Solitaire du figaro CMB Macif

Figaro : radiographie des dispositifs de sélection

Six navigatrices vont tenter de lundi à vendredi prochain de remporter la sélection Skipper Macif 2023. L’occasion pour Tip & Shaft de faire le tour des dispositifs permettant de sélectionner puis former des skippers sur le circuit Figaro Beneteau.

Pionnier, le Challenge Espoir Crédit Agricole est né en 1993, avec deux prérequis pour y prétendre, toujours d’actualité près de 30 ans plus tard : avoir de 18 à 25 ans et être bizuth sur la Solitaire du Figaro. D’abord prévu sur un an, il passe à partir de Sébastien Josse (1998) sur deux ans. Fin 2007, le Crédit Agricole se retire, la région Bretagne prend le relais, rejointe en 2010 par le Crédit Mutuel de Bretagne, ce qui permet notamment de passer à deux bateaux, Espoir et Performance, à partir de 2011 (sauf en 2012). “On s’est dit que ce serait intéressant de prolonger de deux ans pour aller jusqu’à la victoire, plutôt que de laisser partir dans la nature les skippers qu’on avait détectés et formés”, raconte Jeanne Grégoire, directrice du pôle France Finistère course au large de Port-la-Forêt, qui assure la gestion opérationnelle du projet depuis l’origine. Et ça marche : Sébastien Simon remporte la Solitaire du Figaro en 2018, Tom Laperche, quatre ans plus tard.

Entre-temps, a été lancé en 2019, le Challenge Océane, réservé aux femmes (limite d’âge de 30 ans), avec un troisième bateau, aujourd’hui entre les mains de Chloé Le Bars. “Avec la perspective de la course au large double mixte aux Jeux olympiques, on s’est dit qu’il fallait créer un vivier de navigatrices compétentes, poursuit Jeanne Grégoire. Christian (Le Pape, à qui elle a succédé) a alors appelé Jean-Pierre Denis, président du Crédit Mutuel de Bretagne, pour lui demander s’ils connaissaient des partenaires que ça intéresserait, il a répondu : « Ce sera nous ! »” La possibilité de calquer ce dispositif sur celui des garçons, avec deux Figaro 3, est-elle d’actualité ? “Le sujet a été évoqué, mais ça demanderait un quatrième bateau, donc de rajouter du budget, ce n’est pas possible aujourd’hui”, répond Jeanne Grégoire.

Le budget annuel est aujourd’hui de 900 000 euros pour un dispositif reconduit tous les deux ans à la fin de la sélection Espoir. Une sélection qui commence par une présélection sur dossier : 9 candidats ont été retenus cette année (sur 41), ils ont rendez-vous à Port-la-Forêt du 24 au 28 octobre pour une phase d’évaluation sportive et technique, à l’issue de laquelle trois finalistes resteront en course et s’affronteront sur l’eau du 14 au 18 novembre. “C’est la particularité de cette sélection : celui qui gagne sur l’eau est retenu“, ajoute Jeanne Grégoire. Pour qui le Challenge Espoir est “un gros accélérateur de carrière.”

 

Skipper Macif s’ouvre aux femmes

 

Ce qui est également le cas du dispositif Skipper Macifla liste des lauréats le confirme – lancé en 2008, avec deux bateaux dès la deuxième année, même si sa philosophie est un peu différente : “D’abord il n’y a pas de limite d’âge, ensuite la Macif recherche plus quelqu’un capable de performer tout de suite, analyse la directrice du pôle. Ce que confirme Hans Roger, directeur des activités mer de la mutuelle : “Généralement, on prend des marins ayant déjà fait du Figaro. C’est un peu différent cette année, puisque, comme on fait une sélection féminine, on l’a ouverte à des navigatrices issues de l’olympisme ou de la Classe Mini.”

