Le Class40 Banque du Léman est co-skippé par Valentin Gautier

Valentin Gautier : “J’ai toujours voulu faire du Class40”

Associé en Class40 à son compatriote Simon Koester au sein du Roesti Sailing Team, le Suisse Valentin Gautier participe à partir du 13 septembre à la Normandy Channel Race sur son Mach 40.4 Banque du Léman, mis à l’eau il y a un an. L’occasion pour Tip & Shaft de faire connaissance avec le Genevois de 33 ans.

Comment as-tu été amené à faire de la course au large ?
J’ai mis du temps à venir à la compétition, je naviguais surtout en plaisance avec mes parents. J’ai vraiment commencé lorsque j’ai intégré le Centre d’entraînement à la régate de Genève, j’ai alors couru en Surprise, en IRC en Méditerranée, le Tour de France à la voile lors de la dernière en M34. J’ai aussi travaillé comme préparateur au CER, c’est d’ailleurs ce qui m’a donné envie de faire la Mini-Transat : j’avais du mal à fonctionner en grand groupe, je me suis dit que je serais plus heureux sur un projet Mini.

Tu as couru trois ans sur le circuit Mini (5e de la Mini-Transat 2017), avec rapidement des résultats, raconte-nous…
C’est vrai qu’assez vite, j’étais plutôt dans le coup, j’ai assez vite compris que le large en solitaire était fait pour moi. Et le fait d’avoir beaucoup navigué dans le groupe de Lorient avec Tanguy Leglatin a été déterminant, c’est un formidable accélérateur de talent.

Qu’est-ce qui t’a ensuite poussé à faire du Class40 ?
J’ai toujours voulu faire du Class40. Je voulais même commencer par là, mais en faisant un convoyage retour de Route du Rhum avec Bertrand Delesne (en 2014), je me suis dit que c’était peut-être une trop grosse marche de commencer directement par là et, comme on dit, qu’il valait peut-être mieux “passer ma Mini d’abord”.

Pourquoi avoir choisi de monter un projet avec Simon ?
Parce que je me suis dit que ce n’était pas facile de monter un tel projet tout seul en Suisse, il y avait un « gap » de budget assez grand avec le Mini. Et vu qu’en Class40, la plupart des courses sont en double, ça avait vraiment du sens, ça permettait aussi de monter un projet performant plutôt qu’un projet « bout de bois », chacun dans son coin.

Vous avez opté pour un Mach 40 (plan Manuard), pourquoi ?
Au début, on voulait plutôt racheter un Mach 3 d’occasion, mais quand on a su que le chantier JPS voulait construire un nouveau Mach 4, on a appelé Sam et Nicolas Groleau (patron du chantier JPS), ils nous ont dit qu’effectivement, ils avaient envie d’aller à fond dans la jauge en faisant un scow, ils étaient assez preneurs d’avoir des gens avec un projet sérieux pour les aider à mettre le premier bateau de la série au point. Pour nous, c’était une super opportunité, d’autant que le timing était bon et que Nicolas Groleau était assez arrangeant puisqu’il proposait de prendre à sa charge la construction des moules.

Vous l’avez mis à l’eau moins d’un mois avant le départ de la Transat Jacques Vabre 2019 dont vous avez pris la 4e place, inespéré ?
A un mois du départ, on n’en menait pas large, on était à l’arrache alors qu’on avait vendu un projet Jacques Vabre à nos sponsors. Malgré tout, on a réussi à être au départ et on fait un résultat loin d’être ridicule. Ça nous a permis de constater le potentiel énorme du bateau, c’était aussi un bon test pour notre entente avec Simon.

Vous avez attaqué cette saison par le record du tour des îles britanniques la semaine dernière, que vous venez de battre avec Justine Mettraux, pourquoi avoir fait appel à elle ? Par patriotisme ?
Il y a de ça, oui ! Depuis le début, on vend un projet 100% suisse. Des marins suisses ont souvent bien marché en course au large, mais ils ont rarement réussi à combiner leurs forces, on joue cette carte. C’était aussi l’occasion de profiter de son expérience, elle nous apporte pas mal de rigueur, on sent qu’elle est passée par la case Figaro.

Quelles sont les forces et les faiblesses de Banque du Léman par rapport à l’autre bateau référence jusqu’à présent, Crédit Mutuel, le plan Raison de Ian Lipinski ?
Le point fort, c’est sa capacité à avoir une vitesse moyenne très élevée quand les conditions météo le permettent. Sur une mer à peu près rangée, c’est vraiment le plus rapide et je pense qu’on accélère un peu plus vite que Crédit Mutuel. Là où on est peut-être un poil moins à l’aise, c’est quand la mer devient un peu plus formée, il passe un peu mieux.

On entend souvent dire que les Mach sont exigeants physiquement, qu’en penses-tu ?
Sam (Manuard) a fait un énorme travail sur le centre de gravité en abaissant les masses au maximum, le pont est très bas, le roof aussi, donc ergonomiquement, oui, le Mach est assez dur, c’est un bateau sur lequel il faut se faire un peu plus mal, mais c’est un choix lié à la performance. On pense que le jeu en vaut la chandelle.

Vous allez retrouver Crédit Mutuel sur la Normandy Channel Race, c’est le duel annoncé de la course ?
Beaucoup d’autres peuvent prétendre à la victoire : les deux nouveaux Mach 4 (d’Olivier Magré et d’Antoine Carpentier), des équipages en Mach 3, comme Jörg (Riechers) et Axel (Tréhin), Luke (Berry, associé à Thierry Chabagny), Charles-Louis (Mourruau) et Estelle (Greck). Mais c’est vrai qu’avec Ian, c’est le duel à armes égales enfin possible, on l’attend avec impatience.

La suite du programme en 2021 pour vous ?
On enchaîne sur une saison classique avec la Normandy Channel Race, Les Sables-Horta, le Fastnet et la Jacques Vabre. Pour la suite, on verra, le contrat avec le sponsor va pour l’instant jusqu’à fin 2021. En 2022, il y aura le Rhum, on est deux pour un bateau, il faudra voir qui a un budget, qui veut garder le bateau, qui a envie de faire le Rhum… On mettra la balle au centre. Ce qui est sûr, c’est que personnellement, la Route du Rhum est une course dont je rêve depuis toujours, et je pense que Simon aussi.

La Route du Rhum te fait rêver, l’Imoca et le Vendée Globe aussi ?
C’est déjà tellement difficile d’avoir un budget cohérent en Class40 à deux skippers, que la marche me paraît trop haute, d’autant que ces problématiques ne vont pas en s’arrangeant. Après, forcément, c’est une course qui fait rêver, mais pour l’instant, ça reste un rêve dans un coin de la tête.

Photo : Anne Beaugé/Roesti Sailing Team

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