Niji40

La Class40 sur son élan

Deux nouvelles courses au calendrierplusieurs nouveaux plans mis à l’eau, des prétendants toujours aussi nombreux pour intégrer le circuit, la Class40 continue d’être portée par des vents favorables en ce début de saison 2024. Tip & Shaft fait le point.

Si l’euphorie qui avait gagné la Class40 entre 2019 et 2022 – avec une trentaine de bateaux neufs – est un peu retombée, son attractivité ne s’est pas essoufflée depuis la dernière Route du Rhum-Destination Guadeloupe, comme l’indique son président, Cédric de Kervenoaël : “Ce dynamisme se traduit notamment à travers la trentaine de bateaux qui vont traverser l’Atlantique ces prochaines semaines.” L’intéressé fait référence aux 13 équipages qui s’élancent dimanche sur la Niji 40, nouvelle transatlantique entre Belle-Ile-en-Mer et Marie Galante (voir notre article) et aux 13 solitaires inscrits sur The Transat CIC (départ le 28 avril de Lorient).

“C’est assez encourageant de voir que sur deux épreuves aussi proches dans le temps, avec des caractéristiques très différentes, nous avons réussi à réunir pour chacune d’entre elles une flotte intéressante tant sur le nombre que sur le plan sportif”, ajoute le président de la classe. Et ce dernier de se réjouir d’un calendrier 2024, “extrêmement complet, qui propose un triangle de l’Atlantique vertueux, sans retour cargo“, avec, après ces deux transats aller, l’Atlantic Cup le long des côtes américaines (25 mai-7 juin), puis la Québec-Saint-Malo (départ le 30 juin) en guise de transat retour.

Une nouvelle course fera par ailleurs son entrée au calendrier : la Med Max, entre Port-Camargue et Saïdia, au Maroc (également ouverte aux Ocean Fifty, départ le 29 septembre), qui, un peu comme avec la Niji 40 et The Transat CIC, se chevauche avec la CIC Normandy Channel Race (départ le 15 septembre). Ce qui n’émeut guère l’organisateur de cette dernière, Manfred Ramspacher, puisqu’il s’attend “à une trentaine de bateaux, avec quasiment tout le haut du plateau” et ajoute : “C’est une très bonne chose qu’une épreuve se développe en Méditerranée, ça manquait à la Class40.”  

 

Huit nouveaux Class40 

 

Pour ce qui est de la flotte, huit nouveaux Class40 sont attendus cette année. Certains déjà mis à l’eau, comme le nouveau plan Guelfi Dékuple de William Mathelin Moreaux (à écouter dans Pos. Report #158), baptisé cette semaine à Larmor-Plage. Également sortis récemment l’Evo 40 Scowling Dragon (skippé par l’Américain Michael Hennessy), nouveau plan Owen Clarke Design, ou encore Pierreval-Fondation Good Planète de Vincent Riou, ce dernier s’étant emparé du Pogo S4 pour imaginer un concept innovant avec un seul safran et une quille comprenant un trimmer à l’arrière. Innovation dont il disait récemment : “C’est un petit volet qui permet de rendre le profil de quille asymétrique. Je pense qu’il y a moyen de gagner en performance.”

Autre Class40 très attendu, le nouveau Crédit Mutuel de Ian Lipinski qui sera présenté en amont du départ de The Transat CIC et effectuera ses débuts sur la CIC Normandy Channel Race – le skipper navigue d’ici là sur le 158, premier scow mis à l’eau à l’été 2019. L’un des objectifs recherché sur cette évolution du Max 40 est de gommer le déficit que peut avoir le précédent au portant dans le vent médium et au reaching, précise son architecte David Raison. Le bateau a donc pris des épaules à l’avant et les lignes ont été subtilement retendues pour lui permettre d’être plus performant dans les alizés.”

Parmi les autres optimisations, David Raison cite “un roof plus gros, un cockpit beaucoup plus abrité et plus sécurisant, un système de safrans relevables et un énorme travail sur la structure du bateau, mené avec Gurit Engineering, pour gagner en poids et en fiabilité, ce qui donne un maillage structurel assez novateur.”

