La Transat AG2R La Mondiale voit son partenaire titre se retirer

Quel avenir pour la Transat (ex) AG2R La Mondiale ?

AG2R La Mondiale a annoncé mercredi mettre un terme au partenariat-titre qui le liait à la transat en double courue en Figaro Beneteau depuis la création de celle-ci en 1992. Dans la foulée, son organisateur, OC Sport Pen Duick, a fait part de son intention de pérenniser celle-ci et ce dès le printemps 2021. Tip & Shaft vous en dit plus.

Comme les organisateurs et les coureurs le pressentaient, la crise sanitaire a eu raison du partenariat liant AG2R La Mondiale à la « seule transat en double à armes égales » : la fin de celui-ci a été annoncé mercredi, l’assureur souhaitant concentrer sa stratégie en matière de sponsoring sportif sur le cyclisme,.

“Dans le contexte actuel et les incertitudes sanitaires et économiques fortes qui en découlent, nous étions dans l’impossibilité de nous engager sur un report d’autant que cela aurait impliqué une augmentation non négligeable du budget initial”, a répondu par mail à Tip & Shaft Béatrice Willems, directrice de la communication d’AG2R La Mondiale. Avant d’ajouter : “De nombreux coûts étaient engagés. Nous estimons l’impact financier de l’annulation à près d’un million d’euros.”

Malgré ce retrait, OC Sport Pen Duick, qui recevait 1 million d’euros d’AG2R La Mondiale sur un budget total de 1,7 million, a fait part de son intention d’organiser la transat dès 2021 – elle se courrait alors les années impaires. “C’est l’engagement qu’on prend avec nos partenaires institutionnels, quand bien même on n’a pas encore de partenaire-titre, confirme Joseph Bizard, directeur général d’OC Sport Pen Duick. D’autres courses ont connu des éditions sans partenaire-titre, sans qu’elles ne s’arrêtent pour autant, la Solitaire du Figaro cette année en est un bon exemple.”

La recherche d’un successeur à AG2R La Mondiale est d’ores et déjà en cours, avec un tarif revu à la baisse : “On ne va pas vendre le partenariat-titre 1 million d’euros dès l’année prochaine compte tenu du contexte. L’idée est de le commercialiser à des tarifs progressifs avec un sponsor qui s’engagerait dans la durée, explique le nouveau DG d’OC Sport Pen Duick. Pour l’année prochaine, on va commencer à 700 000 euros.”

En attendant de dénicher l’oiseau rare, l’organisateur va continuer à s’appuyer sur des partenaires institutionnels, qui, s’ils regrettent le retrait d’AG2R La Mondiale, se réjouissent à la perspective de voir la transat se courir en 2021. “C’est un événement majeur qui permet tous les deux ans de lancer la saison touristique et fait partie d’une stratégie visant à placer Concarneau dans les villes qui comptent en matière d’événements nautiques”, confie à Tip & Shaft Marc Bigot, le maire de Concarneau, qui verse un peu plus de 100 000 euros de subvention pour la course.

De son côté, Jean-François Garrec, président de la chambre de commerce et d’industrie métropolitaine de Bretagne Ouest Quimper, qui injecte 150 000 euros dans l’évènement, ajoute : “La transat est une très bonne opération publique et économique pour notre territoire, donc sa confirmation est une bonne nouvelle, on va mobiliser nos équipes et le monde économique. On espère qu’il y aura beaucoup de bateaux, il faut à tout prix que cette course redevienne un succès et pour ça, il faut que tout le monde joue le jeu.”

La question de la participation est justement étudiée en ce moment par la classe Figaro Bénéteau qui avait mis sur pied un calendrier pour 2021 n’incluant pas la transat. Ce que confirme Pierre Quiroga, membre de la commission courses : “Comme AG2R La Mondiale était un grand sponsor de la voile et du circuit Figaro, on se devait d’attendre sa réponse définitive. Le problème, c’est qu’on devait l’avoir le 27 mai, puis on nous a dit d’attendre jusqu’au 15 juin, au 17 juillet, au 8 août, finalement, elle n’est arrivée qu’hier. Mais comme on l’avait pressentie, on avait travaillé sur un planning présenté à la FFVoile, avec la Solo Maître CoQ, la Sardinha Cup, une course en Méditerranée, le Tour de Bretagne, le Fastnet et la Solitaire. Soit trois courses en solitaire et trois en double, ce qui nous permet d’aller un peu partout en France et de continuer à attirer les marins étrangers ne souhaitant pas faire de solo.”

L’annonce d’OC Sport Pen Duick vient changer la donne et fait débat au sein de la classe entre ceux qui sont attachés à la transat et ceux qui, en 2021, s’en seraient bien passés dans un contexte de restrictions budgétaires. Sans compter qu’elle impacte directement la Sardinha Cup, prévue du 10 avril au 2 mai 2021, dont l’organisatrice Estelle Graveleau, directrice du Team Vendée Formation (et membre du bureau de la classe), confie : “Je suis un peu agacée, parce que ce n’est pas comme si on commençait à travailler aujourd’hui sur la course, ça fait un an qu’on a commencé à discuter avec nos contacts portugais, on a signé des accords, et là, on entend que ce n’est pas impossible qu’il y ait une transat en même temps. En termes de crédibilité, ça ne fait pas sérieux. Aujourd’hui, on ne peut plus se permettre de reculer, donc la Sardinha Cup aura lieu aux dates prévues, et s’il y a une transat en face, on ouvrira aux IRC pour avoir plus de bateaux.”

Une perspective qu’Yvon Breton, président de la classe Figaro Bénéteau, espère bien éviter : “On a vu par le passé une Solo Maître CoQ se dérouler en même temps qu’une Transat AG2R, les deux courses en avaient souffert.” Les figaristes vont être directement consultés, puisque la classe a lancé jeudi matin un sondage auprès de ses adhérents pour connaître leurs intentions, dont les résultats sont attendus pour dimanche. Qu’adviendra-t-il si une large majorité envisage de ne pas participer à la transat en 2021 ? “Nous leur avons indiqué que nous nous mettons en position de délivrer l’événement en 2021 parce que nous sommes persuadés que les armateurs ont besoin d’un circuit solide pour rentabiliser leurs investissements et que cette course en est un pilier. Mais nous leur avons aussi bien précisé que c’était sous réserves que le calendrier puisse l’absorber, il n’y a aucune ambiguïté là-dessus. Si ce n’est pas le cas, on l’organisera en 2022, répond Joseph Bizard.

Photo : Alexis Courcoux

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