L'ETF26 du défi français

Comment le défi Orient Express Racing Team se structure

Dévoilé officiellement le 2 février à Paris, Orient Express Racing Team, le défi français pour la 37e Coupe de l’America, s’est depuis mis en ordre de marche avec deux priorités, le recrutement et le lancement de la construction du futur AC75Tip & Shaft fait un point d’étape avec plusieurs cadres du challenger tricolore.

Trois mois et demi après son lancement officiel à la Cité de l’Architecture et du Patrimoine, Orient Express Racing Team est, selon Stéphane Kandler, qui le codirige avec Bruno Dubois, plutôt dans les temps. Si l’équipe de management avait été annoncée en février, composée, outre du duo fondateur, de Benjamin Muyl (chief designer), d’Antoine Carraz, directeur technique, de Franck Cammas (en charge de la performance), de Louis Viat (directeur des opérations), de Thierry Douillard (coach), de Caroline Muller (communication), de Stéphanie Nadin (hospitalités) et du skipper Quentin Delapierre, elle s’est depuis étoffée.

“Le gros focus de ces derniers mois a été sur la création de l’équipe. Aujourd’hui, nous sommes une vingtaine, nous serons le double cet été au moment de l’arrivée de notre AC40 à Barcelone, jusqu’à atteindre 70 dans un an, explique Louis Viat. Nous avons bien avancé sur ce recrutement, puisqu’on peut dire que 90% des 70 postes sont pourvus.” Dans l’immédiat, la priorité a été de recruter des ingénieurs pour épauler Benjamin Muyl, notamment sur le travail de simulation, essentiel pour appréhender du mieux possible les futurs AC40 et AC75 du défi français.

Le chief designer est ainsi entouré aujourd’hui de son équipe de Benjamin Muyl Design – Nedeleg Bigi, Loughlin Dudley, Timothée Fonlupt et Sébastien Nicolaïdis – mais également d’Hugo Stublerdata scientist chez SailGP, et de David Gautier, en charge la partie mécatronique, électronique et IT, qui arrive de chez Sodebo. Du côté de la partie construction, une équipe d’environ une dizaine de boat-builders va prochainement s’installer chez Multiplast, qui construit l’ensemble coque-pont de l’AC75, tandis que Louis Viat, en charge notamment de l’installation à Barcelone, s’est d’ores et déjà attaché les services d’Emilie Llorens, qui travaille également pour l’équipe française de SailGP (logistique et responsable de la stratégie RSE) et d’un shore manager, Chris Reid, ancien de SailGP et du défi anglais sur la dernière Coupe de l’America. Enfin, Carlos Beltran épaule les Français sur la partie protocole/règlements.

 

L’équipe navigante connue en juillet

 

Du côté des navigants, une partie de l’équipe est déjà constituée. On a d’ores et déjà sélectionné nos grinders [ils seront quatre sur huit équipiers à bord de l’AC75,NDLR], confirme Quentin Delapierre, sans dévoiler leur nombre et leurs noms. La sélection s’est faite essentiellement sur des tests physiques à l’ENV de Quiberon, parce qu’on a besoin de développer une puissance donnée. On a un peu tous les profils : des cyclistes, des athlètes qui viennent de l’aviron, mais aussi du monde de la voile, c’est bien de garder un sens marin sur ce poste.”

Le reste de l’équipe navigante sera connu “d’ici fin juillet pour qu’on soit opérationnels dès la livraison de l’AC40 mi-août”, assure le skipper, qui précise : “Le travail sur le simulateur développé par Benjamin Muyl va nous permettre de tester les différentes configurations de cellule arrière et donc de bien identifier le profil des athlètes que nous allons choisir.” Kevin PeponnetMatthieu Vandame et François Morvan, qui accompagnent Quentin Delapierre en SailGP, seront-ils de la partie ? “C’est prématuré de le dire, mais il y a de fortes chances que ces trois noms se retrouvent avec moi sur Orient Express Racing Team, parce qu’ils ont une expérience incomparable en France sur ce type de bateau, répond l’intéressé.

Le circuit SailGP, s’il est un objectif à part entière pour Quentin Delapierre et l’équipe française qui vient de terminer quatrième de la saison 3, reste, en attendant l’arrivée de l’AC40, le meilleur moyen pour l’équipe de continuer à maîtriser le vol à très haute vitesse, un stage d’entraînement d’une semaine à Lagos en GC32 est également prévu avant le départ pour Chicago, coup d’envoi de la saison de la saison 4 (16-17 juin). “Le reste du temps, on va le passer entre des navigations entre nous en Moth à foil et des sessions sur le simulateur qui vont être déterminantes pour nous permettre de ne pas découvrir l’AC40 lors des premières navigations”, explique Quentin Delapierre. “Le simulateur est essentiel pour préparer ces navigations réelles et les routines d’analyses de datas à mettre en place, surtout pour une équipe comme la nôtre au sein de laquelle aucun navigant n’a fait la précédente Coupe”, ajoute Franck Cammas, qui partage son temps en ce moment entre l’Imoca de Jérémie Beyou et le défi français qu’il rejoindra à plein temps en fin d’année.

