Classe Ultim

Comment la Classe Ultim a construit son nouveau cycle de 4 ans

La classe Ultim a dévoilé le 22 avril son calendrier de courses pour les quatre prochaines saisons, alternant entre grandes classiques, tentatives de records et projet inédit en Méditerranée. La nouvelle jauge a également été validée, l’objectif étant d’offrir plus de visibilité et de stabilité à une classe qui espère attirer de nouveaux entrants.

“Le calendrier a été construit de manière très collaborative avec l’ensemble des teams”, tient à souligner en préambule Pierre-Jean Golven, délégué général de la classe depuis bientôt un an. Il s’équilibre entre les trois courses incontournables que sont la Transat Café L’Or, la Route du Rhum-Destination Guadeloupe et l’Arkea Ultim Challenge-Brest – dont la deuxième édition s’élancera début 2028 -, des rendez-vous multiclasses auxquels les équipes sont libres de participer – Tour de Belle-Ile, Armen-Race Uship et Rolex Fastnet Race cette année -, des périodes dédiées aux tentatives de records ainsi que des épreuves propres à la classe, comme les 24h Ultim à Lorient et un nouveau projet, l’Odyssée Ultim (28 avril-10 mai 2026).

Cette dernière marquera le retour de la classe en Méditerranée, un an et demi après la Finistère Atlantique, course reliant Concarneau à Antibes co-organisée par Ultim Sailing et CapMed à l’automne 2024. “L’accueil formidable réservé aux Ultim à l’arrivée nous a confortés dans l’idée de baser une course uniquement sur cette zone méditerranéenne”, explique Pierre-Jean Golven. La Finistère Atlantique n’est du coup plus au programme, mais “il n’est pas exclu qu’elle renaisse autrement, avec une autre classe et sur les années impaires”, fait savoir Emmanuel Bachellerie, cofondateur d’Ultim Sailing.

Pour ce qui est de l’Odyssée Ultim, la classe s’est donc de nouveau tournée vers l’association CapMed, qui depuis 2023, “souhaitait organiser une course complémentaire aux Voiles d’Antibes (dédiée aux yachts de tradition) afin de dynamiser et valoriser le port, explique Philippe Gavin, vice-président de CapMed. La classe Ultim correspondait parfaitement à ce projet et à la ville d’Antibes, très tournée vers l’innovation, avec Sophia Antipolis, la première technopole d’Europe.”

Cette nouvelle épreuve, dont Francis Le Goff sera le directeur de course, offrira un parcours d’environ 2 000 milles partant et revenant à Antibes, en passant par Ithaque et Olympie. Si elle “est avant tout un projet sportif mettant l’accent sur la régate et la stratégie, l’idée est aussi de valoriser la Méditerranée, tant sur le plan environnemental que historique et culturel, en partant sur les traces des héros de la mythologie grecque”, met en avant Philippe Gavin.

La Course des Caps en 2027 ?

L’Odyssée Ultim a vocation à revenir tous les deux ans, ajoute Pierre-Jean Golven, qui précise, à propos du calendrier global : “La classe Ultim ne s’interdit pas d’étoffer le programme en fonction des opportunités. Nous avons en effet été sollicités par différents organisateurs nous proposant de nouveaux formats et de nouvelles courses qui sont toujours à l’étude.”La classe regarde par exemple de très près la Course des Caps, dont la première édition, ouverte aux Imoca, aura lieu du 26 juin au 6 juillet 2025. “Cela nous intéresse d’aller naviguer dans des zones où les Ultim sont assez peu visibles, ainsi que sur un parcours très engagé – le tour des îles britanniques – qui permet de faire la démonstration de la performance de nos bateaux”, confirme Pierre-Jean Golven. Le projet serait d’alterner tous les deux ans une édition dédiée en Imoca et une en Ultim.

Pour ce qui est des grands rendez-vous comme la Route du Rhum (2026) et l’Arkea Ultim Challenge (2028), s’il n’y a pas de changement majeur à signaler côté sportif, Joseph Bizard, directeur général d’OC Sport, précise que l’organisation “sera de nouveau en capacité d’accueillir l’intégralité des Ultim dans le bassin au cœur de Saint-Malo et de la fête. Pour l’Arkea Ultim Challenge, on va pouvoir surfer sur le succès de la première édition et ouvrir les vannes en grand sur la disposition du village, sa taille et son ambition.”

