Romain Attanasio et ses partenaires

Patrice Perche (Fortinet) : “On veut viser des podiums avec Romain”

Romain Attanasio a mis à l’eau mardi dernier à Lorient son nouvel Imoca à foils, racheté à Boris Herrmann, grâce notamment à l’arrivée d’un nouveau partenaire, Fortinet, géant américain de la cybersécurité, qui devient co-sponsor aux côtés de Best Western. Tip & Shaft a échangé avec Patrice Perche, “chief revenue officer” et vice-président de Fortinet.

Pourquoi avez-vous fait le choix d’investir dans la voile ?
Pour plusieurs raisons. Nous sommes une société en très forte croissance, leader mondial dans le domaine de la cybersécurité, nous avons commencé depuis quelques années à investir dans le sponsoring, parce que nous avions besoin de créer une visibilité plus large qui ne touche pas seulement une audience BtoB de décideurs, mais aussi des passionnés. Nous avons démarré dans la Formule E en sponsorisant le Team BMW Andretti, mais aussi dans le golf sur le circuit PGA [le circuit professionnel nord-américain, NDLR] – nous avons notre propre tournoi. Comme dans notre métier, nous essayons de nous inscrire dans une démarche visant à promouvoir une empreinte carbone moins importante, nous avons essayé de trouver des sports avec des valeurs proches. Il se trouve que je fais un peu de voile depuis très longtemps et ses valeurs – dépassement de soi, sécurité, abnégation, innovation, performance – nous correspondent bien. Je trouve aussi que c’est un bon vecteur pour créer de la dynamique interne, fédérer les équipes mais aussi recruter, sachant que nous effectifs croissent de 30% par an. Tout ça m’a conduit à proposer à notre PDG qu’on fasse du sponsoring voile.

Et il a accepté facilement ?
Comme l’Imoca et le Vendée Globe ne sont pas très connus aux Etats-Unis, ils ont un peu hésité au board, mais le CEO [Ken Xie], qui apprécie également la voile, a été très moteur. Il se trouve par ailleurs qu’au board de Fortinet, on a la directrice du marketing d’Oracle, donc ça avait quand même une certaine résonance chez eux.

Comment avez-vous été amené à vous engager auprès Romain Attanasio ?
Le directeur général de Pure [Didier Hervé, l’un des sponsors du skipper sur les deux derniers Vendée Globe, co partenaire-titre lors de la dernière édition NDLR] est un ami personnel. Il m’a conseillé de rencontrer Romain lorsque celui-ci revenait du Vendée Globe en me disant qu’il voulait monter un projet plus important pour le suivant et cherchait donc un autre sponsor. J’ai trouvé que le parcours de Romain, mené étape par étape en démarrant petit, illustrait assez bien le nôtre : notre société a démarré en 2000, a vendu ses premiers produits en 2005 avant de progresser chaque année, en passant des étapes très structurées, pour devenir maintenant le leader mondial. Il y avait aussi ses capacités de communication en anglais, liées notamment à sa compagne (Sam Davies), sachant qu’on ne va pas communiquer qu’en France. Et je trouve qu’il a une visibilité assez importante auprès des médias. On est d’ailleurs en train de réfléchir sur un projet de mini-série pour créer un fil conducteur continu pour augmenter encore cette visibilité.

Est-ce un engagement sur le long terme ?
Oui, cet engagement s’inscrit dans la durée, puisqu’il est sur cinq ans, et je pense que pour nous, c’est un début, un premier investissement, pour voir. Nous sommes aussi intéressés par une collaboration technologique avec la classe Imoca pour voir comment on peut, dans un futur très proche, aider à sécuriser la communication de ces bateaux qui vont être connectés très prochainement avec du très haut débit, avec les risques que cela comporte, à savoir que ce ne soient plus les marins qui commandent, mais les équipes à terre avec un simple ordinateur ou un iPhone. On voudrait donc s’impliquer auprès de la classe pour voir comment on peut travailler en amont sur la sécurisation des données, et d’une manière plus générale, dans l’industrie nautique, comme on l’a d’ailleurs fait dans l’automobile. On a vraiment envie de devenir très actifs dans le secteur. Et comme on est une société américaine, on espère qu’on va pouvoir contribuer à élargir un peu la visibilité de la classe à l’international. J’ai d’ailleurs échangé sur le sujet avec Antoine Mermod [président de la classe Imoca], je pense qu’on pourrait organiser des événements autour de New York pour promouvoir un peu plus ces superbes bateaux et ces événements, le côté technologie et innovation peut très bien marcher aux Etats-Unis. D’ailleurs, depuis notre annonce, nous avons eu énormément de retours positifs de la part de nos collaborateurs et de nos clients, on ne pensait pas en avoir autant, c’est une aventure qui démarre très bien, on est ravis !

Quel est le montant de votre investissement ?
Il est déjà assez conséquent, plus d’un million de dollars par an [820 000 euros, NDLR], donc plusieurs millions sur la totalité du projet.

Pourriez-vous aller plus loin et notamment lancer la construction d’un nouveau bateau ?
Aujourd’hui, on a une base solide avec un bateau capable de jouer des bonnes places, bien optimisé par Boris Herrmann, et auquel Romain doit s’habituer. Si on constate que la dynamique prend, que les objectifs dont je viens de vous parler sont atteints, oui, on sera capables de faire un bateau avec les meilleures technologies, ce ne seront pas les moyens qui nous poseront problème. On est une société qui avance de manière assez structurée : avec Romain, on a des ambitions, on veut viser des performances et des podiums.

Photo : Fortinet / Best Western

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