Guillaume Pirouelle figaro

Guillaume Pirouelle : “L’impression d’être dans la cours des coureurs au large”

Après un parcours classique en voile légère et une préparation olympique en 470 avec Valentin Sipan pour les Jeux de Rio, Guillaume Pirouelle, 28 ans, a enchaîné en Diam 24 – victoire sur le Tour Voile en 2019 -, avant de remporter la sélection Région Normandie en Figaro. Tip & Shaft a échangé avec le successeur d’Alexis Loison avant le coup d’envoi de la Sardinha Cup, qu’il va courir avec Robin Follin.

► La Sardinha Cup avait été l’an dernier ta première course en Figaro Beneteau, forcément un souvenir marquant ?
Oui, c’était même ma toute première au large, donc vraiment la découverte. On avait eu des conditions assez dures, pour autant, j’étais hyper content à l’arrivée, d’autant qu’on avait plutôt bien marché avec Alexis (6e au général). Et c’était très important de la courir car on enchaînait sur la Transat en double Concarneau-Saint-Barth qui reste aussi un super souvenir.

► Qu’as-tu appris sur cette transat ?
Les grandes inconnues pour moi étaient le sommeil et la gestion du temps long. Pour ce qui est du sommeil, j’ai vite vu que, malgré le format double, tu puises assez rapidement dans tes réserves. Au bout d’une semaine, j’étais bien cramé et les nuits à la barre étaient dures. Pour la gestion du temps long, je me suis pas mal retrouvé dans les propos de Thomas Rouxel dans votre podcast (Into the Wind) : à chaque fois qu’il terminait une transat en Figaro, il disait « plus jamais ça » ! Personnellement, j’étais tellement content à l’arrivée que je ne me suis pas dit ça, mais j’ai eu un peu la même sensation que lui au passage des Canaries : tu réalises que tu n’es en mer que depuis une semaine et qu’il te reste un bon bout de chemin, ça met un coup au moral. Après, c’est l’apprentissage et c’était quand même une aventure de fou de traverser l’Atlantique avec une belle cinquième place au bout.

► Globalement, quel bilan as-tu fait de cette première saison sur le circuit, pendant laquelle tu as accompagné Alexis Loison sur les courses en double ?
L’idée était d’avoir les clés pour ensuite me lancer en solitaire, de ce point de vue, c’est complètement réussi. Alexis a vraiment joué le jeu, il n’a gardé aucun secret, il m’a guidé, il continue d’ailleurs à m’accompagner, même si c’est d’un peu plus loin. Après, à la fin de l’année, je me demandais si ça allait me plaire autant en solitaire, si j’allais réussir à gérer la globalité du projet… Aujourd’hui, j’ai la réponse : ça me plaît ! J’ai beaucoup aimé naviguer en double, mais j’ai été assez surpris du fait que je me régale aussi en solitaire. Le fait de tout gérer et de trouver les solutions par soi-même, j’adore ça.

► Qu’est-ce qui surprend quand on arrive de la voile légère sur le circuit Figaro ?
L’intensité des courses, qui est quand même assez folle. On a tendance à penser qu’on va s’ennuyer en course au large, mais en Figaro, ce n’est pas le cas, on n’a aucun moment de répit, il y a toujours des bateaux autour de soi, même sur la transat, on a quasiment toujours eu des concurrents à vue. C’est un truc que j’adore, qui me rappelle un peu ce que j’ai connu en olympisme et en Diam 24. En plus, le niveau est extra, dès qu’on se relâche un peu, on dégringole au classement ; comme j’aime me donner à fond quand je suis sur l’eau, je me régale. Et ce qu’on a du mal à imaginer de l’extérieur, c’est la gestion d’un projet dans sa globalité, c’est beaucoup de travail, mais ça aussi c’est très intéressant.

“Tom n’est pas
imbattable”

► Tu as terminé 2e de la Solo Maître CoQ, 3e de la Le Havre All Mer Cup, ces résultats sont-ils conformes à ce que tu espérais ?
Cet hiver, je sentais que ça tournait bien à l’entraînement, avec un super groupe à Porlaf’ ; après, les courses, c’est forcément autre chose, je ne savais pas à quoi m’attendre en arrivant sur la Solo Maître CoQ. Et j’ai été dans le coup dès la grande course (3e), ça m’a mis en confiance. Comme je suis assez exigeant envers moi-même, en général, quand je me donne à 100%, les résultats suivent, donc je dirais que c’est assez conforme à ce que je suis capable de faire, après, il fallait que les planètes s’alignent.

► Qu’attends-tu de ta première Solitaire cette année ?
Mon objectif numéro 1 est le classement bizuth, maintenant, si je peux aller plus haut, pourquoi pas jusqu’au podium, je ne m’en priverai pas. Après, ce sera une Solitaire bien corsée, avec trois grosses étapes, cet aspect longueur, qui sera nouveau pour moi, ne va pas être facile à gérer. Tant qu’on n’a pas testé, c’est difficile de savoir comment ça va se passer.

► Tom Laperche a remporté la Solo Maître CoQ et la Le Havre All Mer Cup, est-il intouchable ?
C’est vrai qu’il a été assez impérial. Ce n’est pas quelqu’un qui va prendre beaucoup de risques, mais il est toujours dans le coup, fait très peu d’erreurs, va vite et il commence à avoir un peu d’expérience, donc il a pas mal d’atouts de son côté. Après, il n’est pas non plus imbattable. C’est sûr que j’ai moins d’expérience sur tout ce qui est météo et stratégie et que je vais sûrement faire plus d’erreurs que lui, Corentin (Horeau) ou Loïs (Berrehar), mais je me dis que ce n’est pas impossible de rivaliser avec eux. J’ai encore beaucoup de choses à travailler, mais je suis un gros bosseur, donc j’essaie de faire en sorte que tout rentre rapidement dans ma petite tête.

► Aujourd’hui, te sens-tu coureur au large à 100 % ?
Oui, j’ai l’impression d’être désormais dans la cour des coureurs au large. Bien sûr, il y a plein de supports qui me font rêver, les F50, les bateaux de la Coupe ou d’autres à foils, mais je suis très bloqué par mon gabarit : je n’ai pas le physique d’un équipier, donc je pense que je serai toujours barreur, et comme il y a forcément moins de places de barreur que d’équipier, j’ai plus d’opportunité en course au large que sur des petits bateaux. J’en ai un peu fait mon deuil, même si j’espère qu’on pensera à moi de temps en temps !

Photo : Vincent Olivaud

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