 

Les femmes et les jeunes sur le pont

 

Sachant que la première des deux Preliminary Regattas prévus au deuxième semestre, à Vilanova i La Geltru (sud de Barcelone), arrive vite (14-17 septembre). La deuxième aura lieu à Djeddah (Arabie Saoudite), sans American Magic, en raison de la menace terroriste, tandis que le défi français n’a pas encore totalement abandonné l’idée de naviguer d’ici l’année prochaine sur un AC75 de location. “C’est toujours à l’étude, mais on ne sait toujours pas comment c’est autorisé, c’est plus compliqué que ça en a l’air, notamment pour des raisons juridiques”, commente Stéphane Kandler, sans en dire plus.

Quentin Delapierre a par ailleurs participé à la sélection des équipages jeune et féminin qui participeront en septembre/octobre 2024 à la Youth et Women’s America’s Cup, une première pour la compétition féminine. Un double projet confié à l’association Team France qui, après avoir organisé une sélection mi-avril à l’ENVSN – navigations en ETF26 et Birdy Fish, tests physiques, entretiens, ateliers médias -, a dévoilé début mai une liste de 9 femmes et 8 jeunes, réduite en fin d’année à 6 éléments pour chaque équipage. Au programme de tout ce petit monde dans les mois à venir : des entraînements en ETF26 et en GC32 sur le bateau appartenant à Team France, mais également des compétitions en 69F, avec la participation de l’équipe féminine à la première Women Foiling Gold Cup fin août sur le lac de Garde et des jeunes à l’Act 3 de la Youth Foiling Gold Cup à Kingston (Canada) mi-juillet – ils viennent de terminer 5e de l’Act 2 à La Grande Motte.

Pour ce qui est de la découverte de l’AC40, support de la Youth et Women’s America’s Cup, ce ne sera sans doute pas avant le début de l’année prochaine. “On laisse la priorité absolue à l’équipe une [de Quentin Delapierre, NDLR]”, explique Thibaut Derville qui, avec Louis Romieux, chapeaute le projet pour Team France, le duo étant secondé par Charles Dorange, en stage de fin d’études d’ingénieur, mais “qui va rester avec nous à la fin de son stage”, assure Thibaut Derville. Et l’intéressé d’ajouter : “Le reste du programme est une question d’arbitrages budgétaires et de plannings des athlètes, sachant qu’un certain nombre est en pleine préparation olympique.” Team France, qui ne reçoit pas de budget spécifique d’Orient Express pour ce double programme, “mais des aides en nature sur la communication, l’entraînement”, précise Thibaut Derville, cherche des partenaires pour boucler un budget dont ce dernier ne précise pas le montant.

 

L’AC75 attendu en mai 2024

 

Outre le recrutement, l’autre grande priorité d’Orient Express Racing Team a été ces dernières semaines de lancer la construction de l’AC75 français qui vient de démarrer à partir du design package acheté à Emirates Team New Zealand, à propos duquel nos interlocuteurs se montrent très discrets, le sujet semblant très sensible et scruté de près par les autres challengers. La fabrication des outillages a débuté, détaille Antoine Caraz, celle de la coque, du pont et des structures devrait durer de fin juin jusqu’en octobre chez Multiplast, avant le début de l’assemblage à partir de début novembre, puis l’équipement du bateau avec les systèmes hydrauliques, électroniques, l’accastillage.”

Le mât sera finalement fabriqué chez Southern Spars, en Nouvelle-Zélande, et non par CDK Technologies, comme initialement annoncé – “pour des raisons de planning et parce qu’ils avaient un autre client sur la Coupe de l’America”, précise le directeur technique. Les appendices chez “un fournisseur local, mais ce n’est pas encore signé”, ajoute-t-il, tandis que North Sails France s’est vu confier le design des voiles d’un bateau qui devrait être terminé en mai 2024.

Quant au « chase-boat » à foils et hydrogène, imposé par le Protocole, “nous communiquerons dessus prochainement, il y aura un grand projet de filière nautique hydrogène française, avec ce chase-boat à la base”, commente Stéphane Kandler. L’équipe actuelle va déménager dans les semaines à venir de Lorient à Vannes, au cœur du chantier Multiplast, tandis que le shore team et les navigants s’installeront début juillet à Barcelone sur une base provisoire composée de 25 containers et d’une tente capable d’accueillir l’AC40, au pied du pont de la Porta d’Europa, dans le port de commerce. La base définitive, d’une surface totale de 6 000 m2, sera opérationnelle “à la fin de l’hiver 2023-2024 et entrera en fonctionnement quand l’AC75 arrivera”, ajoute le directeur des opérations.

 

Photo : Orient Express Racing Team

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