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David Graham : “Oman Sail est très intéressé par la Volvo Ocean Race”

Organisateur de Sailing Arabia The Tour, dont la huitième édition se dispute actuellement, Oman Sail, fondé il y a neuf ans avec l’ambition de développer le tourisme à Oman et de former des navigants locaux pour renouer avec la tradition maritime du pays, emploie aujourd’hui 230 personnes. La structure, qui se diversifie dans d’autres disciplines que la voile (running, cyclisme, trail), est dirigée depuis ses débuts par le Britannique David Graham. Rencontré à Salalah, lors du coup d’envoi du Tour d’Arabie, ce dernier évoque pour Tip & Shaft projets en cours et à venir…

Oman Sail a été créé en 2009 avec notamment pour objectif de promouvoir le tourisme à Oman auprès d’une clientèle européenne, quels sont aujourd’hui les résultats de cette politique ?
Oman Sail a été créé avec un triple objectif : le premier est le tourisme, le deuxième le sport, le troisième, les affaires. Si on regarde le tourisme, le nombre de touristes parle pour lui-même : l’année dernière a été la plus réussie pour le tourisme à Oman, on évalue à 11 millions les gens qui sont passés par l’aéroport et à un peu plus de 3 millions le nombre de touristes venus à Oman. Ce n’est bien évidemment pas que grâce à Oman Sail, mais nous avons contribué à ce succès, non seulement parce que nous faisons la promotion du tourisme d’un point de vue médiatique, mais aussi grâce aux événements que nous organisons qui font venir du monde, comme les America’s Cup World Series, les Extreme Sailing Series, les différents championnats du monde, les qualifications pour les JO…

Vous aviez aussi pour ambition de développer la pratique de la voile, combien de gens pratiquent aujourd’hui ?
La voile a une longue histoire ici à Oman, mais ce n’était pas une voile loisir. Cette pratique a énormément progressé, principalement parce que nous avons créé quatre écoles de voile, deux à Mascate, une à Mussanah, une à Sur. Nous avons appris la voile à environ 20 000 enfants, certains ont ensuite fait de la régate, ceci est vraiment à mettre à notre crédit. Maintenant, je pense qu’il faudra encore une bonne décennie pour que ce sport décolle vraiment, mais il y a déjà eu une énorme progression en dix ans et nous avons formé une centaine de moniteurs omanais qualifiés à travers le pays alors qu’il n’y en avait aucun quand nous avons créé Oman Sail.

Vous disiez il y a quelques années espérer qualifier des Omanais pour les Jeux Olympiques de Tokyo en 2020, qu’en est-il aujourd’hui ?
Nous l’espérons encore, mais l’année dernière, le CIO a demandé aux fédérations qu’il y ait plus de femmes aux JO, World Sailing a répondu en réduisant le nombre d’hommes. Or ici, nous n’avons pas encore de femmes prêtes pour les Jeux, cette réduction de la part des hommes rend plus difficile pour nous les qualifications. Nous faisons tout ce que nous pouvons pour y arriver en 2020, en particulier en 49er, mais l’autre problème, c’est que nous n’avons qu’un duo dont l’un des deux équipiers s’est blessé à la cheville l’année dernière, ce qui nous a contraints à modifier l’équipage.

Vous organisez un certain nombre d’événements, dont Sailing Arabia The Tour, quelle est l’importance de cette course pour vous ?
C’est une course qui répond à nos trois objectifs : d’un point de vue touristique, elle passe par des endroits magnifiques qui font la promotion du pays en tant que destination de vacances ; d’un point de vue sportif, vous pouvez voir par vous-même combien de marins omanais naviguent [une petite dizaine sur l’épreuve, répartis sur quatre bateaux, NDLR] et d’un point de vue commercial, notre objectif est que cette course nous fasse gagner de l’argent. J’espère que les Français qui y participent cette année diront en rentrant qu’il y a de très belles choses à faire en février au Moyen-Orient et feront venir des sponsors, j’aimerais avoir au moins quinze bateaux l’année prochaine.

