Yannick Bestaven très sollicité par les médias

Comment s’organisent les tournées médiatiques post Vendée Globe

Les arrivées du Vendée Globe sont en général immédiatement suivies par une tournée médiatique des skippers. Tip & Shaft s’est intéressé à la manière dont était organisé ce « service après-vente ».

Arrivé le 28 janvier aux Sables d’Olonne, Yannick Bestaven n’a retrouvé son domicile rochelais qu’une semaine plus tard. Et pour cause, le vainqueur du Vendée Globe a vécu un autre marathon, médiatique, organisé par son attachée de presse, Caroline Muller : “Il y a d’abord le tourbillon le matin de l’arrivée : Yannick a dû répondre à toutes les matinales en une heure ! raconte-t-elle. Toute la journée et le lendemain ont été sur le même rythme, nous sommes ensuite partis à Paris du samedi au mercredi.”

Paris et l’inévitable tournée médiatique, à laquelle se sont également pliés Charlie Dalin, Louis Burton, Jean Le Cam, Damien Seguin, puis, plus tard, Clarisse Crémer et Jérémie Beyou. “Quand ton skipper est premier, il faut bien s’organiser parce que tout le monde le veut tout de suite, raconte Anne Millet, qui dirige l’agence de communication SIAC. Les incontournables sont les grandes télés et les radios, mais aussi les émissions type Quotidien sur TMC, C à Vous sur France 5. Mais le Graal, c’est le JT de 20h !

Phénomène nouveau cette année, la demande ne s’est pas limitée au vainqueur. Caroline Muller l’explique par un finish très serré : “Les médias présents aux Sables pour les premiers ont pu assister à huit arrivées en moins de 24 heures ! C’est du jamais vu, ils se sont donc intéressés à plusieurs skippers, alors que d’habitude, ils se cantonnent au vainqueur, voire au deuxième s’il est proche.”

Des émissions à éviter
Y a-t-il des médias à éviter ? Une communicante nous confie, en off : On déconseille des émissions comme celles d’Hanouna (Touche pas à mon poste ! sur C8) ou de Ruquier (On est en direct sur France 2), il ne faut pas que ce soit trop casse-gueule ou polémique, on l’a vu avec Yannick Bestaven chez Ruquier.” Le skipper de Maître CoQ a en effet été emmené sur le terrain de l’élevage intensif. “Il a été un peu surpris, parce qu’il était là pour parler de l’exploit qu’il venait de réaliser, maintenant, un journaliste a le droit de poser les questions qu’il souhaite”, relativise Caroline Muller.Si les demandes entrantes sont nombreuses pour les premiers, les attaché-e-s de presse cherchent également à placer leur protégé. “Pour Charlie, j’ai fait des relances vers des médias que je voulais absolument toucher lors de la tournée à Paris, explique Marie-Astrid Parendeau, qui s’occupe des relations presse de Charlie Dalin. J’avais ciblé C à Vous et Le Figaro Magazine, dans lequel nous avons eu six pages.”

Les sponsors sont-ils systématiquement consultés ? “Non, je ne fonctionne pas comme ça avec Apivia, poursuit cette dernière. On travaille ensemble à l’année, donc avec le temps, je sais les médias qu’ils aimeraient décrocher.” Chez Banque Populaire, on reconnaît davantage intervenir : On travaille les relations presse d’une façon vraiment stratégique avec l’objectif de répondre aux enjeux et au discours de la marque”, confirme Benjamin Maître, responsable sponsoring et mécénat.

En l’occurrence pour Clarisse Crémer, le choix a été fait de “plus miser sur des médias de qualité où elle allait avoir le temps de s’exprimer”. La skipper de Banque Populaire est notamment passée par Le Téléphone Sonne sur France Inter, Stade 228 Minutes sur Arte, C Politique sur France 5. Ça touche une cible assez grand public et c’est important pour Banque Populaire, précise Delphine Gallais, en charge de ses relations presse.

Jean Le Cam et Kevin Escoffier omniprésents
Cette tournée parisienne, Tanguy Blondel, qui s’occupe de Thomas Ruyant (6e) et de Maxime Sorel (10e), l’a réduite à son strict minimum cette année. “On a voulu rester à notre place, j’ai plutôt conseillé à mes clients de ne pas en rajouter ; laissons la place aux vainqueurs et à la star médiatique du Vendée Globe, Jean Le Cam.”Un Jean Le Cam, qui, avec Kevin Escoffier, a été omniprésent dans les médias. Au point d’interroger certains professionnels : “Certes, les gens s’attachent plus aux histoires comme celle du sauvetage de Kevin qu’aux résultats, mais, là, il écrase le vainqueur, indique un observateur. Même réflexion à propos du skipper de PRB, dont le sauvetage a fait l’objet d’un film diffusé sur Canal + quelques jours après l’arrivée du vainqueur, très partagé sur les réseaux sociaux : Kevin doit faire attention à ne pas devenir uniquement le type qui a cassé son bateau en deux, comme Bertrand de Broc a été celui qui s’est recousu la langue.”

Interrogée sur le cas Jean Le Cam, Laurence Caraës, qui gère ses relations presse, se défend de toute « sur-communication » : Jean n’a rien demandé, mais c’est vrai que les sollicitations ont été exponentielles. C’est bien sûr lié au sauvetage de Kevin, mais aussi au fait qu’à chaque fois qu’il s’est exprimé, il a très peu parlé de sport, son discours a plu au grand public, c’est sa nature.”

Des retombées qui valent le coup
En charge des relations presse de Kevin Escoffier, Fabienne Morin réfute également toute stratégie : “Il y avait une vraie volonté de sa part d’être aux arrivées, a minima de ceux qui avaient participé à son secours, pour les remercier. L’intensité du regard de Yannick et Kevin, ce n’est pas de la communication, c’est spontané. Et comme il était sur place, il a forcément eu des sollicitations. Quant au film, il était à l’origine destiné à l’interne. Il se trouve que Canal + nous a approchés pour faire un sujet similaire, comme nous étions déjà bien avancés, nous leur avons proposé de le diffuser.”Caroline Muller, attachée de presse du vainqueur, se montre d’ailleurs bonne joueuse : “Un Vendée Globe, c’est plein d’histoires différentes, c’est très bien qu’on n’en parle pas uniquement avec le prisme du vainqueur. Ça sert les sponsors, le public et la course au large, tout le monde est gagnant.”

Les sponsors en particulier, comme le confie Benjamin Maître : “Il y a quatre ans, sur les 55 millions d’euros de retombées médiatiques calculés par Kantar, un quart avait été réalisé autour de la victoire d’Armel (Le Cléac’h) et dans les semaines qui avaient suivi.” Cela vaut bien un marathon médiatique de quelques jours…

Photo : Olivier Blanchet / Alea

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