Tour de Bretagne à la voile

Comment la classe Figaro Beneteau veut se relancer

La classe Figaro Beneteau a tenu le 9 décembre son assemblée générale, au cours de laquelle a été adopté le calendrier 2022 et validée la création de l’Académie, destinée à faciliter l’accès du circuit à de nouveaux entrants. Une nécessité pour une classe qui voit le nombre de participants à son circuit diminuer. Décryptage.

 

Avec 34 participants, l’édition 2021 de la Solitaire du Figaro a été celle qui a accueilli le moins d’inscrits depuis plus de deux décennies. Une tendance à la baisse qui contraste avec les autres classes hauturières. “On se rend compte que ça joue à guichets fermés sur la Mini Transat, qu’il y a plein de nouveaux projets en Class40, alors que nous, il y a de moins en moins de monde”, reconnaît Estelle Graveleau, directrice du Team Vendée Formation et membre du conseil d’administration de la classe.

Les explications ? Elles sont diverses. “Contrairement à d’autres qui reposent sur des événements-phare tous les deux ou quatre ans, la classe Figaro a besoin d’organiser sa principale course, la Solitaire du Figaro, tous les ans. Ça a été un exploit l’an dernier de la sauver, mais nous avons plus souffert que d’autres de la crise sanitaire, ça a été très compliqué de mettre en place un calendrier”, estime Marcus Hutchinson, qui vient d’être élu vice-président de la classe.

La très bonne santé de la Class40 joue aussi, attirant les figaristes qui souhaitent changer de support (Corentin Douguet, Martin Le Pape, Pierre Quiroga, Xavier Macaire, Alexis Loison…) et détournant des marins qui seraient peut-être passés par la case Figaro. “Je pense que sans cette concurrence, certains seraient venus sur le circuit, par exemple quelqu’un comme Amélie Grassi”, confirme Benoît Mariette, skipper de Générations Senioriales.

 

Des amateurs quasi inexistants

 

Chef de projet Solitaire du Figaro chez OC Sport Pen Duick, Alex Picot ajoute : “Il faut aussi noter que les autres classes se sont structurées au niveau de leurs calendriers. Là où traditionnellement, tu avais la place entre deux éditions du Vendée Globe pour faire du Figaro, ça devient de moins en moins le cas.” Autre explication : L’abandon de la course au large double mixte du programme olympique a sans doute été un coup d’arrêt, alors qu’on sentait que ça frémissait, notamment du côté de l’étranger, note de son côté Yann Eliès, triple vainqueur de la Solitaire. Et je pense que le circuit fait un peu peur, il faut arriver à désacraliser ça.”

Trop dur, trop élitiste, le Figaro ? “Il peut effectivement faire peur à des débutants qui n’ont pas forcément envie de faire leurs gammes en se retrouvant en fin ou milieu de tableau, répond Alex Picot. Des Tom Laperche qui performent d’entrée, ça reste assez rare, mais c’est aussi ce que les marins viennent chercher et ça leur servira toute leur vie. Il suffit de regarder les podiums de la dernière Transat Jacques Vabre ou du Vendée pour constater que le Figaro reste une vraie école de la performance.”

Une école dont se détournent de plus en plus les amateurs, devenus une denrée rare, voire inexistante, sur le circuit. “A un moment donné, on n’a pas fait assez attention à ces chefs d’entreprise quarantenaires avec des moyens, qui auraient pu venir sur notre circuit et ont préféré, en dépensant la même quantité d’argent, aller faire une Transquadra, ça va être difficile de les rattraper”, constate Yann Eliès.

 

Une course-école, entre
régates et master class

 

Le tableau n’est cependant pas si sombre pour nos interlocuteurs qui mettent en avant un renouvellement important : “Cette année, il y avait 12 bizuths sur la Solitaire sur 34 inscrits, c’est sans doute la plus grande proportion depuis bien longtemps”, note Marcus Hutchinson. “Ça prouve que la classe garde un attrait certain. Et quand tu entends les ministes qui ont joué les premiers rôles sur la Mini Transat faire part de leur intention de passer en Figaro, tu te dis que le circuit fait encore rêver, ajoute Benoît Mariette.

Forte de ce constat, la classe, en partenariat avec la Fédération française de voile, a décidé de lancer en 2022 son Académie, avec un objectif : faciliter l’intégration des nouveaux entrants, notamment les étrangers et les femmes. Le principe ? Sur trois épreuves du circuit – la course-école l’Académie en mars, la nouvelle course baptisée Les îles du Ponant en avril et la Drheam Cup en juillet -, sera proposé aux marins et aux préparateurs un accompagnement sous forme de briefings et débriefings, assurés notamment par Eléonore de Grissac, secrétaire générale de la classe, et Christian Ponthieu, consultant sur tous les aspects techniques.

La course-école l’Académie, organisée en mars par le Team Vendée Formation à Saint-Gilles-Croix-de-Vie, ira même beaucoup plus loin : l’idée est de mixer régates en double, pour favoriser l’apprentissage du support, et master class portant sur la jauge, l’administratif, les règles de courses, le jury, la communication… L’idée séduit Yann Eliès : “C’est intéressant. Aujourd’hui, il y a un tel niveau d’exigence, de formalités et de réglementations que ça fait beaucoup de choses à assimiler pour les coureurs et les préparateurs, donc ça va permettre aux nouveaux entrants de gagner du temps.”

La classe a par ailleurs la volonté de s’ouvrir davantage aux courses multi-supports : elle avait commencé à le faire en 2020 sur la Drheam-Cup, elle continuera puisque cette dernière est encore au programme en 2022, tout comme le Grand Prix Guyader“L’idée est que ceux qui participent aux Iles du Ponant [course organisée au même endroit, à Douarnenez, par Mersea Consulting, la société de Mathieu Sarrot, ex patron de la Solitaire chez OC Sport, NDLR], restent sur place pour le Grand Prix Guyader”, commente Eléonore de Grissac. “On fonctionne depuis longtemps un peu isolés de tout le monde, donc c’est très bien de disputer ce type d’épreuves qui marchent fort pour faire venir naviguer les partenaires, ajoute Marcus Hutchinson. Ce sera le cas également en fin de saison, sur le National Figaro, qui aura lieu à Lorient.

Le dernier volet de cette volonté de relance est la création d’un club de partenaires, destiné à permettre à la classe de financer ses ambitions. Et de se structurer, pour, entre autres, davantage communiquer.

 

Photo : Pierrick Contin / Tour de Bretagne

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