Oman Sail comprend une division consacrée à la course au large avec notamment un Class40 qui devait participer à la dernière Transat Jacques-Vabre, pouvez-vous nous parler du cas de Fahad Al Hasni, qui sera prochainement jugé dans une affaire d’agression sexuelle ?
Non, vous avez lu assez de choses à ce propos. Bien évidemment, cela a été un choc, mais je pense que le sujet a été bien couvert en France.

Le skipper attitré de vos projets de course au large était jusqu’ici Sidney Gavignet, est-il toujours à vos côtés ?
Sidney a fait sept grosses années avec Oman Sail, il a décidé aujourd’hui de faire autre chose. Nous avons passé plein de bons moments ensemble, il a été un grand ambassadeur de nos marins omanais, il les a vraiment poussés à être disciplinés, à se préparer mentalement et physiquement. C’était un beau chapitre, il était d’ailleurs encore là il y a deux semaines à coacher nos Optimists. Je pense que nous allons continuer à travailler avec lui en tant qu’ambassadeur, mais ce n’est plus notre skipper résident.

Qui le remplacera ?
Le rôle que tenait Sidney va évoluer, nous n’allons sans doute pas nous appuyer sur un marin unique, nous avons beaucoup de coureurs au large qui ont travaillé avec Oman Sail ces dernières années, nous allons sans doute puiser dans ce vivier. Nous avons notamment ici Thierry [Douillard, skipper d’un des deux Diam 24 aux couleurs d’Oman engagés cette année sur le Tour de France, NDLR], nous avons aussi travaillé avec Alex Pella, cela dépendra des courses auxquelles nous participerons.

Et quel est justement le programme en ce qui concerne le large ?
Nous venons de terminer de réparer notre MOD70 que nous allons mettre en vente. Notre priorité va au Class40 et notre grand objectif cette année sera la Round Britain and Ireland Race.

Vous avez plusieurs fois évoqué votre intérêt pour la Volvo Ocean Race, est-ce toujours d’actualité ?
Oui, nous sommes toujours très intéressés par la Volvo Ocean Race. Aujourd’hui, nos fondations sont solides, je pense nous sommes prêts à nous consacrer à un grand projet comme ça. Après la transition de l’année dernière, nous regardons très attentivement ce qui se passe et nous discutons bien évidemment avec les nombreux marins qui disputent la course cette année et qui ont travaillé avec nous, comme Dee Caffari, Rob Greenhalgh, Kyle Langford.

L’exemple à suivre pour vous, c’est Dongfeng Race Team ?
Exactement ! Dongfeng a fait un travail fantastique en quelques années, c’est un très bel exemple pour nous : c’est un projet chinois avec un sponsor chinois, ils ont formé des marins chinois et ils sont très compétitifs.

Quid de l’America’s Cup ?
(Il soupire). Beaucoup de gens nous posent cette question. Ce que je peux vous dire, c’est que j’ai été très impressionné par la campagne de Team New Zealand, ils ont fait un travail formidable. La Coupe est maintenant entre leurs mains, je suis sûr qu’ils vont en faire un événement réussi, mais le gap pour y participer est très important, Oman n’est pas prêt aujourd’hui pour ça.

Pour finir sur votre cas personnel : votre nom a parfois été cité comme un possible futur CEO de la Volvo Ocean Race, est-ce un poste qui pourrait vous intéresser ?
Cela fait maintenant neuf ans que je suis là et je suis content de ce que je fais, ce job me plaît pour ses très nombreuses facettes et je ne cherche pas à changer de carrière. Nous sommes partis d’une feuille blanche et nous avons développé beaucoup de choses, je ne pense pas qu’il y ait beaucoup d’opportunités dans une vie de faire ça et il reste beaucoup à faire ici.

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