Le L30 belge vise un podium européen avec Jonas Gerckens et Sophie Faguet

Jonas Gerckens : “Une petite étoile a décidé de me laisser passer”

Les deuxièmes championnats d’Europe de course au large double mixte, nouvelle discipline olympique aux Jeux de Paris 2024, se tiennent du 30 août au 5 septembre. 9 duos sont en lice en L30, dont celui mené par le Belge Jonas Gerckens, accompagné de la Normande Sophie Faguet. L’occasion de faire plus ample connaissance avec le Liégeois (40 ans) qui se fait par ailleurs construire en fin d’année un nouveau Class40 (voir notre article).

Peux-tu nous raconter ton parcours ?
Je suis né à Liège, pas du tout au bord de la mer, mais avec mes parents, nous avons vécu sur un bateau plus de quatre ans quand j’étais enfant, avant d’atterrir à Saint-Malo, où j’ai baigné dans l’ambiance bretonne, de la Route du Rhum et les cours de voile. Après, on est rentrés en Belgique et pendant dix ans, j’ai complètement arrêté la voile, je me suis concentré sur le judo en faisant un sports-études… sauf que je n’étais pas spécialement doué pour le haut niveau. Du coup à 20 ans, je suis retourné en Bretagne pour faire une formation de moniteur aux Glénans pendant deux ans, dans l’idée de revenir à la compétition via la Mini-Transat.

Ce que tu as fait…
Oui, je suis d’abord passé par le Tour de France à la voile, puis j’ai fait ma première Mini en 2007 (abandon). Je suis resté dans la classe jusqu’en 2016, même si tous les ans, c’était une bataille sans nom car je n’avais pas de partenaires. J’ai commencé à avoir des résultats en 2013 quand j’ai fini ma première Mini (22e en série), ça a attiré l’œil d’un sponsor belge qui m’a donné  les moyens de faire une saison complète sur un Nacira avec lequel j’ai gagné Les Sables-Les Açores-Les Sables en 2014. Cette victoire a été un déclic, elle a fait beaucoup de bruit dans la presse en Belgique. Et comme à ce moment, Volvo avait pour objectif de sponsoriser des skippers belges, je me suis retrouvé dans une « short list ». Sans suite dans un premier temps, et finalement en 2016, alors que j’étais sur le point de raccrocher, la Fédération m’a appelé pour me dire que Volvo voulait me rencontrer et nous avons lancé le partenariat. Après une saison en Mini puis une autre en Flying Phantom, j’ai couru la Route du Rhum 2018 en Class40 (14e). Le retour média a fini par convaincre Volvo que j’étais peut-être le bon cheval, puisque début 2020, nous avons signé un contrat de cinq ans avec un programme comprenant à la fois le circuit de Class40 sur un nouveau bateau et l’objectif olympique de course au large en 2024 à Paris. Tout ça a mis du temps, il y a eu beaucoup de montagnes russes et de fins de mois difficiles, mais finalement, une petite étoile a décidé de me laisser passer !

Pourquoi as-tu choisi David Raison pour ton futur Class40 (construit chez JPS, mise à l’eau au printemps 2021) ?
Mes objectifs principaux sont la Route du Rhum 2022 et la Globe40 en 2025, il me fallait donc un bateau performant en solo, avec un aspect ergonomique très important. Je pense que le plan Raison est mieux adapté au solo, mais aussi plus polyvalent que le Manuard qui a aussi un bon potentiel, mais dans des conditions bien spécifiques. Dans l’optique de la Globe 40, il fallait que le bateau soit à l’aise dans moins de 10 nœuds au près et au portant VMG, pas seulement au reaching.

Qu’est-ce qui te plaît dans la Class40 ?
J’ai eu longtemps des rêves de Vendée Globe, mais à l’échelle de la Belgique, je n’arrive pas à débloquer de tels budgets. Or ce qui me plaît dans la voile, c’est de jouer aux avant-postes. La Class40 est le meilleur compromis, compte tenu de ce que mes partenaires pouvaient mettre sur la table, avec en plus un sacré niveau qui va encore augmenter. Et le fait que la classe ait mis des tours du monde à son programme m’a définitivement convaincu.

Parlons maintenant du projet olympique, pourquoi te lancer dedans ?
Il n’y a pas d’historique de voile dans ma famille, mais mon père était en équipe nationale d’athlétisme et il avait raté les Jeux Olympiques de Montréal, en 1976, de peu. Du coup, quand j’ai vu qu’il y avait la possibilité que la course au large arrive aux JO, ça a fait tilt tout de suite.

Et pourquoi faire équipe avec Sophie Faguet ?
Pour disputer l’Euro de L30 l’an dernier, j’avais organisé une sélection en Bretagne sur le modèle de ce que font CMB et Macif en Figaro, on avait reçu 7-8 dossiers, ce qui était une bonne surprise, mais aucune n’avait le niveau ni l’expérience pour cette première échéance. Comme il était autorisé d’avoir une équipière pas forcément de la nationalité du skipper, j’ai fait appel à Sophie sur les conseils de Damien Cloarec. Elle m’aide à poser les bases d’un projet performant et m’a permis de combler mes lacunes sur des régates au contact sur de petits parcours. A côté, on forme des skippeuses belges qui pourraient percer d’ici les Jeux. Je me suis également entouré d’un coach français en la personne de Benoît Charon.

Comment avez-vous préparé ce Championnat d’Europe de Gênes ?
On a fait trois stages d’entraînement à Marseille, où on cherche à se baser jusqu’en 2024. La première confrontation a eu lieu la semaine dernière sur l’Euro équipage à Marseille [l’équipage belge a pris la troisième place derrière la France et l’Espagne, NDLR], même si ce n’était pas très représentatif. Mais c’était très intéressant de se confronter à la France, au top mondial dans la discipline, et à l’Espagne avec Iker Martinez. Le vrai verdict de notre travail sera cependant sur cet Euro double mixte.

Entre Class40 et JO, quels sont tes objectifs ?
Mon premier objectif  quand je suis arrivé en course au large était de faire le meilleur résultat d’un skipper belge sur les grandes courses. Avec mon nouveau Class40, on va me demander plus qu’un top 15 ou le meilleur score belge, donc je vais essayer d’accrocher des podiums. Sur l’aspect olympique, mon premier objectif est de qualifier le pays en 2023 pour les JO. Et ensuite, de viser une finale olympique, donc un top 8. Une fois dans le top 8, le podium n’est jamais loin…

Photo : Arnaud Salmon

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