Vendée Globe : la deuxième semaine analysée par… Vincent Lauriot-Prévost

Chaque semaine pendant le Vendée Globe Tip & Shaft donne la parole à un expert – skipper, spécialiste météo, membre d’un team, architecte, journaliste… – pour décrypter la course autour du monde. Cette semaine, c’est au tour de Vincent Lauriot-Prévost, dont le cabinet VPLP a dessiné, avec Guillaume Verdier, les huit bateaux actuellement en tête, de livrer son analyse.

  • La performance d’Alex Thomson. “S’il y en a un qui a pris des risques, c’est Alex Thomson, là où les autres sont restés assez groupés, avec des tactiques de figaristes. Alex est quelqu’un qui tente beaucoup, que ce soit dans sa façon de naviguer ou au niveau de la conception de son bateau. Ça ne lui a pas toujours réussi, mais sur ce début de Vendée Globe, il a tenté un premier coup pas très probant, puis un second au Cap Vert qui l’a bien remis dans le match. Dans le Pot-au-noir, il a pris une nouvelle option osée et payante à deux niveaux : parce qu’il a eu un couloir de vent – là, il a peut-être eu un peu de chance -, mais surtout il est ressorti au vent de la flotte avec une rentrée des alizés de sud-est qui lui a permis de naviguer plus ouvert et donc d’aller plus vite. Son avance devrait s’accroître encore parce qu’il touche du vent un peu avant les autres et il est sur des allures qui permettent à la puissance de ses foils de s’exprimer.”
  • La bataille foilers/non foilers. “Avant le départ, certains disaient qu’à l’équateur, il y aurait environ une journée d’écart entre les foilers et les non-foilers, cela n’a pas été le cas jusqu’au Pot-au-noir parce que la descente dans les alizés s’est plutôt faite dans du VMG portant, allure à laquelle les foilers ne sont pas forcément plus performants. Depuis la sortie du Pot-au-noir, on s’aperçoit que les deux non-foilers (PRB et SMA) ont en général entre 40 et 50 milles de déficit par jour. Pour limiter la casse, ces derniers doivent vraiment s’arracher et faire une route parfaite en économisant le nombre de milles à parcourir, parce que, à course égale, ils sont en danger. Mais cela ne veut pas dire qu’ils ne seront pas capables de se refaire la cerise plus tard. D’autant que la zone d’exclusion des glaces change la donnedans le Sud : la route la plus courte sera a priori de la longer, ce qui signifie plus de portant, donc c’est très possible que ça se lisse un peu les différences architecturales.”
  • Deux semaines, un seul abandon (encore non-officiel, celui de Tanguy de Lamotte). “Les conditions ont été très favorables avec une mer pas trop désorganisée qui n’a pas trop sollicité les bateaux en efforts. Je ne m’explique pas l’avarie de Tanguy. C’est extrêmement rare qu’un mât casse à 50-60 centimètres en-dessous de sa tête. Ce mât avait fait ses preuves, il faudrait savoir s’il y a eu des transformations faites cette année au niveau des configurations de voiles qui pourraient avoir provoqué des efforts inhabituels. Pour le reste, je suis persuadé que tous les skippers ont pas mal de boulot tous les jours, même s’ils ne le disent pas forcément. En général, cela se voit au classement : Morgan (Lagravière) a dû monter plusieurs fois dans le mât, Jean-Pierre (Dick), après une mauvaise option au départ, a eu des doutes sur un bloqueur d’amure de voile de portant et s’est fait un peu lâcher, Jérémie (Beyou) a perdu deux-trois nœuds de vitesse par rapport à la concurrence à cause de ses problèmes de pilotes (qui semblent résolus).

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