SailGP season 3

Comment SailGP continue à se développer

Un mois et demi après la fin de la saison 2, remportée, comme la précédente, par l’Australie de Tom Slingsby, la saison 3 de SailGP, qui réunit dix équipes et sera ponctuée de onze étapes, débute ce week-end avec le Grand Prix des Bermudes. Tip & Shaft vous en dit plus sur ce circuit en pleine croissance.

Juste avant le coup d’envoi des hostilités aux Bermudes, l’équipe de communication du circuit lancé par le duo Larry Ellison/Russell Coutts, a communiqué moult chiffres pour montrer qu’en deux saisons, de 2019 à 2021, SailGP était passé dans une autre dimension, notamment en termes d’audiences et de retombées médias. Ce qui fait dire à Julien Di Biase, directeur des opérations : La saison 2 a été au-delà de nos attentes. Quand on a démarré en avril 2021, on ne savait même pas si on pouvait encore faire des événements à cause du Covid, finalement, on n’a dû n’en annuler qu’un seul, en Nouvelle-Zélande. Le fait d’avoir été un des premiers événements internationaux à se relancer a été essentiel.”

Ce satisfecit est partagé par le team manager de l’équipe française, Bruno Dubois, présent sur le circuit depuis ses débuts (avec la Chine la première année) : “SailGP est définitivement le circuit inshore le plus professionnel, le plus organisé et le plus intéressant au monde. Aussi bien sportivement, avec les meilleurs skippers, que techniquement, avec des bateaux qui vont encore aller plus vite cette année avec de nouveaux foils en T qui vont bientôt arriver. C’est the place to be.”

 

20 événements visés pour la saison 5

 

Pour la saison 3, le circuit voit plus grand avec dix équipes et onze événements (contre huit et neuf en 2021-2022) – il reste encore une étape à dévoiler, qui devrait être Sydney. “Quand on a démarré SailGP, nous avions un plan de cinq ans au terme duquel on devait avoir dix équipes et dix événements ; on a déjà atteint cet objectif lors de la saison 3, se réjouit encore Julien Di Biase. Dans un article publié fin avril dans Front Office Sports, Andrew Thompson, responsable commercial et financier de SailGP, visait quant à lui 15 événements en saison 4 et plus de 20 en saison 5 !

Trois nouvelles destinations sont au programme : Dubai, Singapour et Christchurch, en Nouvelle-Zélande. Si la plupart des pays représentés sur le circuit ont leur événement à domicile, ce n’est pas le cas de la Suisse et du Canada, les deux nouvelles équipes cette saison, ni du Japon. “Pour la Suisse et le Canada, on préfère qu’ils se concentrent dans un premier temps sur leurs performances sportives, mais on travaille avec eux pour la saison 4. Pour le Japon, on n’a pour l’instant pas trouvé de site adéquat”, précise le directeur des opérations.

Le Japon de Nathan Outteridge, deuxième des deux premières saisons mais qui n’a pour l’instant ni partenaires majeurs ni événement, fait les frais de ce double handicap. La construction du dixième F50 ayant pris du retard – “il sera probablement prêt cet été en Europe”, indique Julien Di Biase –, le bateau nippon est passé entre les mains canadiennes. Contractuellement, les nouveaux arrivants ont en effet la garantie de disposer d’un bateau, il fallait donc sacrifier une équipe. “Une décision prise sur la base de considérations logistiques et commerciales”, a expliqué SailGP. “Ils n’ont pas pris en compte les résultats sportifs, mais plus l’équipe qui avait le moins de deals commerciaux, confie à Tip & Shaft une source interne au circuit.

 

La Suisse et le Canada
dans la place

 

Car l’un des enjeux majeurs de SailGP, lancé sur fonds propres par Larry Ellison, est qu’il devienne financièrement viable le plus vite possible. Ce qui est le cas en partie des événements, en bonne partie financés par les villes, les collectivités et les pays d’accueil avec des partenaires privés – le budget d’une étape du circuit est en moyenne de 3,5 millions de dollars (3,36 millions d’euros). Mais pas encore des équipes : sur les dix en lice cette année, seules quatre sont auto-financées : la Grande-Bretagne (par Ineos, le projet faisant partie intégrante de celui de Coupe de l’America), le Danemark (soutenu par Rockwool), et les deux derniers arrivés, la Suisse et le Canada, qui ont acheté une franchise, pour, selon nos informations, environ 25 millions de dollars.

