Comment le Collectif Ultim et Brest vont organiser le tour du monde Ultime

Depuis le lancement officiel du projet de tour du monde en solitaire et Ultime au départ de Brest, au salon nautique 2016, les infos n’avaient guère filtré. Le 1er décembre dernier, la presse a été convoquée en urgence pour le lendemain afin d’assister à “la signature officielle du protocole de partenariat d’organisation du premier Tour du Monde en solitaire des Ultims au départ de Brest en décembre 2019“. Samedi 2 décembre, Patricia Brochard, coprésidente de Sodebo, représentant le Collectif Ultim, et François Cuillandre, maire de Brest et président de Brest Métropole, ont donc dévoilé la date du départ de la première édition de la course autour du monde en solitaire en Ultime, prévue tous les quatre ans : le 29 décembre 2019. Le nom officiel de la course (qui inclura Brest), quant à lui, sera révélé prochainement, ont confirmé les organisateurs

Patricia Brochard et François Cuillandre ont également annoncé la création d’une SASqui sera l’autorité organisatrice de l’épreuve, dont le capital sera principalement réparti entre les armateurs et le Collectif – majoritaires – et Brest Métropole – qui disposera de 33 à 49% du capital. Un montage préféré à ceux qui avaient été envisagés au départ, telles une association sur le modèle de la Transat Jacques Vabre ou une société d’économie mixte sur celui de la SAEM Vendée pour le Vendée Globe. D’abord pour des raisons de commodité et d’efficacité, si l’on en croit les principaux intéressés. “Lors des deux dernières années, pas mal de scénarii ont tourné pour savoir quel était le meilleur moyen pour, premièrement, débloquer l’ensemble des fonds publics et y agréger des fonds privés, deuxièmement, faire des appels d’offres les moins contraints possibles, confirme Emmanuel Bachellerie, coordinateur du Collectif Ultim. Considérant qu’on a deux ans avant le départ du tour du monde, Brest Métropole et les armateurs du Collectif ont estimé que la structure la plus souple qui nous permettait d’être rapides et efficaces était une SAS. Sur une structure publique, les contraintes pour les appels d’offres sont extrêmement fortes.”

Selon nos informations, l’option d’une SAS avait également été proposée par OC Sport Pen Duick. L’organisateur de la Route du Rhum, de The Transat, de la Solitaire du Figaro et de la Transat AG2R, était entré dans le jeu à la demande de Brest. La filiale du Groupe Télégramme, média très influent à la pointe de la Bretagne, a en effet été en pourparlers avancés avec le Collectif Ultim et Brest Métropole, jusqu’à s’engager à réunir avec une quarantaine d’entreprises bretonnes environ 1,7 million d’euros. En milieu de semaine dernière, les deux parties semblaient même proches d’un accord, jusqu’à ce que jeudi soir, le Collectif Ultim informe les dirigeants du Groupe Télégramme qu’il avait choisi une autre solution.

Ni les dirigeants d’OC Sport Pen Duick, ni François Cuillandre, contacté via son service de presse, n’ont souhaité répondre à nos questions. Du côté du Collectif Ultim, Emmanuel Bachellerie, s’il refuse de commenter ces informations, précise : Avant la décision de créer une SAS, diverses solutions ont été étudiées et divers partenaires ont proposé des choses. Qu’ils aient été retenus ou pas ne veut pas dire qu’on ne fera pas appel à eux lorsque seront lancés les appels d’offres. Il n’y aura pas de délit de faciès. Par exemple sur la partie direction de course, OC Sport est mille fois bienvenu pour y répondre”.

Interrogée samedi dernier sur le recours éventuel à un organisateur privé pour s’occuper de la course, Patricia Brochard nous avait quant à elle expliqué : “Ça faisait partie des échanges que nous avons eus, mais ce que nous voulions pour autant, c’était garder le côté aventure et simplicité de la course. Pour être clair, on n’a pas envie de se dire que c’est une course qui va coûter 10 millions, on voulait limiter les possibilités de dénaturer trop la course, ne pas en faire un événement de marketing… La course parle d’elle-même”. Représentant Macif, Jean-Bernard Le Boucher avait ajouté : On veut pouvoir piloter ce projet dans la durée, en ayant une visibilité sur les prochaines éditions. Et ça ne veut pas dire qu’on ne va pas s’entourer de professionnels”.

S’il n’y aura pas d’appels d’offres formels comme il en existe en matière de marchés publics, des mises en concurrence seront lancées pour l’organisation opérationnelle de la course dont le budget sera d’environ 5 millions d’euros, selon le Collectif. “La SAS a deux rôles majeurs : elle est comptable de la bonne gestion des fonds publics et privés. Ensuite, elle agrège les meilleurs professionnels dans chacun des trois gros blocs : course, communication et événementiel”, confirme Emmanuel Bachellerie. Des opérateurs comme OC Sport Pen Duick ou ASO peuvent très bien postuler, ce que compte d’ailleurs bien faire ce dernier. “Nous avons pris acte du montage annoncé et comme tous les organisateurs et prestataires, nous allons regarder avec attention les appels d’offres qui vont être annoncés”, annonce Jean-Baptiste Durier, responsable, au sein d’ASO, du Tour Voile et de Nice UltiMed.

Le lancement de ces appels d’offre fait partie des objectifs prioritaires de la nouvelle SAS qui doit auparavant définir la ventilation définitive du capital et choisir la gouvernance. “Il faudrait qu’entre le début et la fin du printemps, tous les opérateurs soient connus et prêts à travailler”, conclut Emmanuel Bachellerie.


La classe Ultime sur les rails. Lors de la conférence de presse de samedi dernier, Patricia Brochard a également annoncé la naissance de la future classe Ultime, qui sera reconnue par la Fédération Française de Voile. Celle-ci remplacera-t-elle le Collectif ? “Le Collectif pourra continuer à avoir une vie propre, mais la classe le supplantera, elle deviendra l’organisme référent pour les organisateurs, les collectivités territoriales et les futurs armateurs qui auraient envie d’avoir un Ultime“, répond Emmanuel Bachellerie.

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