Achille Nebout en Figaro

Les figaristes traversent bien la crise

La saison de Figaro Bénéteau reprend dans un mois avec la Solo Maître CoQ, première des sept épreuves inscrites au calendrier. Dans un contexte de crise sanitaire et économique, la classe semble plutôt bien résister, Tip & Shaft a fait le tour des projets.

Après un exercice 2020 conclu sur le triomphe d’Armel Le Cléac’h, vainqueur de la Solitaire du Figaro et champion de France Elite de course au large, la saison Figaro Beneteau redémarre en mars avec la Solo Maître CoQ, à huis clos, avec environ 25 solitaires inscrits.

L’intersaison a été marquée par l’élection d’un nouveau bureau et d’un nouveau président, Jean-Bernard Le Boucher (il succède à Yvon Breton), qui affiche ses ambitions : “Le bureau est placé sous le signe de l’ouverture, avec des profils différents permettant de couvrir les besoins de la classe, notamment en termes de communication. On n’a pas assez communiqué ces dernières années, notamment sur le championnat de France Elite de course au large, c’est le dossier sur le dessus de la pile.”

D’où l’arrivée au bureau de François Quiviger, responsable clients voile de l’agence Rivacom, mais, tient-il à préciser, élu à titre privé : « “Mon objectif, c’est de trouver des partenaires pour aider la classe à se structurer et à se professionnaliser. Aujourd’hui, en termes de promotion, elle est en-dessous de classes comme les Mini 6.50 ou l’Imoca.” Un comité de développement réunissant le nouvel élu, Jean-Bernard Le Boucher et Eric Péron s’attelle à cette recherche de partenaires, notamment d’un sponsor-titre pour le championnat, dont le ticket d’entrée se situe entre 200 000 et 300 000 € par an, selon François Quiviger.

 

Une participation proche de celle de l’an dernier

Le championnat comprendra cette saison cinq épreuves : la Solo Maître CoQ, la Solo Guy Cotten et le Tour de Bretagne en double (coefficient 2), la Transat en double Concarneau-Saint-Barth (coefficient 4) et la Solitaire du Figaro (coefficient 6). La Sardinha Cup (en double) et le Fastnet (en double) complètent le programme officiel. Et pour 2022, Jean-Bernard Le Boucher annonce : “Nous avons deux sujets en réflexion, faire une belle épreuve en Méditerranée et participer à la Route du Rhum, ce qui serait une très bonne nouvelle pour la classe et ses marins.”Des marins qui devraient être à peu près aussi nombreux à participer au circuit qu’en 2020, notamment sur les deux épreuves phares de la saison, la Transat en double (départ le 9 mai) et la Solitaire du Figaro (22 août-19 septembre), toutes deux organisées par OC Sport Pen Duick. Alex Picot, leur chef de projet, indique, à propos de la première : “L’ensemble des partenaires considéraient qu’il fallait un minimum de participants donc nous avions fixé le seuil à 15 : 16 bateaux étaient inscrits au 31 janvier, donc la transat aura lieu.”

Pour ce qui est de la Solitaire, dont le parcours sera officialisé mi-mars – départ et arrivée en Loire-Atlantique, trois ou quatre étapes, dont une en Bretagne -, l’organisateur et la classe misent sur une participation à peu près similaire à celle de l’an dernier (35 skippers). Jean-Bernard Le Boucher se veut confiant : “Aujourd’hui, les adhésions sont au même niveau que l’an dernier à pareille époque.”

Constat similaire du côté des centres d’entraînement avec une dizaine de bateaux à Lorient, sept à Saint-Gilles Croix-de-Vie, une douzaine à Port-la-Forêt. “En tout, 15 à 17 coureurs du pôle vont faire la saison ; c’est beaucoup, on n’est pas en période de pénurie, constate Christian Le Pape, qui dirige le pôle Finistère course au large.

 

Certains ont tout de même perdu leurs sponsors

Tip & Shaft a fait le tour des marins : 30 étaient partants certains pour la Solitaire. Preuve que la classe n’a finalement pas été si impactée par la crise économique. Entraîneur du groupe de Lorient, Tanguy Leglatin note ainsi : “Je pensais qu’elle allait être davantage touchée, dans la mesure où elle réunit surtout des petites et moyennes entreprises. En fait, il y a très peu de dégâts.”Certains ont malgré tout perdu leur partenaire : c’est le cas d’Anthony Marchand (Groupe Royer), qui sera tout de même présent sur le circuit cette saison aux côtés de Fabien Delayahe sur les courses en double, et de Corentin Douguet (NF Habitat), lui aussi engagé sur la Transat en double, en tant que co-skipper (annonce bientôt officialisée).

