Bestaven

Yannick Bestaven : “La Jacques Vabre, un format qui nous correspond bien”

Yannick Bestaven et Julien Pulvé (Maître Coq V) font partie des 40 duos qui prennent dimanche le départ de la Transat Jacques Vabre Normandie-Le Havre. Le lauréat du Vendée Globe 2020 et double vainqueur de la Transat Jacques Vabre en Class40 (2011 et 2015) a pris le temps jeudi de répondre aux questions de Tip & Shaft

Comment abordes-tu cette Transat Jacques Vabre ?
On aborde cette course dans les meilleures conditions : on s’est bien entraînés, on commence à bien maîtriser le bateau et on a une forte envie d’aller faire des courses un peu plus longues que celles que l’on a courues ces derniers temps. C’est un format qui nous correspond bien et dont nous avons l’expérience puisque nous comptabilisons neuf Transats Jacques Vabre à tous les deux. Nos objectifs ? Faire un bon résultat, et la victoire, toujours !

Tu t’es sérieusement blessé (clavicule et côtes cassées) lors d’une chute à vélo au printemps dernier pendant que vous étiez en entraînement à Cascais, as-tu bien récupéré ? 
Ma blessure m’a effectivement un peu handicapé. J’ai été arrêté environ trois mois et n’ai pas pu courir la Guyader Bermudes 100 Race [il a été remplacé par son directeur technique et sportif Jean-Marie Dauris, qui a terminé 4e avec Julien Pulvé, NDLR]. J’avais pour objectif d’être prêt pour courir le Fastnet en juillet, ce que j’ai réussi à faire (8e place). Aujourd’hui, les douleurs ont disparu, je me suis bien remis sur pied. Heureusement, nous avions eu le temps de naviguer quelques semaines avant ma chute, encadrés par des experts, comme Pascal Bidégorry. Ça a été parfait pour comprendre comment le bateau fonctionnait avec ses grands foils et pour optimiser les réglages, ça nous a aidés à apprendre à le faire marcher rapidement.

Quel bilan tires-tu du Fastnet et du Défi Azimut (15e) ?
Nous étions tout le temps dans les bons groupes et dans les bons coups, mais les résultats n’ont pas été très parlants. Sur le Fastnet, ça a été serré, on termine 8e, moins de deux heures après le premier. Et sur le Défi Azimut, nous avons fait une erreur de parcours qui nous a bien pénalisés. Mais sans cette faute, nous étions plutôt dans le coup, puisque nous étions 4e en début de course. C’est ce que je retiens.

 

“Nous avons doublé le nombre des cloisons”

 

Es-tu satisfait de ton plan Verdier, sistership de 11th Hour Racing Team (aujourd’hui Groupe Dubreuil), mis à l’eau en août 2022 ? 
Oui, pleinement ! Même s’il a été dessiné avant le Vendée Globe 2020 et ne fait donc pas partie des derniers-nés, je suis très content de ses performances et de sa fiabilité. Je pense qu’il y a moyen de faire de très beaux résultats avec. C’est un bateau facile d’utilisation qui est bon pour faire de bonnes vitesses moyennes pendant trois mois, car l’objectif reste avant tout le Vendée Globe. Je trouve qu’il est plutôt bien né, nous n’avons pas eu de soucis de structures depuis sa mise à l’eau, donc c’est super. Nous avons quand même préféré anticiper et avons renforcé l’avant du bateau en doublant le nombre de cloisons, comme l’avait déjà fait l’équipe 11th Hour Racing Team.

Tu as fait appel cette année à Julien Pulvé pour t’épauler sur la Jacques Vabre, pourquoi ?
Jusqu’ici, je choisissais plutôt des skippers d’expérience, comme Roland Jourdain ou Kito De Pavant, mais là, j’avais envie de naviguer avec un coureur plus jeune que moi, parce que j’aime bien l’idée de transmettre. Je connais Julien depuis longtemps, nous avions couru en double la Normandy Channel Race 2012 en Class40, nous en gardons un bon souvenir puisqu’on avait terminé 3e. Il m’apporte beaucoup sur sa vision des choses, c’est quelqu’un qui est toujours positif, et ça, c’est important.

En tant que tenant du titre, quelles sont tes ambitions pour le prochain Vendée Globe ? 
Essayer de prendre autant de plaisir que sur la dernière édition, avec du matériel et un bateau prêts et une équipe soudée autour de moi. Nous allons mettre en place le même programme qu’il y a quatre ans pour essayer de faire aussi bien ! Nous allons également refaire un petit chantier cet hiver, il y a deux-trois choses que nous souhaiterions améliorer, mais on garde ça pour nous !

 

“J’ai voté contre les plans
porteurs sur les safrans”

 

Lors de son assemblée générale le 20 octobre, la classe Imoca a voté contre l’installation de plans porteurs sur les safrans. Quelle est ta position sur le sujet ? 
Nous avons évidemment tous envie d’avoir des bateaux encore plus funs et de mieux voler, mais en tant que co-armateur du bateau, j’ai préféré voter contre. Selon moi, l’installation de plans porteurs va générer des répercussions sur l’ensemble du bateau et donc des dépenses supplémentaires. Si l’on va plus vite, je pense que les impacts, déjà très violents à bord, seront amplifiés et nécessiteront d’effectuer pas mal de modifications. Qu’adviendra-t-il alors des mâts ? Du renforcement des coques ou des tableaux arrière ? Cela entraînera également un changement des foils si l’on veut rester performant. Et aujourd’hui, une paire coûte très cher, autour de 650 000 euros. Un projet compétitif à partir d’un bateau existant nécessiterait à mon avis entre 1 million et 1,5 million d’euros de travaux. Autre impact : beaucoup de matériel à changer, donc à jeter à la poubelle. Et à l’heure où l’on essaie d’être plus raisonnable pour préserver la planète [la classe a aussi voté l’introduction de nouvelles restrictions sur la construction des bateaux afin de réduire les émissions de CO2, NDLR], j’estime que l’on ne peut pas avoir un double discours.

La classe a également acté le renforcement des mâts, conçus avant l’arrivée des bateaux à foils. Il te semble urgent de les faire évoluer ?
Avant, les Imoca ne démâtaient quasiment pas. Mais depuis le dernier Vendée Globe, ça s’est un peu amplifié. Je trouve toutefois que les concepteurs ont effectué un bon travail car ces mâts ont été prévus pour des bateaux à dérives avec beaucoup moins de RM (moment de redressement) et de puissance que des bateaux à foils. Pour que les mâts tiennent aujourd’hui, ça veut donc dire qu’ils ont été surdimensionnés. Mais c’est sûr que l’on commence vraiment à approcher des limites et pour fiabiliser nos bateaux, il va falloir les renforcer.

Photo : Christophe Breschi

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