The Transat CIC

Qui va gagner The Transat CIC ?

33 Imoca, 13 Class40  (et 2 “Vintage”) s’élancent dimanche à 13h30 sur The Transat CIC, course en solitaire entre Lorient et New York. Pour décrypter les forces en présence de cette 15e édition, Tip & Shaft a sondé plusieurs experts : les skippers Sam GoodchildBenjamin DutreuxChristopher Pratt et Yann Eliès, les présidents des classes Imoca et Class40, Antoine Mermod et Cédric de Kervenoael.

“Cette course historique est un challenge technique qui demande aux équipes une préparation très minutieuse puisque c’est la première transat de la saison. C’est aussi un défi sportif car ce sont 10-12 jours intenses, avec pas mal de fronts et de tempêtes.”  Voilà comment Antoine Mermod présente The Transat CIC qui propose un parcours engagé de 3 000 milles à l’inverse du sens de circulation des dépressions.

“On peut toutefois très bien imaginer qu’avec les foilers d’aujourd’hui, la course soit un peu différente et moins orientée près serré, estime quant à lui Yann Eliès. Il est fort possible que certains fassent des écarts par rapport à la route directe, soit très au sud pour aller chercher l’alizé ou des vents un peu moins forts, soit une route très engagée par le nord pour essayer de chercher le contournement des dépressions.”

Avant ce premier grand galop sur l’Atlantique nord, une première confrontation en entraînement entre une quinzaine d’Imoca a eu à Port-la-Forêt début avril. Et selon Yann Eliès, présent en tant qu’entraîneur du pôle Finistère Course au Large, tous ceux qui avaient des foils neufs, à l’instar de CharalTeamwork-Team SnefMacifInitiatives Coeur ou Malizia ont fait d’énormes progrès au près. J’ai eu le sentiment que la flotte s’était homogénéisée. On a vu de gros gains chez Teamwork-Team Snef notamment, ainsi que chez Initiatives Coeur, que je n’avais pas vu avancer si vite au près depuis un moment.” 

 

Avantage pour Macif

 

Au jeu des pronostics, s’ils sont “une bonne dizaine à se montrer assez solides pour jouer le podium”, selon Antoine Mermod, c’est Charlie Dalin (Macif Santé Prévoyance) que nos experts voient devant“Lors du stage, on l’a senti très appliqué, très heureux de retrouver son bateau et la compétition, poursuit Yann Eliès. On sent qu’il a une grosse envie de combler le manque des deux transatlantiques de l’an dernier [il a été contraint d’y renoncer suite à un problème médical, NDLR]. Il a envie d’en découdre et il a le bateau pour, typé pour le près.” Le plan Verdier semble “assez polyvalent, voire très rapide, complète Sam Goodchild, qui se rendra à New York en convoyage pour courir la New-York Vendée. Mais il est peut-être un peu moins adapté dans la mer forte que les plans Finot-Koch.”

Son principal handicap “sera de trouver le bon dosage entre compétition et raison pour terminer cette transat car il n’est pas encore libéré de toutes contraintes qualificatives pour le Vendée Globe”, fait remarquer Yann Eliès. Sam Goodchild ne le voit pas pour autant “lever le pied et naviguer autrement qu’à sa manière”. Ce dernier s’interroge par ailleurs sur ce que donnera Macif Santé Prévoyance dans des conditions musclées, puisqu’on ne l’a pas encore vu dans un tel contexte, mis à part au départ du Fastnet, mais cela n’avait duré que 12 heures.” Ce qui fait dire à Yann Eliès que le plan Verdier aura peut-être “un petit manque d’expérience et de fiabilité par rapport à ce que les autres coureurs ont pu valider sur l’année 2023.”

Et notamment par rapport à Yoann Richomme (Paprec Arkéa), vainqueur de Retour à la Base et 2e de la Transat Jacques Vabre, placé sur la seconde marche du podium par nos experts. “Il est plus relax que Charlie sur le sujet de la qualification pour le Vendée Globe”, note Christopher Pratt. Pour Sam Goodchild, le format de The Transat CIC devrait en outre bien convenir à Paprec Arkea, parce que la forme de sa carène est plus adaptée que d’autres dans la mer forméeet quand le vent commence à monter, ses foils sont très forts au près et au reaching.” Yoann a la grosse cote du momentajoute Yann Eliès, même s’il, “ne disposera de ses foils neufs qu’en juin prochain, ce qui sera sûrement un petit désavantage.”