 

Un Mach 40.6, un Lift V3…
et un Agité 40 !

 

Sam Manuard a lui aussi cherché à optimiser la carène de son Mach 40.5 pour donner naissance au Mach 40.6, dont le premier né, skippé par Quentin Le Nabour (Bleu Blanc Planète Location), s’alignera sur The Transat CIC. “Le bateau a un peu plus d’épaules à l’avant et est globalement un peu plus tendu dans ses lignes. Nous avons beaucoup gagné sur les allures de reaching de 60 à 110 degrés du vent ainsi que sur la capacité à partir au planning sous spi un peu plus tôt”, détaille l’architecte. Un second Mach 40.6, pour l’Américain Greg Leonard, sera mis à l’eau au printemps, avant deux autres en 2025.

Enfin un Lift V3 signé du cabinet Lombard viendra compléter la flotte en décembre, celui de Corentin Douguet qui, après sa Route du Rhum en 2022 sur un Lift V2, a souhaité aller plus loin : “Nous avons essayé de garder les points forts du LiftV2, le côté puissant au près et au reaching, tout en optimisant le confort et le passage dans la mer, au portant notamment. Nous avons aussi beaucoup amélioré l’ergonomie du poste de veille intérieur avec une vision assez panoramique. C’est un vrai changement sur la capacité à durer, qui est aussi un facteur de performance.” Un deuxième Lift V3 sera mis à l’eau pour Frédéric Denis fin avril 2025.

Cédric de Kervenoaël annonce par ailleurs que Michel Desjoyeaux est lui aussi en train de travailler à la construction d’un nouveau Class40, l’Agité 40.” Joint par Tip & Shaft, le double vainqueur du Vendée Globe confirme : Tout est parti d’une idée d’Alexandre Le Gallais, déjà propriétaire de deux Class40 [le 115 et le 190, NDLR], qui a souhaité que l’on en construise un premier bateau, sur lequel on naviguera tous les deux en 2025, le but du jeu étant d’en sortir plusieurs.

Conçu par CT Mer Forte, société qu’il a fondée en 2009 avec Denis Juhel et rachetée fin 2020 par le groupe espagnol CT Engineering, et construit à Port-la-Forêt par Mer Agitée, ce nouveau plan est attendu en fin d’année. L’objectif est qu’il soit capable de “faire un tour du monde”, selon Michel Desjoyeaux, qui précise : “Nous cherchons à mettre l’accent sur la soliditéOn travaille aussi sur la partie ergonomie et sur un cockpit fermable – il aura une casquette démontable pour les parcours inshore – afin de permettre au marin d’être plus efficace.”

 

Moins de places sur
la Route du Rhum 2026 ?

 

Sur le marché de l’occasion enfin, un certain nombre de bateaux cherchent encore preneurs, Cédric de Kervenoaël soulignant que certains scows sont parfois un peu surcotés, autour des 650 000 euros, alors qu’un neuf, hors voile et électronique, vaut à peu près le même prix. Une envolée des prix due au fait que ces derniers mois, les chantiers n’étaient pas en mesure de livrer des bateaux neufs rapidement.” 

L’approche de la Route du Rhum 2026 devrait contribuer à accélérer le rythme des transactions et à attirer de nouveaux prétendants – cette année arrivent notamment les anciens ministes Louis Mayaud (Belco) et Matteo Sericano (Lucente) ou l’ex figariste Yannig Livory (Interaction).

“Mais les places seront chères, prévient le président de la classe, d’autant que le quota de Class40 risque d’être revu à la baisse et de passer de 55 à 40. Nous sommes en pleine discussion avec l’organisateur, OC Sport Pen Duick, qui souhaite mettre en place un système de qualification, avec un avantage significatif accordé aux participants de The Transat CIC [organisé par OC Sport Pen Duick, NDLR].” Ce qui ne semble pas du goût de tout le monde : “Les coureurs ont échangé de façon ferme mais constructive cette semaine avec Joseph Bizard (directeur général d’OC Sport Pen Duick), nous avons convenu de finaliser nos discussions rapidement car la situation est très préoccupante.”

Photo : Jean-Marie Liot

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