Ocean fifty

Pierre Quiroga : “Notre objectif reste le même, le podium”

Quatrième, avec Ronan Treussart, de la première étape de la Transat Jacques Vabre Normandie-Le Havre en Ocean Fifty, Pierre Quiroga est parti s’aérer quelques jours en famille à Hyères avant le départ de la seconde étape, donné ce lundi matin. Tip & Shaft a échangé avec le skipper de Viabilis Oceans.

Comment as-tu vécu les bouleversements liés au départ de la Transat Jacques Vabre dimanche matin, ainsi que cette escale forcée à Lorient ?
J’ai été surpris par la nouvelle, je t’avoue que j’ai un peu grimacé car j’aime le gros temps et je pensais pouvoir tirer mon épingle du jeu dans ces conditions. Il m’a donc fallu un peu de temps pour digérer la décision, même si j’ai fini par la comprendre, et encore plus une fois sur l’eau, quand j’ai pris la mesure de l’intensité de cette dépression. Maintenant, ça n’a pas été facile de se projeter sur la météo et les nouveaux points tactiques. Sur les pontons, il y avait beaucoup d’infos qui circulaient, certains équipages débarquaient matériel, approvisionnement et eau afin d’être plus légers. Face à toutes ces turbulences, on s’est nous-mêmes pas mal interrogés, mais nous sommes finalement partis en configuration transat.

Pour terminer quatrièmes à Lorient, un peu plus de deux heures derrière les premiers, Thibaut Vauchel-Camus et Quentin Vlaminck (Solidaires en Peloton), comment s’est passée cette étape ?
Le départ a été incroyable avec les bateaux qui avoisinaient les 26, 28 nœuds de vitesse. Après le Raz Blanchard, certains sont allés jouer à terre, nous avons préféré éviter ce secteur à cause de la présence de nombreux casiers en cette période de pêche à la Saint Jacques et pour naviguer en eau libre et sans trop de stress. Le bateau qui tapait dans chaque vague nous apportait déjà suffisamment d’angoisse comme ça ! Compte tenu des nombreux grains et du vent instable, nous avons fait énormément de changement de voiles, c’était très énergivore. Au final, même si nous sommes un peu déçus du résultat et aurions pu mettre le curseur un peu plus haut, nous sommes contents de notre navigation et d’avoir ramené le bateau au port sans casse ni problème technique.

Comment se passe cette semaine d’attente et comment te projettes-tu sur cette seconde étape ?
Notre objectif reste le même qu’au départ du Havre, faire un podium. En attendant, on vit au jour le jour, dans un espèce d’entre-deux. On regarde la météo matin et soir, ainsi que les créneaux de départ possibles, tout en essayant de s’occuper pour ne pas trop penser à la régate. J’en profite pour m’aérer auprès de ma famille à Hyères et faire du sport après les intenses semaines de préparation qui ont précédé la course.

“Mon objectif est de gagner
la Route du Rhum 2026”

Revenons maintenant en arrière : comment s’est passée ton entrée dans la classe Ocean Fifty et ton intégration au sein de l’écurie BE Racing de Louis Burton et Servane Escoffier ?
Je suis très satisfait de l’ambiance de la classe, humaine et très dynamique, ainsi que des Ocean Fifty. De par leur simplicité, leur aspect technologique et les sensations qu’ils procurent, ce sont des bateaux extraordinaires, qui sont en plus très similaires, ce qui rend la performance accessible à tous. Le challenge de l’année pour nous était de découvrir et comprendre le support, tout en montrant que nous pouvions être compétitifs, et ce dans un planning extrêmement dense avec très peu de journées d’entraînements. Dans ce contexte, nous sommes plutôt satisfaits des résultats obtenus jusqu’ici (3e du Pro Sailing Tour, 2e du Fastnet et 4e du Trophée des Multicoques). Pour ce qui est de l’équipe, si le projet repose de façon permanente sur une petite structure avec un préparateur technique, mon co-skipper et moi-même, nous avons la chance de pouvoir compter sur les apports de l’écurie BE Racing lorsque nous avons des casses ou problèmes techniques importants.

Comment s’est fait le choix de ton co-skipper, Ronan Treussart, qui a intégré le projet fin août ?
L’écurie voulait faire le choix logique de trouver un skipper en interne, nous avons fait quelques tests. De mon côté, j’avais mes ambitions sportives qui étaient de faire cette transat en sécurité et de jouer le podium, parce que j’ai signé pour un projet performant, je souhaitais partir avec un skipper en qui j’aie confiance et possédant une forte expérience du large. J’ai donc proposé Ronan, qui répondait à tous ces critères et que je côtoie depuis une dizaine d’années, c’est le choix qui a finalement été retenu. Nous sommes très complémentaires. Il a le sens marin nécessaire pour calmer mon sens sportif et saura plus facilement lever le pied tout en restant compétitif. Et puis il a un côté Mc Gyver, c’est un fin préparateur technique, qui est aussi très pédagogue et a une bonne connaissance de la macro-météo. C’est très rassurant de pouvoir partir avec quelqu’un comme lui sur une transat.

Il n’y a que six bateaux en lice sur cette Transat Jacques Vabre, sur dix en tout, le maximum autorisé par la classe, quel regard portes-tu sur ce numerus clausus ?
Même si le nombre de concurrents peut paraître décevant cette année, c’est plus en raison d’un concours de circonstances et je pense que nous serons plus nombreux lors des prochaines régates. Ce numerus clausus reste une bonne chose, parce qu’il va dans le sens de la démarche RSE engagée par la classe il y a déjà huit ou neuf ans. Il permet également d’anticiper certaines contraintes imposées par des courses, comme la Route du Rhum, qui limitent le nombre de bateaux.

Après cette transat, quelle sera la suite de ton programme avec Viabilis Océans ?
Si la classe finalise actuellement le planning 2024, on sait qu’il y aura le Pro Sailing Tour, les Fêtes Maritimes de Brest, la route des Terres-Neuvas qui rallie Saint-Pierre-et-Miquelon à Saint-Brieuc ou encore la Middle Sea Race. Mais mon objectif ultime est de me former à la course en solitaire afin de gagner la Route du Rhum 2026. C’est le point de mire que je me suis fixé. J’ai toujours fonctionné dans le moyen terme car j’ai besoin de temps d’adaptation, de créer une cohésion autour d’une équipe et une relation forte avec mon partenaire.

Photo : Vincent Olivaud / Viabilis

Tip & Shaft est le média
expert de la voile de compétition

Course au large

Tip & Shaft décrypte la voile de compétition chaque vendredi, par email :

  • Des articles de fond et des enquêtes exclusives
  • Des interviews en profondeur
  • La rubrique Mercato : l’actu business de la semaine
  • Les résultats complets des courses
  • Des liens vers les meilleurs articles de la presse française et étrangère
* champs obligatoires


🇬🇧 Want to join the international version? Click here 🇬🇧