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La classe Multi50 se remet en marche

Après l’engagement de Leyton en Multi50 en 2020 auprès d’Arthur Le Vaillantdeux nouveaux skippers ont à leur tour dévoilé la semaine dernière leur intention de rejoindre le circuit des trimarans de 15,24 mètres, dès cette année : Fabrice Payen et Sébastien Rogues. Il y aura donc quatre Multi50 sur la Transat Jacques Vabre et potentiellement le double en 2020. Tip & Shaft fait le point sur les différents projets.

En moins de trois semaines, la classe Multi50 vient d’enregistrer trois nouveaux entrants : fin juin, Leyton annonçait en avant-première dans Tip & Shaft le renouvellement de son contrat avec Arthur Le Vaillant jusqu’en 2020, avec changement de support à partir de l’année prochaine, puisque le Rochelais naviguera sur l’actuel trimaran Arkema, qui sera loué au sponsor de Lalou Roucayrol, une option ayant été posée, d’après nos informations, pour 2021.

Deux autres annonces sont venues la semaine dernière enrichir le plateau de la classe des multicoques de 50 pieds. Mercredi, Fabrice Payen a annoncé sa participation à la Transat Jacques Vabre aux côtés d’Eric Flageul, ex coéquipier de Bruno Jourden en Sonar (série paralympique), rencontré par l’entremise de Damien Seguin, participation “100% handi” qui s’inscrit dans un projet de trois ans allant jusqu’à la Route du Rhum 2022“C’est la continuité du projet Team Vent Debout que j’ai mené l’an dernier sur Route du Rhum avec l’ancien 50 pieds d’Erik Nigon et que je n’ai malheureusement pas pu mener jusqu’au bout [démâtage, NDLR], un projet autour du handicap et de la résilience”, explique Fabrice Payen. L’ex capitaine de marine marchande, victime d’un grave accident de la route en 2012 en Inde qui l’a conduit à se faire amputer de la jambe inférieure droite quatre ans plus tard, porte en effet une prothèse. “Comme mon bateau n’entrait plus dans la classe Multi50, le programme pour la suite était très restreint, je me suis alors dit qu’il fallait être plus ambitieux, et quand l’opportunité de reprendre celui de Gilles Lamiré [mis en vente après le rachat par ce dernier du Multi50 d’Erwan Le Roux, NDLR] s’est présentée, je l’ai saisie : le projet n’existait pas il y a trois mois !

Bénéficiant du soutien de l‘Union des entreprises adaptées et de mécènes, mais aussi de l’Etat dans le cadre de l’engagement national Cap vers l’entreprise inclusive pour la période 2018-2022 – la Secrétaire d’Etat chargée des personnes handicapées Sophie Cluzel devrait être la marraine du bateau -, Fabrice Payen table sur un budget annuel de 400 000 euros (HT) dont il n’a à ce jour que le tiers. Il espère à terme pouvoir acheter l’ex French Tech Rennes Saint-Malo qu’il loue actuellement. Il va le prendre en main avec Gilles Lamiré et Eric Flageul dans dix jours en Guadeloupe avant de le ramener en métropole et d’en profiter pour effectuer sa qualification pour la Jacques Vabre avec son co-skipper. Il pourrait participer d’ici le départ au Havre à l’un des Grand Prix au programme de la classe Multi50. Les objectifs sportifs pour ce projet à fort potentiel médiatique, dixit le Malouin (il fait l’objet d’un suivi régulier dans l’émission 13h15 le dimanche, sur France 2) restent mesurés, au point que pour le prochain Rhum, il se pose la question de la classe : “On est voué à naviguer derrière les autres qui sont plus performants, surtout avec les nouveaux bateaux qui arrivent. L’idée pourrait être de prétendre à un podium en classe Rhum, mais c’est bien trop tôt pour en parler.”

L’autre projet annoncé cette semaine est celui de Sébastien Rogues qui ne cachait pas son intention, en début d’année (voir notre article), d’intégrer le circuit. C’est chose faite grâce à la rencontre avec le groupe Primonial qui s’est engagé pour 2019 et 2020 auprès du Baulois. Ce dernier, avec l’aide d’investisseurs, a fait l’acquisition de l’ex Réauté Chocolat“clairement le meilleur rapport qualité-prix”, même s’il n’a pas souhaité dévoiler la somme (le prix de vente annoncé était de 750 000 euros HT). Tout comme il ne veut pas évoquer le budget global, “pas affolant”, dont Primonial prend en charge “un peu moins de la moitié”, les autres partenaires étant réunis au sein du Yacht Club des Entrepreneursdispositif qu’il avait présenté en mars lors de Tip & Shaft Connect/Nantes.

Le bateau, dont la mise à l’eau est prévue le 26 juillet, sera basé en baie de La Baule et pourrait être modifié “à l’hiver 2020, sous réserves que l’aventure avec l’ensemble des partenaires continue jusqu’à la Route du Rhum fin 2022“, précise Sébastien Rogues. Le skipper disputera cette année les Grands Prix et la Jacques Vabre (co-skipper annoncé prochainement), voire le Fastnet s’il est dans les temps avec une partie de l’ex équipe de Réauté Chocolat “pour assurer la transmission”.