Le dispositif fait l’objet d’une convention entre la SAS Skipper Macif 2 et la Fédération Française de Voile qui délègue l’organisation de la sélection au pôle de Port-la-Forêt (et assure l’adhésion au pôle du marin retenu). La finale entre les six candidates retenues sur dossier (18 reçus), se déroulera du 3 au 7 octobre, entre navigations, tests physiques, entretiens sur des sujets divers (météo, communication…), pour finir par un grand oral devant un jury (la composition est ici). La lauréate naviguera deux ans sous les couleurs de Skipper Macif, trois si tout se passe bien : “Je ne dirais pas que la troisième année est optionnelle, mais il faut aller la chercher”, explique Hans Roger. Qui ne souhaite pas communiquer le budget de l’ensemble, mais précise : La Macif se donne les moyens de gagner.” Ce qui a notamment été le cas sur la Solitaire en 2016 (Yoann Richomme) et en 2021 (Pierre Quiroga).

Ce modèle à deux bateaux (et peut-être une femme) est actuellement à l’étude du côté de la Normandie qui a lancé de son côté sa sélection en 2013 (Basse-Normandie à l’origine) en mettant à disposition d’un jeune de la région un bateau et un budget de fonctionnement pour deux ans. Avec une exception en 2019, la région ayant préféré, arrivée du Figaro 3 oblige, confier son bateau à un skipper expérimenté, Alexis Loison. Qui a convaincu deux ans plus tard son partenaire de l’accompagner sur une troisième saison, charge à lui de former son successeur, Guillaume Pirouelle, vainqueur de la sélection organisée fin 2020. Ce qui a porté ses fruits, ce dernier ayant terminé deuxième (et premier bizuth) de la Solitaire du Figaro 2022. La suite passe donc peut-être par un deuxième bateau, comme le confirme Augustin Bœuf, conseiller régional : “C’est à l’état de réflexion, mais comme ça a un certain coût, on cherche un co-partenaire titre pour nous accompagner.” Aujourd’hui, la région, en plus de mettre à disposition le Figaro 3, investit 140 000 euros annuels.

 

La Rochelle se lance

 

Ces dispositifs ne sont pas l’apanage des seules Bretagne et Normandie : en 2013, a été lancé celui du Team Vendée Formation, avec une philosophie moins tournée vers la performance : “Je caricature un peu, mais quelque part, on se fiche un peu des résultats, explique la directrice du Team Vendée Formation, Estelle Graveleau. Ce qui nous importe, c’est de former des entrepreneurs. C’est pourquoi la première année, on met à disposition le bateau et le budget, à hauteur de 100 000 euros, la deuxième, on retire 50% du budget pour que notre skipper cherche ses partenaires.”

Arrivée au terme de ces deux ans, Charlotte Yven – qui verra Pierre Daniellot lui succéder – ajoute : “La spécificité est vraiment cet aspect gestion de projet. Dès la deuxième année, j’ai créé mon entreprise, géré les budgets, la logistique, trouvé des partenaires, il y a un côté progressif très intéressant.” Et si elle postule à la sélection Skipper Macif, dont elle l’est l’une des six finalistes, c’est pour monter en gamme sportivement : “C’est une opportunité géniale d’avoir le temps et les moyens de pousser tous les curseurs de la performance à fond.”

Le dernier dispositif en date vient de voir le jour, lancé par le Centre Excellence Voile de La Rochelle, lui-même fondé en début d’année, avec un premier lauréat annoncé en septembre, Romain Le Gall, qui naviguera en 2023 (le contrat est renouvelable un an) sur un Figaro 3 mis à disposition par l’homme d’affaires/navigateur Laurent Givry. “L’objectif à terme est de faire une sélection ; cette année, comme on était pressés par le temps, on a contacté trois skippers issus des clubs de La Rochelle [Charles Dorange et Swann Hayewski en plus de Romain Le Gall] à qui on a fait passer des entretiens. L’idée est de créer une vraie filière pour les marins de notre environnement proche, raconte Etienne Saïz, entraîneur du pôle, passé auparavant par le Team Vendée Formation. D’où une certaine filiation entre les deux modèles : “On apporte le bateau, les assurances, les entraînements et un budget de l’ordre de 120 000 euros, charge au marin de trouver des partenaires pour compléter son budget, on ne forme pas qu’un skipper.

Photo : Alexis Courcoux

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