Emanation de Team Tilt, présent ces dernières années sur plusieurs circuits à foils (Youth America’s Cup, GC32…), l’équipe helvète est menée par Sébastien Schneiter avec la fondation norvégienne VI pour partenaire principal. “Quand on a vu SailGP se mettre en place, on s’est dit que c’était le projet ultime pour nous, c’est la Formule 1 de la voile, un super challenge”, se félicite le skipper. Grâce à la « newcomer rule » permettant désormais aux nouveaux teams de recruter la première année trois non-nationaux, Team Tilt va s’appuyer sur les Anglais Stuart Bithell et Richard Mason (passés par l’équipe britannique) et le Néo-Zélandais Jason Saunders, remplaçant la saison dernière chez les Kiwis.

Quant à l’équipe canadienne, propriété de Fred Pye, entrepreneur ayant fait fortune dans les cryptomonnaies, elle s’appuie sur le Néo-zélandais Phil Robertson, skipper auparavant des bateaux chinois et espagnol, qui sera notamment secondé par l’Anglais Chris Draper, « prêté » par l’équipe japonaise en attendant que celle-ci récupère le dixième bateau. “En regardant ce que Phil a réussi à faire avec des équipages qui ne parlaient pas sa langue, à savoir monter sur le podium ou s’en approcher, on va essayer de viser la même chose, sans non plus trop se mettre la pression. L’objectif est d’avoir une équipe compétitive sur l’événement canadien lors de la saison 4, confie Jean-Sébastien Chénier Proteau, le team manager, passé notamment par la Volvo Ocean Race (Dongfeng), SailGP China Team et Spindrift racing.

 

La France sur fond de Coupe ?

 

Quant aux autres équipes – Australie, France, Etats-Unis, Espagne, Nouvelle-Zélande, Japon -, elles doivent trouver leur propre financement pour prendre en charge tout ou partie d’un budget annuel de fonctionnement qui varie entre 6 et 8 millions de dollars et ne plus – ou moins – dépendre des subsides de Larry Ellison. Ce qui est en bonne voie pour plusieurs d’entre elles, dont la France, comme le confirme Bruno Dubois : “On a signé un partenaire qui sera annoncé à la fin du mois, à la fois sponsor et investisseur dans l’équipe. On est aussi en train de signer un sponsor pour prendre entièrement en charge l’événement de Saint-Tropez et on est en discussion avec d’autres pour le sponsoring principal de l’équipe. Nous ne sommes pas entièrement autofinancés, on parle aujourd’hui de la moitié du budget, mais on est assez contents, Russell (Coutts) aussi.”

Si le team manager ne peut rien dire sur le sujet, ce projet devrait s’inscrire dans le cadre d’un défi français pour la Coupe de l’America autour, entre autres, de Stéphane Kandler, Franck Cammas et Quentin Delapierre, le skipper de l’équipe française de SailGP. D’où l’annonce récente de l’arrêt de sa préparation olympique en Nacra 17 avec Manon Audinet, précédée de peu par une annonce identique du nouveau venu de l’équipe, Kevin Peponnet – remplaçant de l’Anglais Leigh McMillan (reparti chez Ineos pour la Coupe de l’America) au réglage de l’aile – qui avait débuté la « PO » avec Aloïse Retornaz en 470 mixte.

L’objectif des Français, classés derniers de la saison 2 ? “Cela ne se voit pas trop de l’extérieur, mais après seulement trois événements avec Quentin à la barre, on est arrivés au stade où l’équipe était à Saint-Tropez l’an dernier [Grand Prix à l’issue duquel Billy Besson avait été remercié, NDLR], indique Bruno Dubois. On prend de bons départs, on est rapides au reaching, on pèche en revanche sur la suite. On met donc l’accent là-dessus, en plus de l’intégration de Kevin, pour rester devant. Quentin est respecté par tout le monde, maintenant, il ne faut pas avoir peur de gagner, c’est un autre travail, on va mettre la structure autour – un préparateur mental, un directeur sportif – pour passer à la vitesse supérieure.”

Des annonces seront prochainement faites pour cette équipe de France, qui, si le projet est confirmé, va donc, comme la Grande-Bretagne et la Nouvelle-Zélande, cumuler SailGP et Coupe de l’America, tout en s’entraînant parallèlement en GC32, avec notamment une participation au prochain Championnat du monde à Lagos (13-17 juillet). Preuve que tous ces circuits commencent à converger. “Pour comparer avec le foot, SailGP, c’est la Ligue des champions, la Coupe de l’America, c’est la Coupe du monde, résume Bruno Dubois. Deux compétitions différentes mais avec les mêmes joueurs.”

Photo : Bob Martin for SailGP

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