quand Johan Salén m’a appelé pour ajouter une étape française à The Ocean Race Europe, nous avons étudié trois possibilités : Toulon, Antibes et Nice, dévoile Patrick Gilliot. En mars dernier, un terrain d’entente a été trouvé avec Nice. Dans le programme déjà en place sur la course, nous avons réussi à ajouter une ville, sans chambouler tout le calendrier de l’épreuve. C’est un petit miracle.” Qu’est-ce qui a fait pencher la balance en faveur de Nice ? Une forte volonté de la ville, répondent en chœur les organisateurs.“Nice a vocation à accueillir les plus grands événements sportifs internationaux, comme elle l’a prouvé dans un passé récent avec la Coupe du monde de rugby en 2023 ou l’arrivée du Tour de France en 2024. Accueillir The Ocean Race Europe, un événement nautique de référence, s’inscrit parfaitement dans cette logique, nous confirme par mail Christian Estrosi, maire de la ville et président de la métropole Nice Côte d’Azur. La deuxième raison va au-delà de la compétition de très haut niveau : nous voulons mobiliser le public et les médias sur les enjeux liés à la protection des océans. Moins de trois mois après la troisième Conférence des Nations Unies sur l’Océan (UNOC) qui a eu lieu à Nice, cette escale prend tout son sens. Nous sommes dans la continuité.”

Le timing pour organiser l’accueil des sept Imoca a été serré. Une solution pour les amarrer a dû vite être trouvée, sous la forme d’un ponton flottant de 150 mètres de long installé au pied d’un quai du port commercial de Nice, destiné habituellement à recevoir des ferries ou d’autres grosses unités. Cela impacte forcément le fonctionnement du port pendant la durée de l’escale et il faut prévoir des adaptations. Mais on a ressenti un enthousiasme général de la part des différents acteurs pour que ça marche”, assure Frédéric-Henri Minucci, en charge de la partie nautique de l’événement, avec sa société Med in Sud.

Un test pour The Ocean Race ?

Le village de la course, géré par l’organisation de The Ocean Race Europe, est ici présenté dans une version plus resserrée que sur les autres étapes. “Cela s’explique par deux raisons, précise Patrick Gilliot. La première, c’est que l’escale de Nice est un peu plus courte que les autres (trois jours). La seconde est liée à la configuration du site, très compacte, qui nous contraint en termes de surface. L’avantage, c’est que tout est au même endroit, à portée de main pour le public.”Un public espéré nombreux sur un village gratuit, ouvert jusqu’à dimanche compris, date à laquelle les équipages mettent le cap sur Gênes. “Les bateaux vont arriver et repartir devant Rauba Capeu, promontoire situé entre la promenade des Anglais et le port. Visuellement, ce sera incroyable, cela donnera aux spectateurs une vision globale sur le plan d’eau”, s’enthousiasme Frédéric-Henri Minucci. “Contrairement aux préjugés, il y a un public pour la course au large sur la Côte d’Azur. On pense que ce sera un succès populaire. Nous allons faire en sorte que les bateaux soient le plus proches possible de la côte”, indique de son côté Patrick Gilliot. Quel coût pour l’ensemble de ce dispositif ? Si ce dernier n’a pas souhaité communiquer sur ce point, Christian Estrosi évoque une aide directe de la Ville de Nice de 40 000 euros.”

Cette première collaboration entre Nice et l’équipe de The Ocean Race pourrait-elle se poursuivre par la suite, notamment en vue de l’édition 2027 de la course autour du monde ? “C’est possible, répond Johan Salén. Si ça se passe bien ce week-end, nous entamerons probablement des discussions. En tout cas, le lieu semble très adapté, il y a du potentiel. C’est une grande ville facile d’accès, bien connectée grâce à un aéroport d’envergure internationale. Et pour nous, ce serait bien que The Ocean Race fasse escale en France.”

“En accueillant The Ocean Race Europe, il ne s’agit pas de faire un coup, mais plutôt de porter une vision à plus long terme. Nice est une ville très ouverte sur la montagne, un peu moins sur la mer. C’est l’occasion de changer cela, d’installer doucement la Côte d’Azur dans le monde de la course au large. Mais tout dépendra de la volonté politique”, ajoute Patrick Gilliot. Justement, qu’en pense Christian Estrosi ? “Nous n’en sommes pas encore là, mais cet événement nous permet tout simplement de franchir un nouveau palier, répond celui qui remet son mandat de maire en jeu en mars prochain.

Photo : Vincent Curutchet

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