L’arrivée sur le circuit de ces deux nouveaux skippers est en tout cas une bonne nouvelle pour la classe qui, sans eux, se serait retrouvée à deux bateaux sur la Jacques Vabre. Ce qui fait dire au président de la classe Erwan Le Roux : Quatre bateaux, c’est inespéré, parce qu’on n’avait pas caché aux organisateurs encore il y a peu de temps qu’on n’était que deux.” Parmi les absents, Arkema, qui n’a pas souhaité participer à la transat en double. Lalou Roucayrol, qui gère le projet, explique :“Arkema veut se consacrer à la construction d’Arkema 4 et ne pas trop diluer son message d’ici là et ils n’ont pas souhaité qu’on engage le bateau avec un autre partenaire ou avec un autre skipper”. Le trimaran, qui fera les Grands Prix, va pour autant beaucoup naviguer au large jusqu’à la fin de l’année “pour finir la formation en Multi50 de Quentin Vlamynck, qui sera à la barre d’Arkema 4, dont la sortie du chantier basé au Verdon-sur-Mer est prévue en mars-avril 2020.

Autre absent de la transat en double, Ciela Village, que Thierry Bouchard a mis en vente (1,8 million d’euros HT) et qui n’a pas encore trouvé preneur. L’entrepreneur, qui a tout intérêt à ce que le bateau navigue mais veut aussi jouer le jeu de la classe, nous a confié avoir décidé de l’aligner sur les trois Grands Prix de la saison, mais il y a de fortes chances qu’il ne soit pas à bord, des discussions étant en cours avec “des skippers pour qu’ils puissent prendre le bateau en main avec un équipage”, dont pourrait faire partie Loïc Féquet (qui a auparavant couru en Multi50 sous les couleurs de Maître Jacques), comme nous l’a confirmé l’intéressé.

Pas d’Arkema ni de Ciela Village donc sur la Jacques Vabre, à laquelle participeront en revanche Solidaires en Peloton-ARSEP (Thibaut Vauchel Camus/Frédéric Duthil) et Groupe GCA-Mille et un sourires, nouveau nom de l’ex FenêtréA-Mix Buffet d’Erwan Le Roux. Avec le  rachat du plan VPLP vainqueur de la Route du Rhum en 2014 – moyennant environ 930 000 euros HT -, Gilles Lamiré dispose désormais d’un bateau plus performant et d’un budget plus conséquent, qu’il cherche encore à compléter. “On n’est pas aux 800 000 euros que je visais en début d’année, mais on a un budget qui nous permet de faire la saison, explique-t-il, avant d’ajouter, à propos de ses ambitions : “Erwan a su mener ce bateau à la gagne sur de nombreuses courses, on a vu sur la Route du Rhum qu’il était à la hauteur et même au-dessus de certains bateaux neufs, notre objectif est donc nous aussi de gagner des courses.”

La Transat Jacques Vabre sera l’objectif prioritaire du Cancalais en 2019 – son co-skipper sera connu en août – avant une saison 2020 sur laquelle s’est justement penchée la classe mardi. En plus des traditionnels Grands Prix (Valdys, Brest/Ecole Navale et Baie de Saint-Brieuc, ce dernier plus incertain pour cause d’élections municipales en 2020), d’un éventuel rassemblement d’avant-saison sur laquelle travaille le bureau et de la Transat Québec-Saint-Malo (en juillet), le calendrier 2020 devait inclure une transat aller, également en équipage, entre le sud de l’Espagne et New York. Le projet a finalement capoté (sans doute remis à 2021) en raison des récentes élections municipales en Espagne. A la place, les Multi50 seront présents sur The Transat ce qui, selon Erwan Le Roux, “ne fait pas l’affaire des bateaux neufs qui arrivent l’année prochaine, parce qu’on ne devait pas faire de solo”.

Si Thibaut Vauchel-Camus, Gilles Lamiré et Fabrice Payen ont bien l’intention d’en être, Quentin Vlamynck et Fabrice Cahierc, qui attend son nouveau plan VPLP construit chez Persico Marinepour le printemps (voir notre article), ne prendront en effet pas le risque de se lancer dans une traversée en solitaire pour la première course de leur Multi50, ce qui devrait aussi être le cas d’Arthur Le Vaillant, débutant sur le circuit. “Je me vois mal partir en solo d’entrée”, confirme Fabrice Cahierc, dont le bateau portera le nom de sa nouvelle fondation Plastic Detox. L’ex-entrepreneur confie au passage, à propos du calendrier : “J’aimerais qu’on soit plus présents sur les courses comme celles du RORC, avec beaucoup de participants de bon niveau, ce serait l’occasion de se montrer et de dynamiser la classe qui repart bien après une année 2019 un peu molle.”

Erwan Le Roux, qui travaille aussi sur la mise en place d’un championnat annuel regroupant les différentes épreuves du circuit et cherche pour cela des partenaires, conclut : “Le summum, ça serait d’avoir huit bateaux pour la Québec-Saint-Malo.” Ce qui passe, d’ici là, par l’absence d’avaries majeures dans l’ensemble de la flotte… et la vente de Ciela Village.

Photo : Alexis Courcoux/#RDR2018

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