Francis Joyon Idec

Francis Joyon/Idec, l’histoire touche à sa fin

La nouvelle a fait l’effet d’une petite bombe vendredi dernier : après vingt ans de partenariat, Idec a annoncé en février à Francis Joyon qu’il ne serait plus, à partir de juin prochain, le skipper du trimaran avec lequel il a décroché le Trophée Jules Verne en 2017. Début d’explications.

Un coup de Trafalgar, c’est ainsi que Francis Joyon, contacté mercredi par Tip & Shaft, a commenté la décision prise par son sponsor historique, Idec, de ne pas poursuivre un partenariat entamé en 2003. “Il faut être habitué à se prendre des grains sur la tête quand on fait ce métier, mais ça ne sert à rien de développer, ce qui devait être dit a été dit”, a-t-il ajouté, avant de raccrocher au bout d’à peine une minute, nous renvoyant à l’interview accordée mardi dernier à l’AFP.

Une interview dans laquelle il confirme l’information révélée vendredi 7 avril par France Bleu Breizh Izel, à savoir qu’il a appris fin février de la part du sponsor que j’allais être remercié”. Et le marin de 66 ans de préciser : J’ai appris qu’Alexia Barrier allait être la skippeuse de mon bateau. La remise des clefs aura lieu début juin [après The Arch, dont Idec Sport est le bateau ambassadeur, NDLR] (…) J’ai été étonné d’être remplacé sans être informé, mais d’un autre côté je suis content de ce que nous avons fait avec Idec. C’est la vie, on ne peut pas en vouloir. Il y a peut-être aussi une usure, normale après une relation si longue.”

L’annonce peut surprendre, quand on connaît l’attachement qui liait Patrice Lafargue, patron d’Idec, au skipper. Dans une interview qu’il avait accordée à Tip & Shaft en septembre, il laissait cependant entendre qu’il se posait la question de l’avenir. Interrogé sur la perspective d’éventuellement changer de bateau ou d’en construire un, il répondait : “On ne s’interdit rien. L’envie est là, les moyens, on verra (…) Et un nouveau bateau, c’est dans deux ans minimum, Francis aura alors atteint un âge (68 ans) auquel ce ne sera pas forcément raisonnable de le lancer sur un bateau à foils. Ça veut dire quoi ? Un nouveau skipper ? Aujourd’hui, ça m’embêterait. A moins d’en trouver un qui ait un certain état d’esprit, avec lequel j’aurais envie de passer du temps…”

 

Une photo de une avec Idec Sport

 

Visiblement, ce nouveau skipper, il l’a trouvé, en l’occurrence, c’est une femme, en la personne d’Alexia Barrier, ainsi que l’a révélé Francis Joyon lui-même. Comme la direction de la communication d’Idec et Patrice Lafargue, cette dernière n’a pas répondu aux sollicitations répétées de Tip & Shaft. Il faut dire que la révélation par France Bleu Breizh Izel de la fin du partenariat avec Francis Joyon et la sortie médiatique de ce dernier ont pris de court la navigatrice et le sponsor, qui avaient prévu de communiquer à la fin de The Arch, en juin.

D’autant que, précise-t-on dans l’entourage d’Alexia Barrier, rien n’est à ce jour signé, la nature même de l’accord entre la 24e du dernier Vendée Globe et Idec n’ayant pas été complètement définie, entre simple mise à disposition du trimaran dans la perspective de son projet de Trophée Jules Verne 100% féminin à horizon 2025, ou sponsoring en bonne et due forme, budget de fonctionnement à la clé (qu’elle chiffre à 4 millions d’euros par an).

Le projet est cependant en très bonne voie, comme l’atteste la photo de une du site de The Famous Project, sur laquelle figure… Idec Sport ! Comment Alexia Barrier est-elle parvenue à convaincre Idec de la suivre ? “Comme elle cherchait un bateau pour le Jules-Verne, elle a été les voir à Saint-Malo avant le départ de la dernière Route du Rhum en leur disant qu’elle était intéressée par le trimaran. Ils se sont vite mis d’accord, sans que ni Francis ni l’équipe ne soient mis au courant, confie à Tip & Shat un proche du skipper. Francis l’a appris le 20 février en rentrant de vacances ; comme chaque année, il avait une réunion avec Idec à Paris pour avoir la trame de la saison, on lui a dit que ça s’arrêterait à la fin de The Arch. Il est plutôt du genre à prendre les choses avec philosophie, mais je pense qu’il a quand même pris un coup de bambou sur la tête, car c’était une relation vachement basée sur la confiance.”

Le partenariat se termine donc en juin pour un marin qui, dans son interview à l’AFP, a confié son désir de rester dans l’univers de la voile de compétition : J’aimerais beaucoup repartir pour le trophée Jules Verne et essayer de battre le record en moins de 40 jours. J’ai pris contact avec Spindrift pour savoir s’il était possible de louer un bateau. Il faut que je trouve des partenaires.” 

Photo : Jean-Marie Liot / Alea

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