Le 69F de l'équipe Groupe Atlantic en pleine vitesse

Comment les équipes françaises se tournent vers le circuit 69F

Après une première saison complète en 2021, le circuit 69F, monocoque à foils lancé par le chantier Persico Marine en 2019, vient de redémarrer avec le Grand Prix 1.1 de Miami. Une épreuve remportée par les Suisses de Team Tilt, tandis que dans la foulée, l’Act 1 de la Youth Foiling Gold Cup a été dominé par Team Argentina devant deux équipages français, Youth Foiling Team et Helvetia by Normandy Elite Team. Qui voient dans ce support une opportunité de se former au foiling. Tip & Shaft a enquêté.

Véritablement lancé en 2021 après des épreuves de test en 2020, le circuit 69F se décline en deux épreuves : la 69F Cup et la Youth Foiling Gold Cup (YFGC) réservée aux moins de 25 ans, les deux se déroulant aux Etats-Unis et en Europe. Le premier Act de cette dernière s’est achevé jeudi, il a mis aux prises six équipes, dont – c’est une nouveauté cette année – deux françaises, Youth Foiling Team, menée par Charles Dorange, et Helvetia by Normandy Elite Team (Clément Michel).

Un troisième team tricolore sera présent lors des épreuves européennes, à la fois sur la 69F Cup et sur la YFGC, Groupe Atlantic (Clément Cron), vainqueur du Tour Voile l’année dernière en Diam 24 od. Dont le tacticien Valentin Sipan – âgé de 27 ans, il sera remplacé sur la YFGC par Roxane Dubois – explique : On voulait voir autre chose que le Diam [Groupe Atlantic avait à l’origine l’intention de s’aligner également sur le Tour Voile, qui n’aura finalement pas lieu, NDLR], on est allés à l’automne dernier en Sardaigne voir ce que le 69F donnait, on a vite accroché. D’abord, parce qu’on est tous en école d’ingénieur, on cherchait donc un bateau un peu technologique, ensuite parce que si on veut se projeter un peu dans les années à venir sur la Coupe de l’America, ça serait une erreur de ne pas s’intéresser à ce genre de bateau qui est un peu une version miniature de ceux de la Coupe. C’est une façon de se rapprocher de cet univers.”

Du côté du Normandy Elite Team – qui, à condition de trouver des partenaires, a pour objectif d’aligner deux équipes, une jeune et une féminine sur la 69F Cup – c’est l’arrêt du Tour Voile qui a conduit son directeur sportif Cédric Chateau à s’intéresser au circuit 69F. Mais pas seulement. “Après l’annonce de Normandie Evénéments (voir notre article), on a regardé les différents circuits sur lesquels on pouvait emmener nos partenaires et former nos jeunes. L’avantage du 69F, c’est que c’est un circuit international sur le seul monocoque à foils qui existe, ça permet de faire prendre de l’expérience aux jeunes et aux féminines, sachant que le protocole de la prochaine Coupe prévoit une équipe jeune et une féminine dans chaque défi [la Youth America’s Cup et la nouvelle Women’s America’s Cup seront courues en 2024 en AC40, NDLR]. Plus on a de jeunes qui se préparent d’ores et déjà, plus ils seront aguerris au cas où des sélections se mettent en place. Ça leur permet  aussi de se projeter.

L’appel d’air de la
Coupe de l’America

L’objectif est similaire du côté du Youth Foiling Team, comme l’explique Charles Dorange. C’est un circuit qui correspond au futur de la voile, et notamment à la Coupe de l’America, des équipes étrangères se sont d’ailleurs montées pour ça, comme les Hollandais et les Italiens de Young Azzurra. On sait que la Coupe jeune va passer en AC40 dans deux ans, le 69F est le support qui peut nous y mener, analyse le frère de Violette Dorange, dont l’équipage est également composé de Thomas Proust, Pierre Boulbin et Lou Mourniac – la présence d’une jeune femme à bord est obligatoire sur les épreuves de la YFGC. A côté, on navigue en ETF26 qui est un peu le « petit frère » du F50, l’idée pour nous est d’être présents sur ces deux circuits pour créer un collectif de jeunes qui s’entraînent et régatent sur des bateaux à foils.”

Le retour de la Youth America’s Cup à l’horizon 2024 sur un bateau, l’AC40, dont le 69F est une version plus petite (6,90 mètres contre un peu plus de 12 mètres) et plus simple (pas d’hydraulique), est vue comme une aubaine par les promoteurs italiens du 69F, qui s’attendent à voir arriver sur le circuit des équipes de la Coupe. “C’est sûr ! Le 69F est la seule plateforme disponible sur le marché qui permette aux jeunes marins d’engranger de l’expérience sur un monocoque à foil à trois ou quatre équipiers”, explique à Tip & Shaft Zeno Casti, responsable du marketing et de la communication de la marque 69F.

Un bateau
à vendre ou à louer

Le support attire aussi des équipes professionnelles comme les Suisses de Team Tilt, qui vont faire leur début en 2022 sur le circuit SailGP et y voient une bonne plateforme d’entraînement. “L’avantage du 69F, c’est que tu n’as pas à te préoccuper de logistique et de technique, ils s’occupent de tout, tu arrives et tu navigues, tu passes beaucoup de temps sur l’eau, commente Sébastien Schneiter, le skipper du team helvète. Comme en SailGP, on est très limité en temps d’entraînement et de régates, ça permet de travailler sur des points précis, notamment la communication au sein de l’équipage.”

Le coût d’une saison sur le circuit ? Charles Dorange, qui a réussi à embarquer sur son double projet les partenaires qui le suivaient en ETF26, l’estime à 50 000 euros pour participer aux quatre Acts de la Youth Foiling Gold Cup 2022 – les frais d’inscription sont de 5 000 euros par épreuve. Pierre Mas, team manager de Groupe Atlantic, évoque quant à lui une fourchette large de 200 à 300 000 euros pour l’ensemble du projet – YFGC et 69F Cup -, l’équipe ayant acheté un bateau (195 000 euros HT). “On a fait ce choix plutôt que de louer sur chaque épreuve car c’est un bateau complexe qui nécessite une phase d’apprentissage importante, donc c’est mieux de l’avoir à disposition à plein temps. Le 69F est plutôt cher par rapport au Diam [qui ne coûte que 50 000 euros], mais c’est un engagement sur plusieurs saisons, ce qui permet de l’amortir.”

Cédric Chateau et Charles Dorange réfléchissent aussi à cette solution, à condition de trouver le budget. Histoire de mieux maîtriser un foiler dont Valentin Sipan dit, après un mois d’entraînement du côté de La Grande Motte : “C’est une espèce de petite mobylette, un bateau nerveux, assez facile d’accès d’un côté car n’importe qui va pouvoir voler rapidement, mais en même temps difficile à maîtriser quand il y a du vent.” Avant de prévenir : “Il va falloir passer des heures avant de rendre une belle copie et voler 98% d’une manche sans dessaler, en faisant de belles manœuvres et en gardant une bonne vitesse.”

Photo : Groupe Atlantic

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