 

Charal est l’un des plus compétitifs au près”

 

Pour nos experts, Jérémie Beyou (Charal), 2e de Retour à la Base sur son plan Manuard, talonne de près les deux premiers. C’est l’un des plus compétitifs au prèscommente Christopher Pratt. Sa carène a un peu moins de rocker que les autres et est également un peu plus étroite. Et l’équipe a très bien travaillé sur la partie voiles et traînée, ce qui fait qu’il a vraiment un peu plus au près.” Son point faible ? “Je pense qu’ils se sont un peu perdus dans les détailsrépond Yann Eliès. L’an dernier, ils n’ont pas su assurer l’essentiel, c’est-à-dire terminer une course avec un bateau intègre, puisqu’ils cassent le J3 sur le Fastnet et déchirent le grand gennaker sur la Jacques Vabre.”

Nombre de concurrents seront aux trousses de ce trio de tête, à l’instar de Justine Mettraux sur son plan VPLP Teamwork-Team Snef “qui fonctionne plutôt bien au près mais souffrait jusque-là de l’ancienneté de ses foils, souligne Christopher Pratt. Sa nouvelle paire devrait donc bien le booster.” Benjamin Dutreux, qui de son côté courra uniquement la transat retour, la New-York Vendée, met en avant l’audace de la navigatrice suisse : “Elle est assez solide pour prendre des routes pas faciles, comme ce fut le cas sur la Transat Jacques Vabre (qu’elle termine 6e) où elle a pris une super option nord.” Les conditions météos engagées que rencontreront sans doute les skippers font dire au Sablais qu’il faut “un bateau dont on est sûr de la fiabilité. Et je pense que Boris Hermann (Malizia-Seaexplorer), qui a fait The Ocean Race, peut avoir cette confiance en son bateau. Et c’est quelqu’un qui sait bien placer le curseur entre attaquer et rester calme.”

Ont également été cités Nicolas LunvenPaul MeilhatSamantha DaviesLouis Burton, Yannick Bestaven ou encore Damien Seguin “qui allait très vite au près l’an dernier avant qu’il ne casse sa bôme sur la Transat Jacques Vabre”, note Benjamin Dutreux. Christopher Pratt abonde : “Même si son bateau est plus ancien, il a une génération de foils qui fonctionne bien. Et en solitaire, Damien est quelqu’un de vraiment solide, dur au mal.”

 

Class40 : les Italiens aux avant-postes

 

Sur le podium de nos experts, c’est sans conteste Ambrogio Beccaria (Alla Grande Pirelli), vainqueur de la Transat Jacques Vabre, qui truste la première place en Class40. “Il fait marcher les bateaux à fondavec lui, ça passe ou ça casse, souligne Cédric De Kervenoael, le président de la Class40, avant d’ajouter qu’il a “un plan Guelfi très bien construit et polyvalent.” Derrière lui, un autre skipper italien est considéré par nos experts comme un candidat à la victoire, Alberto Bona, sur le Mach 40.5 IBSA“Il était déjà pas mal en Figaro mais là, j’ai l’impression qu’il a trouvé sa série et l’exercice sur lequel il est à l’aise”, souligne Yann Eliès.

Derrière les deux Italiens, figure Fabien Delahaye (Legallais) qui peut s’avérer “très fort sur un exercice en solitaire”, selon Christopher Pratt et qui court sur un Lift V2 qui avance très bien au près, complète Yann Eliès. Parmi les bons outsiders, sont cités Axel Tréhin (Project Rescue Ocean) et Ian Lipinski (Crédit Mutuel) même si “leurs plans Raison risquent de les pénaliser puisque moins typés pour le près”, selon le même Yann Eliès. Qui ajoute que “pour les Class40, il va y avoir un gros enjeu de fiabilité car les scows sont très orientés pour le reaching et le portant, donc au près, il y a de grosses contraintes sur la structure. Ça va donc peut-être aussi se jouer par élimination.” Nos experts seront enfin attentifs à la performance de Vincent Riou (Pierreval-Fondation Good Planète) qui arrive sur le circuit avec un Pogo S4 qu’il a mis à sa sauce avec un trimer (aileron) sur la quille et un seul safran.


Dernière minute : l’équipe de Jean Le Cam a annoncé vendredi que le skipper de Tout Commence en Finistère-Armor Lux prendrait le départ de The Transat CIC (condition nécessaire pour valider sa qualification pour le Vendée Globe) mais ne se rendrait pas à New York, “contraint de rester à terre, pour des raisons de santé grave de l’un des membres de sa famille.”

Photo : Erwan Tabarly / Pôle Finistère Course au Large

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