La crise a aussi touché Damien Cloarec : il vient d’apprendre que Sonergia, qui devait l’accompagner sur la Solitaire, ne pouvait plus suivre, il est donc en quête de nouveaux sponsors. Ce qui n’a rien d’évident dans le contexte actuel. “J’avoue que j’ai arrêté de chercher”, confie ainsi Robin Follin, qui, s’il a choisi de travailler dans l’entreprise de décoration familiale, ne désespère pas de s’aligner sur la Solitaire avec un petit budget.

 

Yann Eliès tenté, Vincent Riou de retour

“C’est plus dur de trouver des partenaires, mais on sent qu’on ouvre une petite fenêtre d’air frais, le Vendée Globe l’a bien montré, notre sport fait rêver, explique quant à elle Violette Dorange, qui cherche à boucler son budget, mais courra toute la saison, dont la Transat en double avec Alan Roberts.Sébastien Marsset, qui accompagnera Luce Molinier en double et se verrait bien courir la Solitaire, ajoute : “Le retentissement du Vendée Globe aide un peu. Maintenant, il faut être réaliste dans ce qu’on propose, parce que même si on sent que des boîtes ont envie de venir, beaucoup doivent faire des efforts budgétaires en ce moment.”

Parmi les autres marins souhaitant s’aligner sur la Solitaire, on trouve Loïs Berrehar (co-skipper de Tom Laperche sur les courses en double) qui confie : “Il y a de grandes chances que je sois au départ. Ma priorité était la Transat Jacques Vabre, que je vais courir en Imoca, mais comme le départ a été repoussé et celui de la Solitaire avancé, cumuler les deux devient possible.”

Ce qui motive également Yann Eliès (lui aussi engagé en double, aux côtés de Martin Le Pape) : “Je cherche d’abord un embarquement pour la Jacques Vabre, mais j’ai bien envie de courir la Solitaire, ça peut être l’occasion de commencer une histoire avec un sponsor, avant la Route du Rhum en 2022 et le Vendée Globe deux ans plus tard. » Quant à Vincent Riou (voir notre interview ci-dessous), il confirme qu’il sera sans doute au départ de la Solitaire cette année.

 

Des nouveaux en nombre

Plusieurs marins ont vu leurs partenariats confirmés ou reconduits : Fabien Delahaye, Tanguy Le Turquais, Martin Le Pape, Benoît Mariette, Nils Palmieri, Xavier Macaire, Alan Roberts, Pierre Leboucher, Eric Péron, Tom Dolan et Gildas Mahé (associés sur la Transat en double), tandis que Robin Marais, Marc Mallaret et Alberto Bona nous ont confirmé leur présence sur le circuit (sauf Transat). Les dispositifs Skipper Macif (Pierre Quiroga et Erwan Le Draoulec), Bretagne CMB (Tom Laperche, Gaston Morvan et Elodie Bonafous), Région Normandie (Alexis Loison avec Guillaume Pirouelle) et Team Vendée Formation (Charlotte Yven) n’ont quant à eux pas été remis en question.

Certains ont même trouvé de nouveaux partenaires, comme Achille Nebout (Amarris, qui rejoint Primeo Energie), mais également de nouveaux venus, nombreux cette année. Feront ainsi leurs débuts sur le circuit, et notamment sur la Solitaire : Charlotte Yven, le Rochelais Alexis Thomas, l’Anglais David Paul, Estelle Greck, l’Espagnol Pep Costa, l’ancien nageur de combat de la Marine Philippe Hartz.

De leur côté, l’ex ministe Luce Molinier et les Américains Jesse Fielding et Francesca Clapcich (ensemble sur les courses en double, séparément sur les épreuves en solo) arrivent avec l’ambition de se former en vue de l’épreuve de course au large olympique de Paris 2024 (si elle est confirmée). “Le Figaro est sans discussion le meilleur circuit de solitaire et de double au monde, il n’y a pas de meilleur moyen de préparer les Jeux”, estime ainsi Jesse Fielding. Tandis que Luce Molinier ajoute : “Pour être la plus compétitive possible sur le projet olympique, il faut que je fasse du Figaro.”

Et les anciens figaristes du Vendée Globe, qui aiment souvent revenir à leurs premiers amours, une fois revenus du tour du monde ? “Je suis toujours tenté, mais ce n’est pas raisonnable”, répond Jérémie Beyou“J’y ai pensé pendant le Vendée Globe, mais ce sera trop tard avec la Jacques Vabre”, ajoute Charlie Dalin, tandis que pour Sébastien Simon, c’est “non, pas pour le moment.”

Photo : Alexis Courcoux

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