Plus de routage sur
la Transat Café L’Or

La Transat Café L’Or (départ le 26 octobre du Havre vers la Martinique) va de son côté être le théâtre cette année d’un changement important, dont se réjouit Tom Laperche, qui embarquera Franck Cammas sur SVR-Lazartigue : On va faire le routage et la stratégie à bord, il n’y aura plus d’équipe de routage à terre. Ça rend l’exercice encore plus complet et intéressant.” Même engouement chez Anthony Marchand qui naviguera à bord d’Actual Ultim 4 (ex Gitana 17) : “C’est une belle étape de franchie, on sera encore plus à armes égales ! Cette règle a d’ailleurs influé sur le choix de mon coéquipier qui sera dévoilé prochainement.” D’ici là, place à un temps d’apprentissage sur ce nouveau trimaran : “Nous démontons et remontons toutes les pièces, on compare avec notre ancien bateau et on essaie de s’imprégner de la philosophie Gitana.” Le mât, en réparation, est attendu sous peu pour une mise à l’eau fin juin afin d’être prêt pour le Fastnet. En parallèle, l’équipe s’entraîne sur Actual Ultim 3 (toujours en vente) afin “d’essayer des choses qui puissent être transposables sur Actual Ultim 4.”

La classe, qui recense aujourd’hui 5 Ultims actifs – Actual Ultim 3Actual Ultim 4SVR-LazartigueBanque Populaire XI et Sodebo Ultim 3 – en comptera bientôt un de plus avec l’arrivée l’automne prochain du très attendu Gitana 18. Le projet, colossal – 50 000 heures d’études et 200 000 heures estimées de construction – “avance bien, commente Cyril Dardashti, directeur général du Gitana Team. Le bateau est en cours d’assemblage chez CDK et on devrait avoir une plateforme digne de ce nom fin juin, avec l’ensemble bras avant et bras arrière, coque centrale et flotteurs. Nous mettons tout en œuvre pour courir la Transat Café L’Or.”

Si l’on peut s’attendre à des innovations de la part de l’équipe de Guillaume Verdier et du Gitana Team, ce dernier, qui a organisé une visite du chantier pour la presse en mars, souhaite en dévoiler le moins possible, si ce n’est, précise Cyril Dardashti, un mât à barre de flèches, beaucoup plus de systèmes et de capteurs que sur Gitana 17 (450 contre 300). Et ce dernier d’ajouter : “L’équipe a poussé très loin les curseurs, grâce notamment à l’ensemble des data récoltées sur le précédent bateau qui a parcouru 200 000 milles.”

Une jauge pour “que les règles du jeu
soient bien comprises par tous”

En plus de ces six Ultim, deux autres trimarans sont éligibles à la jauge, à savoir Idec Sport, mené par Alexia Barrier dans le cadre de The Famous Project (tentative de Trophée Jules Verne avec un équipage 100% féminin) et l’ex-Adagio d’Eric Péron, toujours à vendre par Ultim Sailing. “Nous avons aujourd’hui deux potentiels acquéreurs : un skipper Imoca ainsi qu’un Australien“, commente Emmanuel Bachellerie. Le skipper Imoca en question est sans doute Guirec Soudée, qui a manifesté son intention de s’élancer dès la fin de l’année à l’assaut du record du tour du monde à l’envers en multicoque – également dans le viseur d’Yvan Bourgnon -, avant de s’attaquer à la Route du Rhum et à l’Arkea Ultim Challenge.Autre bateau sur le marché, Actual Ultim 3 n’a pas encore trouvé preneur, mais Samuel Tual, président d’Actual et, depuis septembre dernier, de la classe Ultim à la place de Patricia Brochard, se montre confiant : “Nous avons de quatre à six propositions sérieuses en cours d’instruction.” La classe va-t-elle enfin attirer de nouveaux entrants ? “Nous le souhaitons afin d’assurer notre pérennité répond Samuel Tual. Nous voudrions tendre vers une dizaine d’unités, pas au-delà, notamment en raison des capacités d’accueil dans les ports.”

C’est dans cette optique qu’un calendrier sur quatre ans a été dévoilé, mais également qu’a été adoptée une nouvelle jauge pour ce même cycle. “Il n’y a pas de grand bouleversement, note Pierre-Jean Golven. L’idée était surtout que les règles du jeu soient bien comprises par tous.” Cyril Dardashti confirme : “Tout ce qui pouvait être soumis à interprétation a été éclairci, notamment la règle de la visibilité depuis le cockpit. Nous avons besoin d’avoir des règles stables de manière à ce que l’on puisse se projeter dans la durée.”

Deux autres grands dossiers sont actuellement sur la table, ajoute enfin Samuel Tual : “Nous cherchons des missions auxquelles s’associer afin de contribuer au sujet de la préservation des océans et de la biodiversité, et nous avons beaucoup travaillé sur le sujet des ofnis pour trouver des dispositifs anti-collision. Nous pourrons prochainement communiquer sur les travaux que l’on va initier.” Sur l’eau, la première confrontation de la saison est prévue le 10 mai sur le Tour de Belle-Ile, avec deux Ultim au départ, Actual Ultim 3 et Sodebo Ultim 3.

Photo : Alexis Courcoux

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